Un texte de Johanne Rocheleau – Comité de coordination de Terre précieuse
Je suis une militante engagée absolument convaincue que chaque petit geste pour l’environnement vaut la peine d’être posé. Je tiens résolument à ce que ma petite-fille de 10 ans et vos enfants puissent respirer à pleins poumons et boire une eau de qualité tout au long de leur vie. Mais en matière d’environnement, je suis plus souvent confrontée aux mauvaises nouvelles plutôt qu’aux bonnes ! Cependant ce mois-ci, je suis ravie ! Et pour cause !
Deux professeur-es universitaires, Monique Poulin, de l’Université Laval, et Alain Rousseau, de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), ont produit une analyse détaillée des services hydrologiques (c’est-à-dire qui concernent l’étude des cours d’eau) et écologiques (qui respectent l’équilibre de la nature) des milieux humides de la ville de Québec. C’est la première fois qu’on voit une telle collaboration ! Mais qu’est-ce que ça veut dire et en quoi est-ce une très bonne chose pour nous en Mauricie ?
D’abord, c’est vraiment génial pour une Ville de pouvoir compter sur des scientifiques pour mieux comprendre les impacts de ses décisions à long terme. Les scientifiques disposent de données depuis de nombreuses années. Ils peuvent les utiliser pour élaborer des scénarios et simuler ce qui va se passer dans 25 ou 50 ans. La plupart du temps « l’établissement de cibles de conservations est rarement basé sur une évaluation scientifique et plutôt négocié à partir d’objectifs internationaux ». [1] C’est donc très important de considérer des faits et des données pour mieux comprendre ce qui va se passer sur le plan climatique.
Ces professeur-es ont dégagé des projections climatiques qui nous font bien voir que les milieux humides jouent un double rôle, soit de réduire les risques d’inondations lors de crues, et de réduire la sévérité des étiages (les niveaux les plus bas d’un cours d’eau) lors de sécheresses. Quand je vous disais que nos milieux humides agissent comme de véritables éponges (voir l’article de novembre 2024) ! Eh bien, c’est ce rôle qui sera le plus important au cours des prochaines décennies.
Cependant, les professeur-es Poulin et Rousseau ont aussi fait ressortir que les crues printanières seront moins fréquentes et moins importantes à partir de 2060-2100. Les étiages seront plus fréquents et sévères, causant des problèmes d’approvisionnement en eau potable. [2] Réduire notre consommation d’eau potable à 220 litres par personne et par jour est donc plus que nécessaire à Trois-Rivières, et on peut se féliciter que la Ville ait adopté cet objectif. [3] Bravo ma Ville !
Finalement, les professeur-es Poulin et Rousseau ont aussi démontré que nous ne pouvons pas perdre de milieux humides et qu’il faut davantage miser sur l’augmentation de leur superficie et leur restauration afin de contrer les effets des changements climatiques sur les débits des rivières. Cessons donc dès maintenant de vouloir les remblayer !
De toute cette collaboration, ce qui me réjouit tout particulièrement, c’est qu’on peut maintenant s’appuyer sur des éléments méthodologiques documentés. Nous pourrons mieux évaluer le rôle des milieux humides dans la régulation des crues et des sécheresses sur notre territoire en Mauricie. Cela nous permettra aussi déterminer et de prioriser les milieux humides à restaurer et à conserver. J’ai même appris que le gouvernement du Québec s’est donné un programme en cette matière (Programme de restauration et de création de milieux humides et hydriques) ! [4] Qui sait, on va peut-être être capables de sauver les milieux humides du Carrefour 40-55 ? Croyez-moi, il est encore temps ! Rendez-vous sur notre site Web www.terreprecieuse.org pour en apprendre davantage sur nos fantastiques milieux humides.