Pilotée par une vingtaine d’organismes québécois, la campagne de sensibilisation 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes se tient chaque année du 25 novembre au 6 décembre. Visant l’élimination des violences systémiques faites aux femmes, l’initiative cherche à conscientiser les décideurs et le grand public sur le fléau que représente cet enjeu de société.
La période de l’année choisie pour le déploiement de cette campagne n’est pas dépourvue de sens : la date de début correspond à la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, proclamée en 1999 par l’Organisation des Nations unies (ONU) en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes pro-liberté assassinées par le dictateur Rafael Trujillo en République dominicaine le 25 novembre 1960. La clôture, 12 jours plus tard, correspond à la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes décrétée par le gouvernement canadien suite au féminicide de masse de l’école Polytechnique le 6 décembre 1989.
Une violence enracinée
Le thème de l’édition de 2022, Déracinons les violences, réfère à l’idée que les violences subies par les femmes, incluant le sexisme, les violences sexuelles, le racisme et la lesbophobie, ont des causes sociétales profondes et systémiques qu’il faut exposer si l’on veut s’attaquer à la problématique.
Cet aspect systémique, c’est d’ailleurs ce qui guide le travail des intervenantes de l’organisme Le FAR, qui vient en aide aux femmes victimes de violence. Une approche intersectionnelle leur permet de considérer toutes les couches de vulnérabilité des femmes qui se présentent au Centre de Trois-Rivières : « Une femme monoparentale aura davantage de difficulté à se trouver un nouveau logement. Si elle vit avec un handicap physique ou intellectuel, elle sera plus vulnérable face à son agresseur. La monoparentalité, l’âge, vivre en région éloignée, les origines, la langue : tout ça vient ajouter des difficultés supplémentaires », illustre en ce sens Lyne Bourgelas, directrice adjointe de l’organisme,
Code rouge pour les maisons d’hébergement
Dans le milieu de l’intervention auprès de femmes victimes de violence conjugale, un « code rouge » est émis lorsqu’un dossier dont l’évaluation de la sécurité de la femme, ses enfants, et ses proches incluant l’agresseur présente un risque élevé de blessures graves, de féminicide ou d’infanticide. Cette classification facilite notamment le partage d’informations entre les partenaires afin de mieux protéger les personnes à risque. À la maison Le FAR de Trois-Rivières, ce sont 227 nouveaux codes rouges qui ont été attribués en 2021. Comme ailleurs au Québec, la région manque aussi de ressources pour répondre à la demande. L’organisme a hébergé l’an dernier 347 femmes et enfants et le taux d’occupation est actuellement situé autour de 110 %, malgré une hausse récente du nombre de lits disponibles.
12 jours d’actions en Mauricie
L’organisme Le FAR pilote diverses activités à Trois-Rivières afin de sensibiliser la population dans le cadre des 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes. La soirée Si j’osais permettra au public d’entendre des témoignages et de discuter avec différent(e)s intervenant(e)s présent(e)s sur place. L’événement se tiendra le 23 novembre dès 19 h à la Salle Hubert-Reeves du Collège Laflèche, qui organise l’activité. Il sera aussi possible de voir une exposition intitulée Nos angles morts ! qui proposera différents regards sur la violence vécue, autant du point de vue de victimes, d’intervenant(e)s et de proches aidants. Les toiles et les textes les accompagnant seront exposés pendant les 12 jours d’action dans la succursale de l’atelier de torréfaction Le Caféier du centre-ville. Le FAR organise aussi une mobilisation avec des élèves du secondaire qui collaborent à la création d’une vidéo visant à lancer un défi à la population. Un lancement aura lieu à l’école secondaire Keranna, et la vidéo sera divulguée sur les réseaux sociaux de l’organisme en guise de clôture de la campagne, le 6 décembre prochain.
D’autres organismes proposent aussi des activités dans la région : Le CIUSSS-MCQ invitait récemment les femmes à s’inscrire gratuitement à un cours d’autodéfense dans une des 6 écoles d’arts martiaux participantes. Très populaire, les inscriptions sont toutefois déjà complètes pour cette activité. Le Centre de femmes de Mékinac présentera pour sa part la conférence Je me suis choisie avec Ingrid Falaise le 5 décembre dès 19 h à l’école Paul-Le Jeune de Saint-Tite au coût de 10 $.
Victime ou témoin de violence faite aux femmes ? Des ressources existent. SOS violence conjugale : 1-800-363-9010 (24/7) ; sos@sosviolenceconjugale.ca
Si vous êtes un homme et avez besoin d’aide : À cœur d’homme — Réseau d’aide aux hommes pour une société sans violence au 1 877 660-7799.
Pour faire un don à la Maison Le FAR : maisonlefar.ca