Dans leur Histoire des femmes au Québec publiée une première fois au début des années 1980, les auteures du Collectif Clio (Micheline Dumont, Michèle Jean, Marie Lavigne, Jennifer Stoddart) évoquent les pas si lointaines années 1950. À l’époque, alors que la publication du Deuxième sexe de Simone de Beauvoir passe inaperçue au Québec, quelques femmes engagées se regroupent dans l’Association des femmes universitaires. Aux lendemains d’une conférence organisée par le groupe, l’abbé trifluvien Albert Tessier, partisan de l’enseignement ménager, suscite une controverse « en affirmant que plus on formera de vraies bachelières, moins on formera de vraies femmes ».
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Bien qu’en tant que responsable des programmes d’enseignement ménager l’abbé Tessier ait fait disparaître l’uniforme des étudiantes d’un « institut familial », sa vision réductrice du rôle de la femme contribue à la difficulté qu’éprouvent celles-ci à s’engager librement dans la société. Ainsi, la prise de parole dans l’espace public n’a jamais été une mince affaire. Que ce soit en raison de la religion ou du chauvinisme des milieux politiques et économiques, rares étaient les femmes qui pouvaient, voire osaient, s’épanouir ailleurs que dans les sphères familiales et culturelles.
Malgré ces difficultés, la Mauricie compte de nombreux exemples de femmes qui ont participé activement à la vie culturelle de la région. La toponymie des bibliothèques et d’autres lieux de diffusion de la culture de Trois-Rivières est révélatrice à cet égard : bibliothèques Aline Piché (artiste multidisciplinaire) et Simone L. Roy (femme engagée dans des entreprises éducatives et culturelles), salle Anaïs-Allard-Rousseau au sein de la Maison de la culture de Trois-Rivières et Centre culturel Pauline-Julien du secteur Cap-de-la-Madeleine.
De nos jours, les initiatives de valorisation des actions de femmes au sein de la vie culturelle, mais aussi économique et politique, sont appuyées par les diverses actions de la Table de concertation du mouvement des femmes de la Mauricie. À ce titre, pensons à l’événement Mauriciennes d’influences qui, chaque année, met en lumière l’engagement soutenu d’entrepreneures, d’artistes, de dirigeantes et d’étudiantes qui contribuent au développement et au rayonnement de la région.
En prévision de la Journée internationale des femmes du 8 mars, dont le slogan au Québec est « Féministe tant qu’il le faudra », nous souhaitons à notre tour souligner l’engagement de certaines d’entre elles dans la sphère publique. Même si les luttes du passé ont permis des gains substantiels, le chemin vers l’égalité est encore long. À force de travail acharné, de passion et d’audace, ces femmes savent toutes incarner leurs revendications dans leur art. Celui-ci libère, raconte, invente. À leur façon, elles contribuent à façonner l’avenir, dans un présent où tout est à faire, en regard d’un passé pas si lointain…
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Sources:
Le collectif Clio, L’histoire des femmes au Québec depuis quatre siècles, Montréal, Le Jour, 1992, p. 434.