Par Magali Boisvert, 18 juin 2018
Jeudi dernier, le 15 juin, les organisateurs du Festiphilo sabraient le champagne à l’occasion de la toute première édition de leur festival de philosophie. En discutant avec certains d’entre eux, ils me confiaient ne pas savoir à quoi s’attendre pour la fin de semaine tant attendue qui débutait. Y allait-il avoir beaucoup de festivaliers présents lors de leurs activités à Trois-Rivières ? La philosophie était-elle au goût du jour pour les Québécois ? Certainement, ils voulaient combler un manque observé ici, car contrairement à nos cousins européens, la philosophie n’est pas aussi présente dans nos villes que l’est la musique ou même la poésie, qui fait son tour une fois par année au centre-ville.
Rapidement, par contre, les doutes des organisateurs s’effacent : les amateurs de philosophie ont répondu à l’appel, et ce, en grand nombre. On me dit que la conférence sur le revenu minimum garanti au café Frida est un succès, et la salle du Poivre Noir dans laquelle j’attends la table ronde sur les «fake news» est déjà pleine à craquer avant même que les experts soient tous arrivés.
L’une des forces de ce tout nouveau festival est qu’il se prête à presque tous les sujets, tant qu’il soit abordé d’un point de vue philosophique. Ainsi, les experts prennent place : Aurélie Lanctôt (co-directrice la revue Liberté), Pierre Tourangeau (consultant expert en éthique et gestion des médias) et Jean Pichette (directeur général des éditions Somme Toute) discutent, tous ayant des points de vue différents sur cet enjeu moins moderne qu’on pourrait le croire.
La soirée se colore de parenthèses si typiques à la philosophie, comme lorsque les experts ne s’entendent pas sur ce qu’est véritablement une «fake news»; de ce terreau ont poussé des questions connexes telles que «Est-ce qu’une nouvelle doit être vraie?», «Qu’est-ce que la vérité en journalisme?» ou bien «Est-ce que le gouvernement peut légiférer sur les «fake news» et donc, sur ce qu’est la vérité?». Chaque question apportée était riche en ramifications philosophiques, et ce fut fascinant de voir ces experts apporter des pistes de réflexion.
Ce qui m’est resté le plus en mémoire de ce festival dont on souhaite une longue vie, c’est ceci : le fait de se poser des questions et d’explorer les incertitudes liées à un enjeu peut être une action en soi. Le fait de prendre une pause, de réfléchir à un problème de société et de ne pas y coller tout de suite ses jugements, c’est déjà faire un premier pas vers la résolution de ce problème et vers l’édification d’une société moins impulsive et manichéenne.