Un texte de Ruth Charbonneau, Intervenante psychosociale
Le 20 septembre 2024 est bien plus qu’une simple date au calendrier, il s’agit en fait de la journée d’action contre les violences sexuelles faites aux femmes (JACVSFF). Cette journée si importante est portée depuis 1981 par le Regroupement Québécois des CALACS (Centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel) et elle vise à mettre en lumière l’ampleur du problème des violences sexuelles faites aux femmes.
Les agressions sexuelles : une problématique bien ancrée
Les violences sexuelles touchent des personnes de tous horizons, sans distinction d’âge, de classe sociale ou de culture. Alors pourquoi une journée spécifiquement pour les femmes? Selon les statistiques, 83% des victimes d’agression sexuelle sont des femmes (Table de concertation sur les agressions sexuelles de Montréal). Les violences sont donc majoritairement vécues par des femmes et c’est ce que la JACVSFF cherche à démontrer. À noter qu’il nous importe de mentionner que cette statistique n’invisibilise toutefois pas toutes les autres victimes de violence sexuelle.
Bien qu’il y ait eu beaucoup de progrès en matière de sensibilisation et de législation, ces violences demeurent un phénomène trop fréquent. Les statistiques sont alarmantes et chaque chiffre masque une histoire de souffrance. Il est donc crucial de maintenir la lutte, notamment dans un contexte où des idéologies extrêmes tendent à banaliser ou à nier les réalités liées aux violences sexuelles.
Pourquoi poursuivre la lutte?
Les droits des femmes ne sont pas acquis et demeurent encore fragiles. Regardons seulement ce qui se produit avec le droit à l’avortement dans certains états américains… Nous devons continuer de travailler collectivement pour les conserver, or, les discours haineux fusent et les idées de la droite radicale gagnent du terrain, menaçant de les faire régresser. Ces discours et idéologies minimisent les violences faites aux femmes, voire les justifient sous le couvert de traditions ou d’un certain « ordre moral ». Il suffit d’aller lire ou d’écouter les commentaires de certains adeptes de cette mentalité pour comprendre à quel point la question est liée à un système d’oppression et de domination sur la femme.
Maintenir la lutte contre les violences sexuelles est donc essentiel, d’autant plus que les mythes et préjugés entourant ces agressions sont toujours bien vivants. Trop souvent, les victimes sont réduites au silence par crainte de ne pas être crues ou par la peur des représailles. La JACVSFF est donc un rappel de notre rôle à jouer dans la création d’un environnement où les personnes survivantes peuvent parler librement afin d’être entendues et d’être crues.
Une lutte qui nous concerne tous
La lutte contre les violences sexuelles implique tout le monde, car elles font partie d’un problème social et non individuel. Nous avons tous ont un rôle déterminant à jouer dans ce combat, soit en dénonçant des comportements toxiques, soit en soutenant les survivant.e.s , soit en participant à l’éducation des jeunes et moins jeunes générations sur le consentement et le respect, et bien d’autres avenues.
Chaque année lors de la JACVSFF, nous avons la possibilité de prendre part à la lutte contre les violences sexuelles. Ce combat est celui de tous, pour aujourd’hui et pour les générations à venir. Ensemble, nous devons continuer à briser le silence et à renforcer notre engagement pour cette lutte.