Comité de solidarité de Trois-Rivières, mars 2015
Selon le gouvernement Harper, le terrorisme serait une telle menace à la sécurité mondiale et à celle des Canadiens, qu’il faut absolument débloquer des centaines de millions $, adopter la Loi C-51, et envoyer nos soldats combattre les barbares de l’État islamique (ÉI). Peu importe que le projet de loi C-51 prévoie de graves atteintes à nos droits et libertés. Peu importe que l’intervention militaire contre l’ÉI nourrisse et amplifie ce conflit au lieu de le régler. Le dernier budget fédéral prévoit d’ailleurs 432 millions $ de plus en 2015-2016 pour lutter contre le terrorisme et « protéger les Canadiens ».
Mais le terrorisme constitue-t-il un si grave danger qu’il faille induire autant de peur dans la tête des Canadiens, changer les lois, mobiliser l’armée et la GRC… et y consacrer 432 millions $ supplémentaires? Sans nier la gravité des attentats qui ont tué deux militaires à St-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa en octobre 2014, il reste que d’autres problèmes, de par leur ampleur et leur urgence, justifieraient une action énergique du gouvernement, ne serait-ce que parce qu’ils causent davantage de décès… et qu’ils sont plus faciles à régler.
Chaque année dans le monde, environ 600 000 personnes meurent du paludisme. Environ 500 000 autres meurent aussi d’une simple diarrhée parce qu’ils boivent une eau insalubre. Au Canada, 13 % des enfants vivent dans la pauvreté. Près de 900 000 Canadiens reçoivent l’aide de banques alimentaires chaque mois. En Mauricie seulement, la direction de la santé publique estime à 150 par année le nombre de décès dus à la pauvreté. À l’échelle du Canada ce pourrait donc être environ 20 000 par année. M. Harper ne songe toutefois pas à changer les lois du pays et à consacrer plus d’argent pour enrayer ces trop nombreux décès. Chaque année, environ 9 Canadiens meurent frappés par la foudre. En d’autres mots, nous avons plus de risques de mourir à cause de la foudre que de mourir à cause du terrorisme. En d’autres mots, les actions du gouvernement Harper sont-elles disproportionnées?