Montage pour Chronique Sondage de René Gélinas

PRÉCÉDEMMENT… En 1936, le monde des sondages est à jamais transformé grâce à un certain George Gallup et à sa célèbre confrontation avec la méthodologie des votes de paille du Literary Digest, une publication notoire et prisée de l’époque. C’est la naissance des sondage dits « scientifiques » et le bébé prendra rapidement du poids (social, médiatique et politique). Mais l’histoire ne se répète pas sans controverses !

À lire : Histoire des sondages – partie I

À lire : Histoire des sondages – partie II

Sondages de 1948 : on en parle encore aujourd’hui

Quand les politiciens et politiciennes d’aujourd’hui veulent se défendre de croire aux sondages, surtout ceux qui leur sont défavorables, ils évoquent encore la une du Chicago Daily Tribune du 3 novembre 1948.

Source : Wikipedia Commons (distribué par AP en 1948 et repris par de nombreux médias et sites web depuis).

En 1945, Harry S. Truman succède à Franklin Delano Roosevelt (FDR) qui a été élu pour la première fois en 1932 et le sera trois fois de plus, soit en 1936, en 1940 et en 1944. Il décédera le 12 avril 1945, pendant son 4e mandat, et c’est le vice-président Truman qui sera alors assermenté. Celui-ci se retrouve donc, en novembre 1948, à demander aux électeurs de le choisir cette fois-ci comme président pour les quatre prochaines années.

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Tôt le 3 novembre 1948, les résultats sont connus : FDR obtient 49,6 % du vote populaire (303 grands électeurs et 28 États) et Dewey 45,1 % (189 grands électeurs avec 16 États). Thurmond – un indépendant aligné démocrate – se contente de 2,5 % (39 grands électeurs, 4 États).

Un jour plus tôt…

Le mardi 2 novembre est le jour de la 41e élection présidentielle américaine. Il semblerait que Dewey soit le grand favori. Trois sondeurs bien connus du public et des médias – George Gallup, Elmo Roper et Archibald Crossley – prédisent la victoire du candidat républicain : Roper lui accorde une avance de 15 points au vote populaire, et les deux autres de 5 à 6 points. Plus de 10 ans après la confrontation Gallup / Literary Digest, les sondages dits scientifiques ont établi leur crédibilité. Ils sont de plus en plus médiatisés et ils prédisent, en toute confiance, les résultats des présidentielles, surtout que les élections de 1940 et 1944 leur ont donné raison. Normal, donc, que des journaux comme le Chicago Daily Tribune se sentent en confiance avec les résultats prévus par les bonzes du coup de sonde.

Au même moment…

Le Chicago Daily Tribune est d’allégeance républicaine. Divulgâchage : gros biais de confirmation à l’œuvre !

En premier, il faut mentionner que les relations de travail au Chicago Daily Tribune ne sont pas au beau fixe. Les typographes et autres employés d’imprimerie sont en grève. Le personnel de relève en place manque d’expérience et est plus lent. La pression pour finaliser les textes et sortir les épreuves rapidement est immense et, dans la hâte, une décision doit être prise : le Tribune titrera-t-il ce que les sondages prévoient ? Finalement oui. Il arrive que ce que l’on veut croire est notre réalité.

Les sondeurs – Gallup, Roper et Crossley en tête – prévoient une victoire républicaine. Ils jouissent évidemment d’une excellente réputation et leur aura de fiabilité ne faiblit pas. Le Tribune ayant un penchant républicain, il optera de titrer à la une de sa parution du 3 novembre 1948 la victoire de Thomas Dewey. Les sondages penchent dans le sens de la tendance politique du Chicago Daily Tribune : il est là le biais de confirmation, dans toute sa splendeur. Rien de volontaire, rien d’extraordinaire. Une simple décision humaine, appuyée en douce par un des nombreux biais cognitifs qui peuvent influencer les plus banals des processus décisionnels, tout comme ceux qui ont des conséquences plus sérieuses.

La réalité dépasse la une. Au moment où la parution circule, la victoire de Truman est confirmée. Cette victoire sera d’autant plus savoureuse pour lui qu’il pourra y mettre une bonne couche de crémage moqueur à l’endroit du Tribune et aussi des firmes de sondage.

Les firmes de sondage se font taper sur les doigts

Le public et les médias faisaient confiance aux firmes de sondage. C’est pour cela qu’elles sont devenues le bouc émissaire idéal : les blâmer devenait d’autant plus facile qu’aucune excuse ne semblait acceptable.

C’est surtout parce que Dewey a été désigné gagnant, à tort, que l’élection de 1948 a reçu le qualificatif de désastre, voire de scandale, pour les sondages. Si, pour deux d’entre eux (Crossley et Gallup), l’erreur n’était que de cinq points de pourcentage, ce qui est important même selon les standards l’époque, le problème le plus spectaculaire et impardonnable aura été l’erreur dans l’ordre d’arrivée des candidats.

Donner vainqueur le mauvais cheval est impardonnable, surtout avec un nom comme Gallup.

À lire : Histoires de sondages – partie IV

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