Suggestions de lecture – Août 2020
Écotopia, Ernest Callenbach
Suggestion de Magali Boisvert
Cette fiction utopique a fait un carton lors de sa sortie dans les années soixante-dix, et une relecture actuelle d’Écotopia se révèle étonnamment enrichissante aujourd’hui.
Pour la première fois depuis leur indépendance il y a vingt ans, un journaliste américain, William Weston, est autorisé à couvrir pour un grand journal new-yorkais le pays d’Écotopia, qui s’est formé à partir des anciens états de la Californie, l’Oregon et de Washington. La raison de cette indépendance ? La formation d’un pays radicalement écologique.
Bien que certains passages se lisent moins bien avec des yeux modernes – le personnage machiste et suffisant de Weston suffit à parfois faire rager – il s’agit tout de même d’une lecture inspirante, ne serait-ce que pour l’élaboration impressionnante de la transition écologique dans mille domaines (vie sociale, travail, foresterie, recyclage, textiles, technologies, politique, télévision, sport, éducation, etc). Difficile de croire que ce roman a été écrit il y a quarante-cinq ans !
Le Boys Club, Martine Delvaux, Éditions du remue-ménage
Suggestion d’Elizabeth Leblanc-Michaud
Martine Delvaux est professeure de littérature à l’Université du Québec à Montréal, romancière et essayiste. Figure incontournable du féminisme contemporain, elle prend souvent la parole dans les médias pour dénoncer le patriarcat et les violences faites aux femmes.
Publié à l’automne 2019 aux Éditions du remue-ménage, son dernier essai, Le Boys Club, se veut une recherche approfondie sur la représentation des hommes ensemble. Une oreille tendue sur ce qui se dit, mais surtout sur ce qui se décide quand les femmes sont absentes.
Au fil des pages, l’autrice relève les rouages de divers groupes de pouvoir se construisant dans l’exclusion des femmes et des personnes marginalisées comme les clubs privés, les fraternités, la politique, l’architecture et les médias. Pour illustrer son propos, Delvaux recourt également à de nombreux exemples issus de la culture populaire. Mises en relation les unes avec les autres, les différentes représentations des hommes ensemble analysées par l’essayiste dans son Boys Club se révèlent telles quelles sont, soit de puissantes et dangereuses dérives de la domination masculine. Bien vite, on s’aperçoit que le monde est fait par et pour des hommes hostiles à tout ce qui leur est différent. À tout ce qui n’est pas la norme.
Fort heureusement, Le Boys Club de Martine Delvaux permet l’amorce d’une importante réflexion sur la structure de nos sociétés dites modernes. En effet, à la lecture de cet ouvrage, on prend conscience de « cette forme qu’on ne voit pas du fait qu’elle est prédominante », de ce mécanisme du pouvoir qui avantage les hommes et déshumanise les femmes. Et bien que l’expérience soit déstabilisante, on en ressort non seulement grandit, mais déterminé-e à faire de notre monde un lieu où toutes et tous sont invité-e-s à la table des décideurs.
Cet imperceptible mouvement, Aude, éditions XYZ, 1998.
Suggestion de Benjamin Davis-Veilleux
Dans ce recueil de treize nouvelles se trouve l’exploration de la psyché de personnages emprisonnés par une souffrance interne, qui arrivent à une sorte de croisée des chemins au bout d’un long et lent parcours. Loin d’être démoralisante dans sa mise en scène de gens rongés par la solitude, les regrets ou le deuil; Aude nous offre de prendre le temps d’accompagner ses protagonistes alors que ceux-ci trouvent le moyen de prendre une bouffée d’air frais après s’être sentis si isolés et cloisonnés.
Tout au long de ce recueil abordant des thèmes très lourds tels que la maladie, l’amour sous toutes ses formes et la recherche de soi, le talent de l’autrice marque par sa simplicité, sa justesse et sa maîtrise de la langue. Chaque nouvelle s’articule autour de magnifiques phrases méritant que l’on prenne le temps de les méditer et d’en admirer la beauté.