Deux sites au cœur de l’habitat de la tortue des bois et totalisant 115 hectares viennent d’obtenir un statut de protection de la part de l’organisme Conservation de la Nature Canada. Situés dans la zone périphérique du Parc national de la Mauricie, ces deux nouveaux territoires s’ajoutent aux 300 hectares protégés par l’organisme à proximité de la rivière Shawinigan.
La préservation de ces habitats vise à protéger les populations locales de tortues des bois, une espèce qui est désignée vulnérable au Québec et menacée au Canada. Les deux habitats protégés comprenant des milieux humides, ainsi que les rives de cours d’eau bordés de forêts. Ils abritent également un site de nidification.
L’un des sites a été acquis par l’organisme pour des fins de conservation et l’autre fait l’objet d’une entente légale de conservation à perpétuité avec les propriétaires actuels et futurs du terrain.
Une espèce importante pour la santé des écosystèmes
Selon Gabrielle Cauchon Déry, biologiste et chargée de projet chez Conservation de la nature Canada, les tortues sont vitales pour nos écosystèmes. En effet, ces reptiles se nourrissent de plantes, d’insectes et d’animaux morts, ce qui contribue à garder les milieux humides en santé.
Plusieurs menaces pèsent sur les populations de tortues des bois. Le déclin s’explique à la fois par la réduction de la superficie et de la qualité de son habitat et la mortalité routière.
L’espérance de vie d’une tortue est de plus de 50 ans. Cependant, puisque très peu de tortues atteignent l’âge adulte — cela peut prendre vingt ans avant qu’elle puisse se reproduire — même une légère augmentation de leur taux de mortalité due à l’activité humaine pourrait entraîner le déclin de leur population.
Le début d’un corridor écologique
Selon l’organisme, les deux sites nouvellement acquis font partie d’un corridor écologique qui permet de les relier aux habitats environnants de la tortue des bois, y compris le Parc national de la Mauricie et d’autres terrains protégés par l’organisme. Cette connectivité écologique permet à la tortue des bois de se déplacer pour se nourrir, s’accoupler et pondre ses œufs.
Les changements climatiques rendent les corridors écologiques plus importants que jamais puisqu’ils entraînent la migration des animaux vers le nord à un rythme de plusieurs kilomètres par année.
Gabrielle Cauchon Déry précise que Conservation de la Nature Canada travaille activement, en collaboration avec des acteurs locaux comme Environnement Mauricie et le Parc national, sur un projet de connectivité écologique en Mauricie qui se déploiera dans les prochaines années.
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Signalez vos observations de tortues
L’emplacement des deux sites nouvellement protégés n’est pas rendu public afin de limiter leur fréquentation. L’étude et la surveillance des activités de la tortue des bois seront effectuées par des spécialistes du Parc national de la Mauricie.
Les citoyens peuvent faire leur part en signalant leurs observations de tortues, mortes ou vivantes sur la plateforme Web carapace.ca. «Cette démarche est importante pour que les biologistes puissent identifier les endroits où il y a des problématiques de cohabitation entre la route et les tortues et mettre en place des mesures pour réduire le nombre de collisions », explique Gabrielle Cauchon Déry.
Depuis 2017, 208 observations de tortues, toutes espèces confondues, ont été signalées dans la région.