Le 8 juillet dernier, l’artiste trifluvienne Gabrielle Proulx, alias Verlene, montait sur la scène du Quai du Festivoix pour offrir une performance aux accents de grandiose. Peu avant, nous la rencontrions. Il semblerait que derrière cette chevelure folle se cache une artiste habitée et fougueuse, mais aussi une pédagogue inspirante.
L’œuvre la plus audacieuse en carrière
Verlene sortait son tout premier EP, Immoler les ombres, en 2016, puis son deuxième, Corset de chair, en 2018. Alors que le simple « Le tout et le néant » était présenté au public tout récemment, l’album dans lequel il s’inscrit devrait être prêt en automne ou encore en hiver. « Ça va dépendre de mon niveau d’énergie ! », explique-t-elle.
Lorsqu’on évoque ce nouvel album, Arcanes majeurs, elle répond immédiatement : « C’est le meilleur album que j’ai fait de ma vie. Oh oui. C’est l’œuvre la plus audacieuse que j’ai eue à faire. »
Celle qui a une affinité pour le mystique et l’histoire avait entamé des recherches sur l’histoire du tarot de Marseille, en travaillant en collaboration avec un chercheur français, Christophe Poncet, qui après trente ans de recherches, a enfin trouvé les origines du tarot de Marseille.
« Il a découvert que les cartes de tarot, c’est un jeu pédagogique pour apprendre la philosophie de Marsile Ficin, qui est un philosophe du 15e siècle qui a été le premier à traduire les écrits de Platon. Pour chaque carte de tarot, il y a des symboles qui sont là pour enseigner la philosophie de Platon, avec des éléments bibliques, parce qu’on était à l’époque de l’Inquisition romaine. Chaque carte représente un concept philosophique, et je m’inspire de chacune des cartes pour les chansons. »
Mille sources d’inspiration
Gabrielle Proulx semble ainsi s’inspirer de mille sources pour ses compositions. Elle partage qu’avec ce dernier album, il s’agit d’un retour aux sources : « Il y a encore le côté grandiose qu’on retrouvait dans les autres, mais il y a un côté très rock alternatif qu’on retrouve ; Alanis Morrissette, les années 90 finalement, d’où je viens ! » Parmi ses autres influences, citons la musique de film, mais aussi Radiohead, Florence + the Machine, Björk et Woodkid.
Elle a pu compter sur un collaborateur clé pour la création d’un album en pleine pandémie, avec des instruments enregistrés à distance : Philippe Coulombe, réalisateur de l’album, mais aussi joueur de batterie dans le groupe. On pouvait d’ailleurs le voir jongler avec ses baguettes le jour du spectacle du Festivoix (jongler, littéralement).
Mettre la relève devant soi
Or, l’instrument vedette du son de Verlene reste la guitare, même si l’artiste entretenait une relation complexe avec cette passion de musicienne. « La pandémie, sur certains plans, ça a été une bénédiction pour moi. J’ai attaqué des bebittes, j’ai reconnecté avec mon instrument. Je faisais beaucoup d’anxiété de performance avec ma guitare alors je n’en jouais presque pas. » Or, avec ce nouvel album, Gabrielle Proulx s’y est donnée à coeur joie : « J’en ai mis partout, dit-elle en riant. Je me suis même permis de faire un solo de guitare, ce que je n’aurais jamais fait avant. Ça a été très salvateur, ce processus-là. »
Juste après avoir elle-même renoué avec son instrument, sa passion pour l’enseignement de la guitare est née. Grâce à l’initiative du Festivoix, Gabrielle Proulx a réalisé une médiation culturelle avec des jeunes de l’école secondaire Chavigny, où elle y enseigne d’ailleurs la guitare.
C’est ainsi que pour deux chansons, pas moins de six guitaristes en herbe ont foulé les planches de la scène du Quai, après plusieurs mois de répétitions. Cela en dit beaucoup sur le dévouement de Verlene, puisqu’elle a placé ces six jeunes et leur instrument en face d’elle, au lieu de derrière.
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« La musique, c’est un langage universel. Moi, c’est ça qui m’a fait capoter. La différence entre les élèves était tellement grande, c’était tellement beau à voir. Ce sont des personnes qui ne se seraient peut-être même pas parlées en-dehors de cette activité-là, ils ont tous connecté ensemble, il y a un respect envers tout le monde, même si les personnalités divergent, même si les looks divergent… Ils construisaient quelque chose en commun et ils se sont vraiment soudés, ils ont un sentiment d’appartenance qui est vraiment fort, c’était magnifique de voir ça. »
L’artiste, qui avait été autrefois enseignante de français, peut maintenant explorer toutes ses passions à la fois : la langue française, grâce à ses compositions ; la guitare, grâce à ses cours de guitare ; et la musique en général, grâce à cette carrière qui prend son envol.
Verlene présentera un spectacle en solo intime et enchanteur à l’amphithéâtre du Parc récréoforestier de Saint-Mathieu-du-Parc le 6 août prochain. Avec une telle ambiance mystique, le public saura sans doute en retirer des souvenirs mémorables.