Louis-Serge Gill, mars 2019

La télésérie policière District 31 ne manque pas d’être surprenante. C’est le cas notamment dans un épisode récent où un homme en détresse prend en otage son ancien patron, corrompu, et requiert la présence d’un journaliste afin que ses malheurs soient dévoilés à la face du monde. Le journaliste, ne faisant ni une ni deux, répond à la négociatrice en chef à peu près ces mots : « Laisse faire, je sais comment gérer la situation. » Cela, bien sûr, avant de se lancer vers son « destin ».

L’attitude cavalière de ce journaliste de fiction interpelle et semble symptomatique de notre époque où tout un chacun peut, en quelque sorte, s’improviser expert en une matière. Dès lors, que l’on possède une connaissance minimale de faits et de statistiques par exemple, il s’agit de maîtriser les bons outils pour devenir un maître de l’information.

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Les réseaux sociaux : vastes forums de l’opinion et de la croyance

Les avancées en communication (radio, télévision, Internet) ont permis, certes, d’être informé de plus en plus rapidement et à toute heure du jour. Cependant, l’idéal démocratique de la parole pour tous semble s’incarner plus encore dans les réseaux sociaux. Partout, tout le temps, nous avons accès à de l’information. Les changements climatiques côtoient l’état de santé du chat de notre voisin, de sorte que tout peut être commenté… puis partagé.

Par-delà les faits et l’information, l’opinion se base tout autant sur la croyance et, c’est précisément là, qu’entre en scène le pseudo-expert, celui qui peut dire : « Laisse faire, je connais ça. » Que connaît-il ?

expert

On se souviendra du Dr. Nick Riviera dans la série culte, Les Simpson. Ce personnage semblait tout savoir sur la médecine, alors qu’il mettait en danger ses patients. Il était un pseudo-médecin et un pseudo-expert. Crédits: Matt groening

Parmi ses sujets de prédilection, il y a l’alimentation, l’immigration et la sexualité ; trois thèmes souvent galvaudés, où opinions et fausses croyances s’enchevêtrent au point où l’on en vient à penser qu’une ITSS se cache sur un siège de toilette…

En quelque sorte, les réseaux sociaux canalisent les imaginations les plus fertiles. La plus saisissante manifestation du phénomène de la « post-vérité » s’incarne chez les esprits complotistes qui, à rebours, voient dans chaque attentat ou chaque tragédie, une mise en scène. C’est le cas notamment d’Alex Jones, animateur de radio américain d’extrême-droite, qui a été traîné en justice pour avoir émis la thèse que la tuerie de l’école Sandy Hook (2012) au Connecticut était une fabrication.

Et le savoir, où niche-t-il ?

Devant un amas d’informations, comment départager le bon grain de l’ivraie ? Le Petit cours d’autodéfense intellectuelle (2006) de Normand Baillargeon s’avère incontournable. Néanmoins, au quotidien, il faut savoir se méfier de ces titres aguichants, les appâts à clics (clickbaits), ponctués de statistiques et d’images chocs. Faut-il sortir d’Internet ? Pas tout à fait. Il semblerait plutôt que, d’une part, varier ses sources d’informations soit essentiel, et que d’autre part, ne pas avoir peur de l’analyse des informations que l’on trouve généralement dans des ouvrages et des documentaires plus développés qu’un simple article glané dans le cyberespace. En somme, il en résulte une nécessaire confrontation des points de vue, puisque comme l’indique le journaliste Laurent Debesse : « Informer, produire du savoir, c’est choisir. » Ainsi, le savoir résiderait à la fois dans notre capacité d’analyser les faits et de mettre en œuvre notre pensée critique.

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