Laura Lafrance – Dossier Économie sociale: Les défis de collectivité
Selon l’Alliance internationale de la coopération (International Co-operative Alliance), une coop se doit de respecter sept principes afin de mettre en pratique les valeurs centrales de démocratie, d’équité et de solidarité. Le cinquième principe provenant de la Déclaration sur l’identité, les valeurs et les principes coopératifs, stipule qu’il revient aux coopératives elles-mêmes d’éduquer leurs membres et de les former de façon à ce qu’ils et elles puissent contribuer au développement de la coopération. Il serait aussi le devoir des coopératives d’informer la population à propos de la nature et des bénéfices liés à cette forme juridique.
Il semble toutefois difficile sur le terrain d’appliquer le principe d’éducation au sein des coops, puisque l’éducation des nouveaux membres ne peut se limiter simplement à l’autodidaxie et que la responsabilité de former des « bons coopérants » incomberait uniquement aux dirigeants. Dans l’éventualité où le groupe dirigeant manquerait de temps ou d’expertise ou encore ne désirerait simplement pas partager le pouvoir (autre grand principe coopératif), comment le milieu de la coopération peut-il assurer que les membres en devenir d’une coop reçoivent des informations et une éducation objective ? Le principe d’éducation au sein d’une coopérative remis ainsi entièrement entre les mains des administrateurs ne marquerait-il pas les limites de ce modèle ?
Chez Coopsco Trois-Rivières
Jason Rivest, président de Coopsco Trois-Rivières, avance que faire de la formation sur les principes du modèle coopératif est une obligation légale que son entreprise respecte à différents niveaux. En effet, ce dernier souligne qu’au niveau local, les membres de la coopérative bénéficient d’une formation à cet égard lors de leur assemblée générale annuelle : les 85 000 membres de la coopérative y sont invité.e.s. Le conseil d’administration de Coopsco Trois-Rivières a mis sur pied un Comité d’éducation coopérative pour promouvoir ce modèle économique. M. Rivest explique que la coop offre également, à chaque rentrée, des séances d’informations à la communauté étudiante de l’UQTR et des Cégeps. Le président ajoute que « la coopérative fait partie d’une fédération qui offre elle-même de la formation sur notre modèle. »
Le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), auquel est affilié Coopsco Trois-Rivières, engage des individus pour faire la promotion des avantages et des distinctions du modèle coop auprès des jeunes de 5 à 35 ans. M. Rivest fait valoir que Coopsco est membre de Coopératives et mutuelles Canada (CMC) et de l’Alliance coopérative internationale, soit deux instances qui ont pour but d’éduquer la population sur les principes du modèle coopératif.
Les limites du modèle
L’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS) publiait en 2012 le livre Sens et pertinence de la coopération : un défi d’éducation. Les auteurs et autrices, issu.e.s du milieu universitaire, expliquent que « le rôle de l’éducation à la coopération à l’intérieur d’une telle organisation entrepreneuriale ne se limite surtout pas à présenter son cadre normatif de principes et de valeurs, mais à l’utiliser pour renouveler continuellement la vision coopérative de l’être humain et de ses liens avec sa collectivité. » La coopérative étant comme « une école où les membres apprennent […] à humaniser ses différentes activités toujours plus complexes », il semble pour les auteurs.trices qu’il faille constamment repenser l’aspect éducatif au sein d’une coop afin de s’assurer qu’il soit toujours accessible et actuel.