Par Carol-Ann Bilodeau, SANA Trois-Rivières, avril 2018
Venir au Canada comme travailleur qualifié n’est pas une mince affaire. Les démarches peuvent être longues, très longues. Lumière sur le parcours d’un nouvel arrivant qualifié au Québec.
Les demandes des étrangers souhaitant immigrer au Canada sont évaluées selon un système de pointage. Celui-ci prend en compte différents facteurs tels que le niveau de scolarité, la maîtrise d’une des deux langues officielles, le domaine d’étude ou encore le statut parental du requérant. Plus le score obtenu est élevé, plus les chances d’être sélectionné sont grandes. Des entrevues sont ensuite faites avec les personnes pouvant potentiellement être admises au Canada afin de s’assurer du sérieux de leur démarche. Ces personnes devront également fournir un rapport de police et se soumettre à des examens médicaux.
Comme le Québec fait lui-même la sélection des immigrants souhaitant s’établir sur son territoire, les personnes voulant venir ici doivent également faire la demande d’un certificat de sélection du Québec et satisfaire aux exigences de la province. Les immigrants indépendants sont seuls responsables d’assumer les coûts des démarches et des billets d’avion.
Une fois arrivés au Québec, leur fardeau financier ne s’allège pas. Ils doivent prévoir un budget suffisant pour survivre, puisqu’ils ne peuvent recevoir aucune aide financière. Il faut considérer plusieurs choses : transport jusqu’à Trois-Rivières, coût de la chambre d’hôtel les premiers jours, du logement, des meubles, de l’électricité, de l’épicerie, matériel scolaire pour les enfants, demande d’évaluation comparative ou de reconnaissance des acquis et autres dépenses connexes. Ils doivent également prévoir une assurance privée pour les trois premiers mois, car ils ne seront pas admissibles au régime d’assurance maladie du Québec.
Les travailleurs qualifiés sélectionnés par le Québec ne veulent qu’une chose : commencer à travailler rapidement. Par ailleurs, plusieurs immigrants nous ont confié avoir pris la décision de venir au Québec à la suite d’une rencontre avec des recruteurs ayant comme mission d’attirer de la main-d’œuvre qualifiée afin de pallier les manques que nous pouvons observer ici.
Il est impossible pour un immigrant d’amorcer le processus de reconnaissance des acquis à l’étranger, car il doit avoir la résidence permanente pour présenter une demande. Il peut cependant déposer une demande d’évaluation comparative des diplômes, pour déterminer comment les études qu’il a effectuées se comparent à celles du Québec. Par contre, cette évaluation ne crée aucune obligation pour les ordres professionnels ou les employeurs puisque, selon le site d’Immigration Québec, elle n’est ni un diplôme ni une reconnaissance des acquis. La reconnaissance des acquis, pour sa part, permet à une personne d’obtenir un diplôme québécois. Il appartient à chaque institution d’évaluer les cours ayant été faits à l’étranger et de déterminer lesquels seront reconnus. Le nouvel arrivant devra fort probablement retourner sur les bancs d’école. Sur son site, l’UQTR affirme que l’université ne peut délivrer de diplôme sur simple reconnaissance des acquis. Ainsi, pour un baccalauréat de 90 crédits, un maximum de 60 crédits peuvent être reconnus.
La lourdeur des démarches, dans un contexte financier qui peut s’avérer difficile, pousse parfois l’immigrant à se réorienter alors qu’ironiquement, au départ, il avait été sélectionné en raison de ses compétences. Il est donc important que le nouvel arrivant se prépare adéquatement avant de quitter son pays. Mis ensemble, les compétences et les talents de chacun, immigrants comme Québécois, enrichiront le Québec.