
Judith McMurray, 17 juin 2019
Le tout premier long-métrage de Monia Chokri, La femme de mon frère, a pris l’affiche le 7 juin dernier au Cinéma le Tapis Rouge à Trois-Rivières. Après avoir récolté la statuette d’Un Certain Regard – Jury Coup de Cœur au Festival de Cannes, le film était très attendu sur les grands écrans d’un peu partout au Québec.
La réalisation met en vedette Sophia (Anne-Élisabeth Bossé), cette doctorante dans la mi-trentaine qui d’entrée de jeu, ne parviendra pas à décrocher le poste qu’elle convoitait à son université. N’étant ainsi pas en moyen, elle ira vivre chez son frère Karim (Patrick Hivon) avec lequel elle entretient une relation quasi-fusionnelle. Tel que le titre de l’œuvre le laisse sous-entendre, l’arrivée d’une nouvelle femme (Evelyne Brochu) dans la vie de son frère viendra chambouler leur quotidien.
Le film a un ton bien particulier. Il oscille entre le drame existentiel et la comédie. L’amalgame des deux genres est d’ailleurs très efficace grâce aux dialogues parfois hérissants, parfois hilarants. Cet équilibre témoigne d’un souci de réalisme puisqu’en effet, la vie est à la fois parsemée d’amour et de haine. À ce propos, tous les acteurs et actrices de la production livrent des performances incroyables! On ne serait d’ailleurs pas étonnés de les voir parcourir le tapis rouge du Gala Québec Cinéma l’an prochain.
La femme de mon frère a un esthétisme très vintage dans le choix de ses cadrages et de ses couleurs. On y constate entre autres des similitudes avec le cinéma de la Nouvelle Vague française des années 50. Il y a donc plusieurs coupures de plans sous fond rose, des Jump cuts d’images et de son, des plans très rapprochés, etc. Bref, Chokri a opté pour un visuel rempli d’audace et ça fonctionne à merveille. La musique du long-métrage quant à elle sert adéquatement le propos. On y retrouve notamment des mélodies classiques, de la pop rétro et de la musique électronique. Ce mélange quelque peu improbable est finalement à l’image du film : un récit doux et amer.
Plusieurs thèmes substantiels sont abordés dans ce long-métrage. Que ce soit les liens familiaux, les relations de couple, la maternité (ou le désir de ne pas avoir d’enfant), le militantisme de gauche, le milieu universitaire : tous sont approfondis. La réalisatrice parvient effectivement à développer chacun de ceux-ci avec finesse en un peu moins de deux heures.
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Il y aurait toutefois essentiellement un point négatif à émettre. L’ensemble de l’œuvre semble légèrement niché dans un cadre « intello ». D’abord, le film a été réalisé par une intellectuelle. Ensuite, on y met de l’avant une intellectuelle. Enfin, il est sans aucun doute destiné à un public d’intellectuels. Malgré tout, il faut souligner que par son humour et son histoire relativement accessible, monsieur-madame Tout-le-monde parvient à y trouver son compte. Nous le recommanderions à tous.
Le long-métrage La femme de mon frère est actuellement à l’affiche au Tapis Rouge de Trois-Rivières.
Note globale : 8/10