Carol-Ann Rouillard, avril 2018
Le 22 avril 2012, près de 250 000 citoyens sont rassemblés dans les rues de Montréal dans le cadre du jour la Terre. Cette foule composée d’étudiantes et d’étudiants, en grève depuis plusieurs semaines, mais aussi de citoyennes et de citoyens qui dénonçaient les façons de faire du gouvernement et réclamaient des changements dans la façon d’exploiter nos ressources naturelles.
Six ans plus tard, comment se porte l’implication citoyenne sur des enjeux environnementaux et sociaux ?
Dialoguons-nous suffisamment avec nos représentants et représentantes politiques? Je ne crois pas. On ne peut espérer que nos élus et élues soient en mesure de bien nous représenter si on leur fait rarement part de nos préoccupations. À part publier des lettres d’opinion, quelles sont nos options ? Les structures plus formelles impliquent des processus souvent longs et complexes, qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Ainsi, la discussion politique se trouve rapidement concentrée entre les élus et élues et un nombre restreint de personnes déjà familières avec les procédures.
Le milieu politique est-il suffisamment à l’écoute de la population ? Certaines personnes pourraient faire mieux. Lorsque des citoyens et citoyennes motivées se font un devoir de faire bouger les choses, elles se heurtent trop souvent à un processus laborieux et des élus et élues peu réceptives. Les changements sont longs et il faut s’armer de patience et de volonté. Le projet pilote de compostage collectif à Trois-Rivières en est un bel exemple. Le groupe à l’origine du projet, les Incroyables comestibles, a dû s’y prendre à plusieurs reprises pour être en mesure de faire adopter son projet. Dans la même lignée, il a fallu plusieurs années avant que le conseil municipal n’accepte d’attribuer une subvention aux familles qui souhaitaient faire l’achat de couches lavables. Pourtant, une telle mesure contribue à réduire les déchets, et ainsi, les couts d’enfouissement des déchets. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps alors que plusieurs personnes réclamaient cette mesure depuis longtemps ?
Je rêve d’une société où l’on peut faire mieux, où les décisions prises par nos élus et élues reflètent davantage la volonté de la population. Je rêve d’une démocratie plus participative où le dialogue entre la population et les instances politiques constitue la norme et se traduit par la réalisation de projets communs.
Il existe déjà de belles initiatives desquelles on gagnerait à s’inspirer. À Nicolet, par exemple, on compte un groupe composé de citoyennes et de citoyens qui revoient les projets du conseil municipal et émettent leur avis. Ce mode de fonctionnement permet une meilleure rétroaction et un meilleur dialogue entre les élus et élues et la population. Que dire aussi de la décision de réserver une portion du budget de la Ville pour des projets citoyens. Shawinigan s’est d’ailleurs inspirée de cette idée nicolétaine, et plus de villes devraient le faire ! Faisons en sorte que l’on n’ait plus besoin d’être 250 000 personnes dans les rues pour faire bouger les choses. Les outils existent, employons-les.