Le patrimoine culturel vivant ou, plus largement, immatériel, est fragile, car il repose essentiellement sur la transmission orale, les pratiques sociales et les savoir-faire, qui peuvent disparaître si les générations futures ne s’en approprient pas les fondements. Photo : Dominic Bérubé

En 1973, l’organisme de bienfaisance Fiducie nationale du Canada instaure la Journée nationale du patrimoine canadien. Quelque 50 ans plus tard, cette célébration se perpétue, et elle s’étend même désormais jusqu’à la Semaine du patrimoine canadien. Cette année, la journée officielle est le 19 février et les célébrations se terminent le 25 février. Le Conseil du patrimoine culturel du Québec définit le patrimoine comme « tout objet ou ensemble, matériel ou immatériel, reconnu et approprié collectivement dont la connaissance, la sauvegarde, la transmission ou la mise en valeur présente un intérêt public ». La Gazette s’est entretenue avec Jean-François Veilleux, historien, doctorant en études québécoises et auteur, ainsi qu’avec Karine Awashish, doctorante en sociologie et cofondatrice de la Coop Nitaskinan, afin d’en apprendre davantage sur le patrimoine immatériel canadien et autochtone.

L’intangible d’une culture

En Mauricie, plusieurs monuments et édifices témoignent de l’histoire collective, constituant ainsi de véritables exercices de mémoire qui commémorent des événements marquants et des figures historiques. Parmi une multitude d’exemples, on peut penser à la plaque commémorative relative à huit filles du Roy venues s’installer en Nouvelle-France et qui a été inaugurée le 30 octobre dernier dans la rue des Ursulines à Trois-Rivières. Toutefois, le patrimoine matériel ne constitue qu’une partie de l’ensemble du patrimoine canadien. En effet, le patrimoine immatériel occupe une place tout aussi importante, car il relie les générations à travers des pratiques vivantes et évolutives. Et ce n’est qu’en 2003 que l’UNESCO a officiellement reconnu l’importance du patrimoine immatériel en adoptant la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Bien qu’il n’existe pas de définition consensuelle du terme « patrimoine », la majorité des entités gouvernementales ou internationales et des associations qui luttent pour la préservation du patrimoine s’entendent pour dire que l’immatériel concerne l’aspect intangible de la culture. Pour Jean-Francois Veilleux, cela englobe les traditions orales, les langues, les pratiques sociales, les rituels, les célébrations, les festivals, les savoir-faire artisanaux et les arts vivants (musique, danse, théâtre, humour, etc.). L’UNESCO étend cette définition jusqu’aux connaissances liées à la nature et à l’univers.

 « Pour le patrimoine immatériel autochtone, je mettrais l’accent sur beaucoup d’aspects de l’oralité autochtone. C’est-à-dire tout le bagage des récits, des légendes, de l’histoire autochtone. Et bien sûr, sans vouloir être stéréotypée, tout ce qui concerne la spiritualité autochtone », explique pour sa part Karine Awashish. Ainsi, le patrimoine immatériel occupe une place plus prépondérante dans la culture autochtone que dans la culture occidentale – qui détenait déjà un vaste savoir du bâti –, parce que l’aspect matériel autochtone est lié à beaucoup moins d’artéfacts et d’objets qui ont perduré.

L’identité culturelle

Pour Jean-Francois Veilleux et Karine Awashish, il ne fait aucun doute que le patrimoine immatériel contribue à nourrir l’identité culturelle. Il crée un sentiment d’appartenance et renforce les liens sociaux, devenant ainsi un pilier essentiel de l’identité collective. D’ailleurs, la Convention de 2003 de l’UNESCO met l’accent sur la transmission et la perpétuation des traditions, qui deviennent ainsi du patrimoine vivant. « Pour moi, l’enrichissement de l’identité culturelle passe beaucoup par l’expression orale, les savoirs, l’histoire et, dans une certaine mesure, le monde invisible et la spiritualité. Dans la culture autochtone, le lien avec la nature et les relations humaines, c’est ce qui émerge comme valeurs, principes et philosophie », précise Karine Awashish.

À titre d’illustration, elle nous parle du pimatisiwin. « Il y a un concept inné très présent chez les Atikamekws, ainsi que chez les Premières Nations au Québec et dans le monde : on l’appelle pimatiswin. Ça signifie vivre en harmonie et en coopération avec la nature, vivre avec elle. Donc la nature nous apporte quelque chose, mais on doit s’occuper et prendre soin d’elle aussi. Il y a toujours eu cette interdépendance avec la nature, mais aussi avec tout être vivant. Même si nous avons nos adaptations à la modernité, cette conception-là demeure encore présente. » Pour en apprendre davantage sur la culture autochtone, sans nécessairement en aborder les grandes problématiques, on peut écouter le balado Les rencontre du Nitaskinan, justement animé par Karine Awashish.

Vivant, mais fragile

Pour sa part, Jean-François Veilleux rappelle que le patrimoine culturel vivant ou, plus largement, immatériel, est fragile, car il repose essentiellement sur la transmission orale, les pratiques sociales et les savoir-faire, qui peuvent disparaître si les générations futures ne s’en approprient pas les fondements. Cette fragilité est accentuée par des facteurs tels que la mondialisation, l’uniformisation culturelle, l’urbanisation et la perte d’intérêt des jeunes générations pour certaines traditions perçues comme dépassées.

Heureusement, des personnalités et des initiatives contribuent activement à la préservation et à la valorisation de ce patrimoine. Par exemple, dans le domaine musical, des groupes comme Les Frères Goyette ou Gallant, tu perds ton temps s’illustrent en perpétuant des pratiques culturelles issues de la tradition québécoise, tout en les adaptant à la modernité.

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