
Carol-Ann Rouillard, novembre 2019
Le mot « parité », autrefois réservé au domaine du sport, est de plus en plus souvent utilisé en dehors cette sphère : toponymie, politique, arts et culture, milieu des affaires. Bien que ce débat se rapporte à des milieux différents, il témoigne d’un enjeu commun : celui de la place que l’on accorde aux femmes et aux hommes dans l’espace public.
Les personnes à la tête d’organisations sont d’ailleurs les premières à se prononcer en faveur de l’égalité et d’un plus haut taux de recrutement de femmes. Toutefois, ces paroles mènent bien souvent à peu de changements concrets. Pourquoi? Parce que ce discours s’accompagne souvent d’un « mais ».

La place qu’on accorde aux femmes dans l’espace public ne reflète pas l’idéal de parité véhiculé par les décideurs. Les bottines ne suivent pas toujours les babines.
Crédits : Dominic Bérubé.
« Nous voulons recruter des femmes, mais elles manquent de confiance en elles et elles hésitent à se présenter. »
« Oui, mais elles manquent de temps en raison de la charge familiale qu’elles assument souvent en plus grande partie. »
« Je ne suis pas contre qu’il y ait plus de femmes, mais leur entrée dans la sphère publique est plus récente que celle des hommes, il faut laisser du temps pour que le rééquilibrage se fasse. »
La liste de raisons évoquées pour justifier le déséquilibre entre la proportion de la population que constituent les femmes et la place qu’elles occupent dans les sphères du pouvoir et les reconnaissances qui leur sont décernées est longue.
La marche à suivre
D’autre part, les personnes en faveur de la parité mobilisent plusieurs arguments pour justifier leur positions, tels que l’importance de représenter tous les points de vue à la table, ou de partager les sphères du pouvoir ou de reconnaissance dans l’espace public.
D’autres justifications qui m’apparaissent centrales dans cet enjeu sont les valeurs de justice et d’équité s’incarnant à travers la parité.
S’il est vrai que l’atteinte de la parité dans les sphères publiques ne suffit pas pour atteindre l’égalité dans toutes les sphères de la société, elle apparaît tout de même comme une condition essentielle pour espérer y parvenir.
Pour ce faire, il faut d’abord reconnaitre la sous-représentation des femmes – comme de tous les groupes sociaux – comme un réel obstacle à l’atteinte d’une société égalitaire et inclusive et démontrer une intention ferme de changer les choses. Ensuite, il faut accepter de se remettre en question en se demandant comment nos pratiques peuvent bénéficier à un groupe au détriment d’un autre. Des solutions existent et ont fait leurs preuves dans plusieurs milieux, encore faut-il accepter de modifier ses façons de faire.
La preuve par l’exemple
En janvier 2018, quelques mois avant le déclenchement de la campagne électorale provinciale, les chefs François Legault et Philippe Couillard tenaient eux aussi un discours de type « oui, mais ». Pourtant, le jour du scrutin, tous les partis présentaient une zone paritaire de candidatures. Ce résultat a nécessité un changement des pratiques de recrutement : cibler les bonnes personnes et bien les approcher peut parfois faire une différence importante dans les résultats obtenus.
Comme dans plusieurs situations, tout est une question de valeurs et de volonté !