Le 17 mai marque la Journée internationale contre l’homophobie et la transphobie, chapeautée par la Fondation Émergence. Alors que de nombreux remparts législatifs contre l’homophobie et la transphobie s’érodent au sud et un peu partout dans le monde, un panel a été rassemblé sur le plateau de l’émission La tête dans les nuances afin de dresser un portrait de la situation au Québec.
Pour discuter avec l’animateur de l’émission, Robert Aubin, trois invités ont pris parole : Michel Dorais, sociologue de la sexualité, professeur titulaire et auteur d’une trentaine d’ouvrages ; Laurent Breault, directeur général de la Fondation Émergence, dont la mission est de lutter contre l’homophobie et la transphobie au Québec et à l’international ; ainsi que François Vanier, directeur général du GRIS (Groupe régional d’intervention sociale) Mauricie/Centre-du-Québec.
Le Québec comme pionnier
D’entrée de jeu, Michel Dorais avance que le Québec représente une société modèle pour d’autres pays en matière de droits des personnes LGBTQ+ et ce, depuis plusieurs décennies.
« Le Québec a été un pionnier. Il faut bien rappeler qu’au Québec, toutes les lois faisant avancer les droits des personnes de la diversité sexuelle et de genre ont été adoptées à l’unanimité, ce qui s’est vu à peu près nulle part dans le monde. Parce qu’ici, on n’a pas de partis de droite ou d’extrême droite qui vont à l’encontre des droits LGBT. Rappelons que le parti considéré le plus à droite a quand même comme chef un homme qui est ouvertement gai et qui vit avec son conjoint », mentionne M. Dorais.
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Si M. Breault est du même avis que M. Dorais sur les avancées institutionnelles pour les personnes LGBTQ+ au Québec, il tient tout de même à rappeler que l’homophobie et la transphobie persistent encore au Québec.
« On a un sondage Léger Marketing qu’on a commandé pour la Journée internationale. C’est 42 % des Québécois et des Québécoises qui se disent indifférents à la cause LGBT et ne comprennent pas son importance. Puis, aux mêmes répondants, qui sont à peu près 1500, c’est plus du tiers de la population qui se dit mal à l’aise de voir deux hommes s’embrasser, puis un cinquième pour deux femmes qui s’embrassent », avance-t-il.
La situation des personnes aînées LGBTQ+
Lorsque l’on entend parler de sensibilisation aux enjeux de la communauté LGBTQ+, il est souvent question des jeunes. Or, selon les estimations de M. Breault, « mathématiquement, il y a plus de personnes aînées LGBTQ+ que de jeunes de 25 ans et moins. Pourtant, on ne les voit absolument pas. C’est vraiment une invisibilité presque totale. Ça s’explique par le parcours de ces personnes qui ont vécu dans une société hostile, qui ont appris à cacher, à ne pas le dire. »
« C’est inquiétant pour les aînés actuellement qui font partie de la communauté. “Quand vient le moment d’aller dans une résidence, comment est-ce que je vais être reçu? Est-ce que je vais recevoir les soins aussi bien qu’une personne hétérosexuelle ?” Il y a beaucoup de questions à se poser à ce niveau là », plaide M. Vanier.
Je me souviens… de l’histoire des droits LGBTQ+
M. Dorais note qu’« assez curieusement, dans les communautés LGBT aussi, il n’y a pas beaucoup de collaboration, de transmission intergénérationnelle ».
Selon M. Breault également, la transmission intergénérationnelle est essentielle : « Pour les générations plus jeunes qui n’ont pas mené les luttes législatives, c’est important de leur raconter comment ça s’est fait, comment ça s’est passé pour les sensibiliser. Puis quand il y aura des acquis, qu’ils soient quand même minimalement armés pour les préserver et se mobiliser », ajoute-t-il.
Comment bien accompagner la communauté LGBTQ+ ?
Plusieurs pistes de solutions sont abordées par les trois invités afin de manifester son soutien aux personnes issues de la diversité sexuelle et de genre. Parmi elles, on peut nommer le signalement des commentaires homophobes et haineux sur les réseaux sociaux ou encore l’affichage de symboles pro-LGBTQ+ tels que des autocollants.
M. Vanier invite d’ailleurs la population mauricienne et centriquoise à participer aux événements locaux autour du 17 mai, que M. Dorais qualifie d’ailleurs de « festifs ». Ce dernier propose aux personnes alliées de se montrer plus solidaire des autres minorités en général, y compris les personnes aînées.