Steven Roy Cullen
De mouvement dénonciateur à chien de garde
Les inquiétudes exprimées par Sébastien Houle en ouverture du présent dossier sont partagées par plusieurs. Après tout, ne veut-on pas le meilleur pour nos enfants? Mais que faire lorsque les ressources destinées à offrir le meilleur ne sont pas au rendez-vous?
En mai 2015, des parents préoccupés par les effets cumulatifs des compressions budgétaires sur les services aux élèves ont lancé une invitation à protéger les écoles publiques du Québec en créant des chaînes humaines autour desdites écoles. En l’espace de quelques mois, ce premier appel à la mobilisation est devenu un véritable mouvement citoyen à l’échelle de la province.
Aujourd’hui, le mouvement Je protège mon école publique continue ses coups d’éclats pour réclamer un réinvestissement majeur dans le système d’éducation québécois. Par contre, de l’avis de sa porte-parole, Mme Pascale Grignon, la fréquence de ces coups devrait diminuer, du moins pour l’instant. « [L’année dernière], on était au niveau de la dénonciation, maintenant, je te dirais qu’on est plus dans un rôle de chien de garde », indique-t-elle.
« Le gouvernement nous a clairement entendus. Tous les partis confondus ont inscrit soudainement l’éducation comme priorité et c’est très bien. Pour les Libéraux, c’est un sérieux volteface », souligne Mme Grignon. Cette dernière précise toutefois que le mouvement demeurera vigilant et rappellera sa présence aux moments clés pour s’assurer que les bottines suivent les babines. Parmi ces moments clés, la rentrée du 1er septembre dernier.
« C’était la 10e édition des chaînes humaines en un peu plus d’un an. Pour nous, c’est important d’être présents le 1er septembre, mentionne Mme Grignon. Au‑delà de l’opportunité médiatique, c’était aussi important pour nous de continuer à parler, de faire comprendre au gouvernement que les parents ne sont pas dupes ». En ce sens, elle donne l’exemple des annonces de réinvestissement faites par le gouvernement avant la rentrée scolaire dans différentes régions du Québec. Ces annonces portaient sur « des sommes qui avaient déjà été inscrites au budget de mars. Donc, ce n’était pas de l’argent nouveau qui nous arrivait ».
En fait, elle nous rappelle que « sur les six dernières années, il y a plus d’un milliard qui a été coupé dans les budgets d’éducation ». L’argent « annoncé » avant la rentrée n’est donc pas suffisant pour combler le retard. « [Les enfants présentement sur les bancs d’école] vont vivre leur parcours scolaire dans un contexte de surpopulation. Ils vont vivre quotidiennement et de plein fouet les conséquences des coupes. Malheureusement, si on n’agit pas tout de suite, c’est cette génération-là qui va être sacrifiée », s’indigne Mme Grignon.
Depuis la naissance du mouvement Je protège mon école publique, près de 125 000 personnes ont pris part aux chaînes humaines formées devant 615 écoles primaires et secondaires du Québec, soit le quart des écoles de la province. Mme Grignon salue d’ailleurs les parents, qui partout au Québec, ont participé aux chaînes humaines, collaboré à leur organisation ou coordonné les efforts de mobilisation déployés. Elle invite, de plus, les gens de la Mauricie à prendre contact avec le mouvement que ce soit pour communiquer leurs préoccupations ou pour offrir un coup de main.