Après une première présentation qui n’a laissé personne indifférent, les organisateurs du Festival Trad de Shawinigan récidivent cette année avec une programmation relevée qui sera servie à la Maison Francis-Brisson du 23 au 25 novembre.
Si le traditionnel peut être associé au conservatisme, il est temps, je crois, de s’y replonger et de constater que le courant musical et les acteurs qui y sont associés sont beaucoup plus que les porteurs d’un musée ambulant où la mémoire s’est arrêtée à un lointain passé. Ces groupes musicaux qui s’abreuvent aux sources traditionnelles, qu’ils aient 8 ou 40 ans de carrière, sont invités plus souvent qu’à leur tour pour partager leur folklore avec celui des autres (Amériques, Europe, Scandinavie, etc.). De vieux routiers qui croisent le chemin de plus récents initiés, telle est l’image qu’inspire la programmation de cette année. Voilà pourquoi je vous invite à aller entendre ces artistes qui parlent du Québec d’antan et d’aujourd’hui, dont l’identité est plus que jamais forgée par des influences de partout, qui s’unissent librement dans ce que beaucoup, dont Yves Lambert, aiment nommer le World Trad.
Le 23 novembre : souper-spectacle
Nouveau cette année, en ouverture du festival, un souper-spectacle en deux parties. Dans la première, le fromager ambulant Didier Hamon propose un mariage entre imaginaire et papilles. Ce conférencier du terroir viendra accompagner les fromages d’histoires, de contes et de plaisir. La conteuse Arleen Thibault, que certains n’hésitent pas à comparer à Fred Pellerin, assumera la seconde partie avec son spectacle intitulé Le vœu : un conte urbain entremêlant quotidien et fantastique dans une mise en scène de Michel Faubert, qui, lui, chantera en compagnie de ses quatre acolytes des Charbonniers de l’enfer deux jours plus tard.
Le 24 novembre : Yves Lambert et les poules à Colin
En première partie de ce spectacle, Yves Lambert sera accompagné par la jeune formation Les poules à Colin. Tous issus de familles de musiciens traditionnels, les membres du groupe ont récemment fait paraître leur troisième disque, Morose.
La seconde partie, intitulée Lambert dans ses bottines, se veut une occasion pour les nostalgiques de revisiter 40 années de carrière du musicien. Le répertoire du groupe La bottine souriante et des nombreux autres projets et collaborations de Lambert seront au menu de ce rendez-vous assurément festif. Quarante années de métissage, d’interprétation, de réinterprétation et d’ajouts de motifs issus du partage entre les musiciens et les cultures qu’il a connus.
Le 25 novembre : Bon débarras et Les charbonniers de l’enfer
Après avoir produit un nouvel album, En panne de silence, en février dernier et avoir entrepris une tournée en France, la formation Bon débarras s’exécutera en première partie des Charbonniers de l’enfer. En seconde partie, ce dernier groupe fera escale à Shawinigan pour présenter sa tournée anniversaire, intitulée Avoir su, qui commémore ses 25 années de collaboration et d’arrangements originaux, mais plus encore, d’amitié, de persévérance et de transmission.
Avec le Festival Trad, la musique traditionnelle montre bien qu’elle est tout sauf conservatrice et que, même si elle ose révéler ce qu’il y a de plus spécifique à notre culture, sa volonté de s’ouvrir à d’autres réalités sous des dehors festifs touchera toujours l’universel.
Suggestions musicales que m’inspire le Festival Trad
- Pour une immersion dans des racines irlandaises traditionnelles à la sauce punk et folk : la formation bostonienne Dropkick Murphys.
- Un choix plutôt champ gauche, la formation finlandaise Alamaailman Vasarat : du folk d’avant-garde instrumental totalement déjanté.
- Comme suggestion plurielle, je vous invite à revisiter la musique trad québécoise. Pour ceux qui n’y sont pas initiés, Bon débarras et Les poules à Colin sont de superbes exemples d’adaptation du style à leur époque respective. Sinon, les duos Charbonniers de l’enfer / Loco Locass dans La bataille des murailles et Groovy Aardvark / Yves Lambert dans Boisson d’avril sont des incontournables pour moi. J’ai d’ailleurs eu le grand plaisir d’entendre Groovy Aardvark interpréter cette dernière pièce cet été à Trois-Rivières, de même qu’Amphibiens, que je considère comme l’une des plus belles chansons québécoise à ce jour.