Stéphanie Dufresne – Environnement – novembre 2021
La coopérative Enfant Nature, basée à Shawinigan, forme des intervenant.e.s en petite enfance et des enseignant.e.s du préscolaire à une pédagogie expérientielle et immersive en plein air.
En plus d’offrir de multiples bienfaits sur les plans cognitif et moteur, cette approche sensibilise les enfants à la protection de l’environnement.
Autour d’un feu de camp, sous une lumière matinale d’automne, une dizaine d’enfants d’âge préscolaire participent à l’activité de lancement de la saison 2021-2022 de la Coopérative Enfant Nature. Les bambins ne font que peu de cas de la présence du maire de Shawinigan ou de la députée provinciale. Leur attention se porte davantage sur tous les trésors que recèle le boisé de l’île Melville : feuilles mortes, cailloux, brindilles.
Ils sont invités à découvrir cet environnement sous la surveillance bienveillante de leur intervenante, formée à la pédagogie Enfant Nature.
Depuis 2015, plus de 130 pédagogues en petite enfance ou en enseignement préscolaire, provenant des quatre coins du Québec, ont été accrédités par la coopérative. La formation qu’ils ont suivie leur permet de s’approprier une approche pédagogique expérientielle structurée, basée sur une philosophie d’apprentissage en interaction avec la nature, pour les enfants de 0 à 8 ans.
Souhaitant d’abord pallier le « déficit de nature » qu’elle observait chez les enfants, la pédagogue Sylvie Gervais, qui est à l’origine du projet, a vite pris conscience des nombreux autres bénéfices qu’apporte la reconnexion des enfants à la nature.
Pour elle, tout commence par le développement d’un lien affectif et sensoriel avec l’environnement naturel. « Le lien socio-affectif est la première chose qui se développe lors du contact prolongé avec la nature, explique-t-elle. Ensuite, dans ce contexte sécurisant, peuvent se former les apprentissages cognitifs et moteurs. »
Protéger et s’adapter
« Il est prouvé que l’affection que l’on porte à la nature incite à vouloir la protéger. À travers le programme, on guide l’empathie naturelle des enfants. Nous voulons les amener à vouloir protéger le vivant, même les petites fourmis ! » lance-t-elle.
Face à un milieu en perpétuel changement, ils développent aussi une capacité d’adaptation. « Ne serait-ce que d’apprendre à s’ajuster aux changements dans la météo et les saisons. À travers les ateliers, les enfants prennent conscience de leur environnement et agissent en association avec celui-ci », souligne Sylvie Gervais.
Des aptitudes qui pourraient s’avérer précieuses devant les bouleversements environnementaux qu’on nous annonce pour l’avenir.
Décrocher du virtuel
En plein air, les possibilités au niveau moteur sont décuplées. Les enfants explorent, bougent, grimpent et prennent spontanément de petits risques mesurés, tout en se plaçant au cœur de leur propre apprentissage.
Les intervenant.e.s de la pédagogie Enfant Nature observent aussi que ce contexte incite les enfants à bouger avec plus d’intensité. « Quand ils goûtent à ça, ils en redemandent, se réjouit Sylvie Gervais. Même si aujourd’hui les enfants sont très connectés à du virtuel, c’est facile de les motiver, car ils vivent en nature une expérience qu’ils ne vivent nulle part ailleurs. Les bienfaits sont instantanés. »
Prendre soin de tout un chacun
La pédagogie enfant Nature se veut inclusive. Un projet pilote avec des enfants en difficultés d’apprentissage s’est montré particulièrement concluant. Un projet avec le CPE Premier Pas de La Tuque a permis d’expérimenter en profondeur la pédagogie au sein de groupes préscolaires autochtones et allochtones.
Dans un avenir assez rapproché, Enfant Nature prévoit impliquer davantage les parents dans le processus d’apprentissage de leurs jeunes.
Toutefois, la véritable révélation, selon Sylvie Gervais, est sur le plan du bien-être des enseignant.e.s. « Plusieurs ont vu évoluer la relation avec leurs élèves. C’est particulièrement vrai avec les jeunes en difficulté. À travers la démarche, un lien fort se tisse entre l’adulte enseignant et l’élève. Et on sait que la confiance est essentielle à l’apprentissage », précise-t-elle.
Le maire Michel Angers et la députée Marie-Louise Tardif venaient souligner la récente contribution de 50 000 $ de Desjardins au projet. Ce financement permettra à Sylvie Gervais et ses collaboratrices de se munir d’équipement technologique pour créer du nouveau contenu pédagogique.
La coopérative Enfant Nature souhaite rendre accessible son approche pédagogique expérientielle en plein air à tous les milieux éducatifs du Québec.