Reconnaissant les qualités de notre système public de santé et de services sociaux, mais aussi ses lacunes, nous avons demandé au gouvernement actuel de nous indiquer les trois mesures prioritaires qu’il souhaitait mettre en place au cours des prochains mois pour améliorer l’état de ce système. Nous avons ensuite posé la même question aux cinq autres partis politiques en leur demandant de se mettre à la place du gouvernement. Voici leurs réponses respectives.
* La CAQ n’a pas été en mesure de nous répondre avant la mise sous presse du journal.
Depuis l’arrivée de notre gouvernement, notre objectif en matière de santé a été clair : améliorer l’accessibilité au réseau.
Dans les dernières semaines, nous avons investi 100 M$ pour la création de 2100 places pour les personnes en attente de services en hébergement, en réadaptation et en santé mentale, 20 M$ pour la réalisation de 22 450 chirurgies additionnelles par année, 21 M$ pour l’ajout d’examens en imagerie médicale, 60 M$ pour le soutien à domicile et 65 M$ pour l’ajout de personnel en CHSLD.
D’ailleurs, le Forum sur les meilleures pratiques en CHSLD tenu en novembre dernier a permis d’établir des pratiques exemplaires qui seront mises en place partout dans le réseau dès 2017. C’est donc en continuité avec ces profonds changements que s’inscriront nos actions dans les mois à venir.
Afin que les citoyens reçoivent les bons services au bon endroit en fonction de leur état de santé, nous nous assurerons de la mise en place, partout au Québec, des meilleures pratiques en soins à domicile. Nous continuerons d’améliorer l’accès aux médecins de famille et aux spécialistes. En effet, le gouvernement vient de déposer le projet de loi 130 à ce sujet, et nous implanterons 50 super‑cliniques partout au Québec d’ici la fin de 2018, dont en Mauricie.
– Jean-Denis Girard
Député de Trois-Rivières
Dans un contexte où Québec solidaire constituerait un gouvernement majoritaire, les trois mesures prioritaires seraient :
- La mise sur pied d’un pôle groupé d’achat de médicaments pour permettre aux Québécois et aux Québécoises ainsi qu’au gouvernement de payer nos médicaments moins chers et de renflouer les coffres de l’État. Grâce aux millions économisés, nous pourrions réinvestir massivement en santé pour améliorer la qualité des services.
- Un meilleur accès à des soins de santé de première ligne par une offre continue jour et nuit de certains CLSC. Cette mesure créerait un impact majeur sur le désengorgement des urgences du Québec et faciliterait l’accès aux citoyennes et citoyens à des professionnel.le.s de la santé, tant les médecins que les infirmières praticiennes, les travailleurs et travailleuses sociales, les psychologues et autres.
- La révision du mode de rémunération des médecins. Il faudra un gouvernement qui ait le courage de confronter le corporatisme médical pour que les médecins cessent d’être une classe à part des autres professionnel.le.s du milieu de la santé. Bien que la majorité soit tout à fait honnête et dévouée, les règles en place leur confèrent des privilèges indus qui permettent à certains toutes sortes de passe-droits, comme la surfacturation, qui nous coûtent cher sans améliorer l’accès aux services.
– Amir Khadir, député de Mercier
Dans un contexte où le Parti québécois constituerait un gouvernement majoritaire, les trois mesures prioritaires seraient :
- Le gel de la rémunération des médecins du Québec. En effet, il est primordial de réinvestir dans les soins aux patients, aux aînés et aux personnes vulnérables. Un mode de rémunération mixte, incluant une imputabilité populationnelle, s’impose aussi.
- Une présence accrue des pharmaciens, des infirmières et des autres professionnels de la santé. Ainsi, ils pourraient dispenser des soins de proximité coordonnés et planifiés et permettre un meilleur accès aux soins de santé. La clinique d’infirmières de la coopérative de solidarité SABSA à Québec constitue un exemple qui doit faire école. Les infirmières praticiennes spécialisées, les infirmières et les travailleuses sociales de cette clinique ont pu répondre à 95 % des besoins en santé des patients. Seuls 5 % d’entre eux ont dû être transférés à un médecin.
- Un réinvestissement massif dans les soins à domicile. Non seulement cela permettrait aux aînés de rester plus longtemps près de leurs proches et dans leur milieu, mais cela permettrait aussi de soulager le réseau de la santé, des urgences aux CHSLD.
– Diane Lamarre
Porte-parole de l’opposition officielle en matière de santéParti vert du Québec
Pour améliorer l’état de notre système de santé, le Parti vert du Québec (PVQ) se positionne pour un système public, universel, décentralisé et gratuit.
La décentralisation des services constituerait une excellente mesure pour contrer les délais d’attente et de traitement des dossiers dans l’ensemble du système de santé. Les dernières tentatives de privatisation, de centralisation (Optilab) et de démantèlement du système par les mesures d’austérité extrêmes est non nécessaire.
De plus, le PVQ vise à augmenter le nombre de médecins en offrant plus de formations et plus de reconnaissance des diplômes étrangers. Fournir un médecin de famille à chaque Québécois passe nécessairement par l’embauche de personnel médical supplémentaire.
Une autre initiative du PVQ comprendrait la prévention des problèmes de santé, tant physiques que mentaux. Un investissement massif dans la promotion des bonnes habitudes de vie devient une nécessité, autant par des campagnes de sensibilisation pour la population générale que par des initiatives au sein du système scolaire.
En vue de tous les progrès effectués grâce au Protecteur du citoyen, tant sur le plan structurel que légal, le PVQ croit que ces enjeux relèvent avant tout d’une question de priorités. Il faut investir dans la santé pour être en santé.
– Alex Tyrrell
Dans un contexte où Option nationale constituerait un gouvernement majoritaire, les trois mesures prioritaires seraient :
- La révision du mode de rémunération des médecins et de leur statut de travailleur autonome en vue de les intégrer à titre de salarié de l’État. Un rapport de force serait ainsi rétabli en vue d’améliorer la pertinence des soins et la collaboration interprofessionnelle au besoin.
- La révision du Code des professions et de certaines lois professionnelles en vue de diminuer le pouvoir du Collège des médecins sur les actes professionnels accomplis par les autres professions en tout respect du champ d’exercices de chacun. Les professions pourraient ainsi exercer directement et pleinement leurs compétences sans nécessiter d’autorisation réglementaire du Collège des médecins, par exemple.
- L’indépendance du Québec, afin de nous soustraire à la Loi canadienne sur la santé dont les principes font en sorte que grosso modo, seuls les soins médicaux fournis par les médecins sont couverts par les régimes de santé des provinces (la RAMQ au Québec). Nous considérons que les besoins actuels de la population nécessitent des expertises interdisciplinaires.
– Émilie Charbonneau
Présidente d’Option nationale