Julie Verreault, mars 2016
Le 8 mars 2015, Bambara Zénabo a fêté la journée internationale des femmes à Ouagadougou, sa ville natale et capitale du Burkina Faso. Là-bas, le 8 mars est un jour férié célébré autant par les hommes que par les femmes. Pour l’occasion, ces dernières se confectionnent des pagnes, c’est-à-dire des blousons et des chemisiers, avec des tissus imprimés selon la thématique de l’année. Pour leur part, les hommes font les courses et les repas. Nombre d’entre eux s’habillent et se maquillent en femmes pour faire honneur à celles-ci, tandis que nombre de femmes s’habillent en homme avec veston et pantalon pour le plaisir d’inverser les rôles et de rire un peu. En 2015, la thématique de la journée portait sur les possibilités qu’offrent les formations professionnelles pour l’épanouissement de la femme. Bambara avait pour l’occasion cousu un chemisier pour son fils Amir, trois ans, qui le porte fièrement lors de notre rencontre.
Bambara est le modèle type de la femme africaine éduquée, urbaine et remplie de potentiel. Elle a quitté son poste de secrétaire au ministère de l’Économie et des Finances pour venir rejoindre son mari qui poursuit des études universitaires à Trois-Rivières. Arrivée fin avril avec son fils, elle a commencé à travailler en mai : distribution de Publisac et cueillette de framboises puis de pommes de terre. Elle travaille maintenant à temps plein comme préposée aux bénéficiaires dans une résidence pour personnes âgées où elle est très appréciée. Elle souhaite poursuivre ses études pour obtenir une certification en soins auprès des personnes âgées ou une mise à niveau en secrétariat et se prépare présentement aux examens d’entrée. Bambara dit avec ses yeux pétillants d’enthousiasme avoir l’amour des deux professions. Sa principale crainte quant au métier de secrétaire au Québec est le fait que son français est un peu différent du français québécois. Elle croit que cela pourrait dissuader des employeurs de l’embaucher.
Selon Bambara, en Afrique, les femmes ont encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à l’égalité avec les hommes. Pour le moment, la plupart des femmes qui exercent une profession et travaillent à l’extérieur doivent aussi voir à l’ensemble des tâches domestiques. De plus, le problème de l’excision y est encore trop répandu. Mais les choses évoluent tranquillement. Bambara note que son mari a changé depuis qu’ils sont au Canada. Il s’occupe des soins de leur fils et participe aux tâches ménagères : « Il voit que je travaille autant que lui à l’extérieur et on s’entraide ». Elle croit que l’influence du milieu compte pour beaucoup dans le changement des mœurs.
Bambara est membre du comité de femmes du Comité de solidarité de Trois-Rivières depuis l’automne 2015. L’engagement dans la communauté et particulièrement la promotion des droits de la femme revêtent pour elle une grande importance. Elle aimerait bien que la journée du 8 mars soit l’occasion d’une grande fête ici, comme cela l’est dans son pays natal. Parions que sa vitalité et son dynamisme vont être communicatifs et amener les femmes et les hommes d’ici à célébrer le chemin parcouru.