Collaboration Cultive le partage
Le mouvement Cultive le partage, qui rassemble les initiatives de glanage solidaire en Mauricie, fait le bilan d’une année record avec près de 23 tonnes de fruits et légumes sauvés du gaspillage grâce à plus de 1000 personnes qui ont participé à 116 activités de récolte, auxquelles s’ajoutent 86 dons d’aliments frais. De ce nombre, une partie a été remise aux donateurs et donatrices, tandis que 13,5 tonnes ont été redistribuées gratuitement dans la communauté.
Au-delà des chiffres, les retombées intangibles de Cultive le partage s’observent dans le champ, lorsqu’on dérobe une conversation entre deux brouettes remplies de courges. « J’aime cueillir mes propres fruits et légumes, mais pouvoir en faire bénéficier d’autres personnes rend ma récolte plus valorisante, riche de sens. », explique une citoyenne. Une autre renchérit : « Ça nous permet d’avoir des aliments gratuits alors qu’ils sont de plus en plus chers, et de partager avec des gens défavorisés de notre collectivité. Ce sont de belles valeurs à transmettre à nos enfants. »
Beaucoup évoquent le plaisir de mettre les mains dans la terre et d’autres s’enthousiasment de découvrir des produits locaux inusités, comme des canneberges, des camerises ou des topinambours. D’ailleurs, c’est ce qui ravit le plus les organismes qui reçoivent leur part des récoltes, puisque les aliments frais, santé et locaux ne sont pas monnaie courante dans les banques alimentaires.
La Mauricie : une référence pour le glanage au Québec
Né en 2018 avec Maski Récolte, le glanage solidaire en Mauricie compte maintenant Des Chenaux Récolte, Trois-Rivières Récolte, Shawinigan Récolte et Mékinac Récolte. La Haute-Mauricie souhaite aussi rejoindre l’aventure en 2023. Et ça ne s’arrête pas là : le mouvement fait des petits ailleurs au Québec.
« Nous nous faisons régulièrement contacter par des personnes qui souhaitent démarrer des initiatives similaires dans d’autres régions, raconte Magaly Macia, chargée de projet pour Des Chenaux Récolte. Ç’a été le cas avec Artha Récolte, dans le Centre-du-Québec. Nous n’avons pas inventé le modèle, loin de là, mais on a développé une structure et des outils pour l’amener plus loin. Nous sommes d’ailleurs particulièrement actives au sein d’une communauté de pratique qui facilite les échanges entre les initiatives de glanage partout au Québec. Cultive le partage, ça porte bien son nom! »
Coup de pouce au champ
Au départ, les responsables devaient prendre le téléphone pour convaincre les producteurs, productrices et propriétaires d’arbres fruitiers de partager leurs fonds de champ et surplus. C’est une tout autre dynamique qui s’est installée au fil du temps.
« Maintenant, on vient directement à moi. Avec la pénurie de main-d’œuvre, les propriétaires d’entreprises agricoles sont heureux et heureuses d’avoir accès à des bénévoles pour compléter une cueillette. Et quand une partie de leur production serait gaspillée par manque de temps ou parce qu’elle a été amochée par la météo, mon téléphone sonne pour obtenir un coup de main. C’est devenu un réflexe, signe qu’on fait bien notre travail! », explique Éloïse Chamberland, chargée de projet pour Maski Récolte.
Dans Mékinac, une productrice est même allée plus loin : « Après deux récoltes avec nous, il restait encore des camerises dans le champ. De sa propre initiative, la propriétaire a décidé d’organiser une activité d’autocueillette antigaspillage. Pour chaque panier vendu, elle en remettait un à un organisme communautaire. », raconte Pascale Dion, chargée de projet pour Mékinac Récolte.
Bouquet de fleurs pour l’âme
Quand Éloïse Chamberland repense à la saison de glanage qu’elle vient de terminer, elle se rappelle qu’elle a commencé sur une note étonnante. « Par un heureux hasard, j’ai rencontré un cultivateur de tulipes qui m’a proposé d’inviter des bénévoles à cueillir les fleurs restantes en fin de floraison. Les bouquets ont trouvé le chemin de personnes vivant seules à Yamachiche. C’est le maire lui-même qui a cogné aux portes pour les offrir en surprise. Des fleurs, ça ne nourrit pas l’estomac, mais ça nourrit l’âme!».