La journée officielle des élections est le dimanche 2 novembre, mais le 26 octobre, c’est la journée du vote par anticipation. À peine trois jours avant, soit le jeudi 23 octobre, paraissent les résultats d’un sondage Segma / Le Nouvelliste / Radio-Canada réalisé entre le 14 et le 21 octobre.
Méthodologie
Le sondage est sorti 10 jours avant la date de l’élection et 3 jours avant le vote par anticipation. C’est beaucoup de temps avant le 2 novembre, mais très peu avant le vote par anticipation. Bien des choses peuvent se passer jusqu’au moment où les urnes se remplieront et déjà, une annonce du chef d’Action Trois-Rivières fait des remous. J’y reviendrai plus loin.
Ce sondage a été mené auprès de 532 personnes répondantes de 18 ans et plus, par téléphone et en ligne (la répartition n’est pas spécifiée). Les données ont été pondérées selon l’âge, le genre et la scolarité. Notons qu’il s’agit d’un échantillon non probabiliste. De ce fait, on ne peut formellement y associer de marge d’erreur. Tout ce qui peut être fait est de calculer une marge d’erreur fictive pour une situation où un tel échantillon aurait été probabiliste. Celle-ci est de 4,3 points de pourcentage.
Par ailleurs, comme il y a eu pondération des résultats (âge, genre et scolarité), si tant est qu’une marge d’erreur aurait pu être calculée, elle aurait été supérieure à celle présentée dans la note méthodologique, toute pondération ayant comme effet d’augmenter la marge d’erreur.
Les résultats
Les intentions de vote, selon le sondage, sont de :
- 23 % pour M. Aubin;
- 22 % pour madame Albernhe-Lahaie (Trois-Rivières ville forte);
- 11 % pour M. Bradley;
- 9 % pour M. Carpentier;
- 3% pour M. Ayotte (Action Trois-Rivières);
- 1 % pour M. Fortin.
Chose importante à considérer : 31 % des 532 personnes répondantes sont indécises. « Ce sont soit des gens qui n’ont pas encore fait leur choix ou qui ne sont pas sûrs d’aller voter. » Jonathan Couturier, chargé de projet chez Segma Recherche
En entrevue au Téléjournal de Radio Canada du 23 octobre 2025, M. Couturier a mentionné que cette proportion de 31 % était très élevée. Ce n’est aucunement la faute du sondeur, mais il a raison. Compte tenu que les premiers votes seront trois jours plus tard, on pourrait s’attendre à moins d’indécision si peu de temps avant le scrutin.
Parmi les personnes décidées, les intentions de vote se répartissent comme suit :
- 33 % pour M. Aubin;
- 31 % pour madame Albernhe-Lahaie (Trois-Rivières ville forte);
- 16 % pour M. Bradley;
- 14 % pour M. Carpentier;
- 4% pour M. Ayotte (Action Trois-Rivières);
- 2 % pour M. Fortin.
Si on enlève les indécis et indécises, la taille de l’échantillon pour des personnes avec une intention de vote ferme baisse à 367 et pour un tel échantillon probabiliste, la marge d’erreur fictive est 5,1 points de pourcentage.
Phrase intéressante tirée d’un texte paru dans Le Nouvelliste (23 octobre 2025) : « En plus d’être en tête, Jean-François Aubin et Pascale Albernhe-Lahaie ont le pourcentage le plus élevé d’électeurs enclins à aller voter. » Que faut-il comprendre de cette information ? Ces personnes font-elles partie de celles indécises ou non ? Même si les personnes indécises sont exclues et qu’un recalcul des intentions de vote est fait, en resterait-il encore, parmi les répondants et répondantes, un certain nombre (inconnu) qui n’iront possiblement pas voter?
Une marge d’erreur fictive calculée sur le nombre total de personnes répondantes, ça peut être trompeur. La question qui se pose est de savoir si les résultats de ce sondage reflètent bien la situation actuelle. Un certain nombre de points permettent d’en douter. Pour résumer, déjà que le nombre total de personnes répondantes – 532 – est faible, il n’en reste que 367 si l’on exclue les indécises. Aussi, l’échantillonnage n’est pas probabiliste; il est alors impossible d’avoir une vraie marge d’erreur. Troisième point : l’effet de la pondération (aussi appelé effet de plan) n’est pas présenté dans le calcul de la marge d’erreur fictive. Quatrièmement, le nombre de personnes qui ne savent pas si elles vont voter n’est pas connu et pourtant, cette donnée a une influence probable sur la fiabilité des résultats du sondage.
Moins de deux semaines avant la date officielle de l’élection
Même en si peu de temps, les choses peuvent évoluer significativement. En 2019, lors de l’élection partielle qui a porté au pouvoir le maire Jean Lamarche, un sondage Mainstreet publié le 29 avril – Il n’y a pas eu d’autres sondages plus près de la date de l’élection – montrait une chaude lutte entre messieurs Aubin et Lamarche. Le 5 mai suivant – à peine six jours plus tard – M. Lamarche l’emportait avec 54,9 % des votes, soit 12,8 points de pourcentage de plus que ce que le sondage affichait, alors que M. Aubin dégringolait de 11,6 points de pourcentage par rapport au sondage.
