Librairie Poirier – Culture – janvier 2022
Sensor, Junji Ito |
Kyôko Byakuya semble s’être perdue, elle erre près du mont Sengoku lorsqu’elle fait la rencontre d’Aizawa, un homme étrange qui avait prédit sa venue. En arrivant dans le village de cet inconnu, un sentiment de déjà-vu l’habite ; et si cette rencontre n’était pas le fruit du hasard ? L’ambiance est surnaturelle : l’atmosphère est envahie de filaments volcaniques aux reflets d’or qui, selon les habitants de Kiyokami, confèrent aux humains des capacités extrasensorielles. Lors d’un rituel dédié au dieu Amagami, le volcan entre en éruption de façon mystérieuse et ensevelit du même coup le village en entier.
Soixante ans plus tard, la jeune Kyôko est retrouvée dans un cocon, arborant une magnifique chevelure d’or. Étant la seule survivante de l’éruption volcanique, elle sera recherchée par Wataru Tsuchiyado, un journaliste investiguant sur l’occulte tragédie.
Fidèle à son habitude, le mangaka Junji Ito nous offre une histoire horrifique des plus intrigantes, mêlant channeling, annales akashiques et créatures cosmiques. L’univers de Sensor saura plaire non seulement aux fans de Seinen, mais aussi aux lecteurs qui se passionnent pour l’ésotérisme.
par Laurence Primeau
Là où je me terre, Caroline Dawson
En 1986, Caroline et sa famille quittent le Chili pour venir s’installer à Montréal. Arrachée à son pays natal et propulsée dans une nouvelle vie qui lui est complétement étrangère, la fillette de 7 ans devient expatriée sans mot dire.
À travers les épisodes de Passe-Partout et les airs de Rock Détente, elle tente tant bien que mal de trouver sa place, ce qui est loin d’être gagné. Essayer de s’intégrer sous le regard hostile de tous ceux et celles qui n’auront jamais à se réfugier à l’autre bout du continent, voilà l’épreuve incessante à laquelle Caroline est désormais confrontée. De l’enfance jusqu’à l’âge adulte, la narratrice nous confie les souvenirs qui ont peu à peu contribué à la reconstruction de son identité.
Le premier livre de Caroline Dawson est brillant, vrai et nécessaire. Il nous offre cette perspective essentielle sur la réalité des familles immigrantes, qui se révèle d’autant plus ardue lorsqu’on est une femme.
par Laurence Primeau
Le starzec : Un mois à Cracovie, Philippe Girard
Quand Philippe Girard décide d’aller en résidence d’écriture à Cracovie, il est loin de se douter que le voyage ne sera pas reposant… L’ennui domine puisque tous les projets prévus durant le séjour s’annulent l’un après l’autre… L’auteur n’a donc plus qu’à attendre et l’attente est longue dans un pays qui ne veut pas de vous. Pour faire surgir à nos yeux la Pologne telle qu’il l’a vécue, l’auteur agence temps pluvieux, statues de Jean-Paul II et regards méfiants des passants. C’est un dépaysement complet que Philippe Girard nous offre grâce à un dessin précis et des couleurs limitées qui évoquent bien la monotonie de son séjour en Europe de l’Est. Une bande dessinée à ne pas manquer, surtout pour les admirateurs et admiratrices des chroniques de Guy Delisle.
par Kilyan Bonnetti
L’invention de la littérature québécoise au XIXe siècle, Claude La Charité
Tout est dans le titre pourrions-nous dire ! Professeur à l’Université du Québec à Rimouski et auteur des excellents livres Le meilleur dernier roman (2018) et Autopsie de Charles Amand (2021), Claude La Charité nous invite à découvrir les débuts incroyables de la littérature québécoise à travers des figures aussi emblématiques qu’attachantes. Toutefois, la valeur de cet ouvrage ne réside pas uniquement dans le choix des personnages qui l’habitent, mais aussi dans la variété et la richesse des informations qu’on y trouve : suggestions de lectures, extraits de texte, images d’archives, etc. Vulgarisateur admirable, Claude La Charité offre aux amoureux et amoureuses du Québec un petit trésor sur l’émergence de la littérature d’ici où l’érudition de l’auteur ne gâche en rien le plaisir de la lecture !
par Kilyan Bonnetti