Je disais donc que les choses peuvent évoluer rapidement. Le sondage de cette année a été publié le 23 octobre et, le 23 octobre (confirmé sur la page FaceBook d’Action Trois-Rivières le lendemain), une nouvelle majeure : Jean-Claude Ayotte donne son appui à Jean-François Aubin, qui ne l’a même pas demandé ! Le sondage du matin est déjà passé date avant que la journée ne se termine…
Madame Albernhe-Lahaie trouve que c’est une belle surprise et, sur le coup, M. Ayotte n’a pas voulu commenter le sondage, peut-être un signe que le résultat était décevant pour lui.
En réaction au sondage, et à l’instar d’un commentaire qui avait été émis par M. Ayotte, Jean-François Aubin a une certaine confiance dans ce coup de sonde, mais lui aussi a été surpris par le fait que madame Albernhe-Lahaie arrive 2e et M. Bradley 3e. Ce qu’il voit sur le terrain ne va pas dans ce sens, mentionne-t-il.
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- Ayotte appuie Jean-François Aubin
Entrevue à 106,9 FM 24-10-2025 (12h20)
En entrevue M. Ayotte s’est voulu rassurant, affirmant que sa décision visait à faire passer les intérêts de la ville avant les siens (personnels), et même ceux de son parti.
Malgré son appui à M. Aubin, le chef d’Action Trois-Rivières refuse de se désister officiellement de la course. Mais il ne continuera plus sa campagne pour être maire, se contentant d’œuvrer dans l’intérêt des candidats et de la candidate d’Action Trois-Rivières qui se présentent dans certains districts.
- Ayotte se justifie aussi en soulignant que le programme de son parti, et celui de M. Aubin, sont très similaires. Il ne veut pas diviser le vote, soulignant même que M. Aubin, jusqu’à maintenant, fait une campagne impeccable. Ce dernier n’en espérait probablement pas tant ! Je mentionne au passage que la similarité que M. Ayotte voit avec le programme de M. Aubin pourra en surprendre quelques-uns qui ont une bonne mémoire, car en juin dernier, Action Trois-Rivières tentait d’attirer Yves Lévesque comme candidat à la mairie. Pourtant, les affinités entre les idées de M. Aubin et Lévesque ne sont pas si fines !
« C’est une décision du chef » Jean-Claude Ayotte
Après discussion avec quelques-unes des personnes candidates (3) pour le parti Action Trois-Rivières, celles-ci ont indiqué qu’elles n’étaient pas au courant de la décision de M. Ayotte et qu’il n’y avait pas eu de consultation au sein de l’équipe. « C’est une décision du chef » de dire le chef !
On peut tout de même se questionner sur certains impacts potentiels de cette décision de dernière minute. Le premier est la possibilité de confusion chez les électeurs. Les bulletins de vote sont déjà imprimés et le nom de M. Ayotte y restera. On ne peut pas supposer que tout le monde sera bien informé sur l’appui qu’il donne à M. Aubin, ni sur les tenants et aboutissants de cet appui. Mais M. Ayotte a clairement dit qu’il ne souhaitait plus être élu…
Un autre impact concerne davantage son parti. Une telle décision, sans consultation, ne fera pas que des heureux, même si cela n’est pas dit publiquement. Le moral des troupes, incluant les bénévoles, sera possiblement affecté, pour certaines personnes à tout le moins. À cet effet, et j’y reviens un peu plus loin, un candidat au poste de conseiller a mentionné quitter le parti Action Trois-Rivières et appuyer M. Bradley.
« Jean-Claude nous surprendra toujours. » Isabelle D. Lecours
Parmi les autres commentaires recueillis auprès des trois personnes candidates contactées, elles affirment ne pas craindre pour leur campagne respective. Elles vont continuer à faire du porte-à-porte, à rester présentes sur le terrain. Une de ces personnes, la candidate Isabelle D. Lecours (Pointe-du-Lac) a, de surcroît, mentionné qu’elle accordait aussi sa confiance à M. Aubin, ce qui a été confirmé par ce dernier.
Dernière heure
Depuis hier après-midi (24 octobre), il y a encore de l’agitation. La Gazette a appris que le candidat Éric Lemaire (district de la Madeleine) quitte le parti Action Trois-Rivières et accordera son appui au candidat à la mairie Jonathan Bradley.
Le parti Action Trois-Rivières a tenu un rassemblement ce vendredi pour faire le point, à la Cage aux Sports, comme quoi il est vrai que la politique c’est du sport ! Selon les informations recueillies, le climat était serein, et autant les bénévoles que les personnes candidates se rallient à la décision de Jean-Claude Ayotte selon le candidat du district de La-Vérendrye M. Xavier Douville.
Du côté du candidat à la mairie Jean-François Aubin, l’autre principal intéressé dans cette histoire inédite, il ne pense pas qu’il va recevoir tous les votes de M. Ayotte. Mais il voit, dans son message un signal de rassemblement et de priorisation des intérêts de Trois-Rivières, au-delà des intérêts personnels.
Évidemment, tout ce brouhaha survient à quelques heures seulement avant le début du vote par anticipation. M. Aubin estime que la population bien informée ne sera pas dans la confusion, tout en concédant que ce n’est pas tout le monde qui suit la politique municipale avec attention et que le non retrait du nom de M. Ayotte sur les bulletins de vote pourrait mêler les cartes.
Il en va de même pour la candidature de M. Lemaire car son nom va rester sur les bulletins de vote, du moins pour le vote par anticipation, avec l’affiliation « Action-Trois-Rivières », tout comme ses pancartes et documents de campagne, à ce jour.
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