Pour faire entendre leur voix en ce Jour de la Terre, une vingtaine de citoyens, de citoyennes et de représentant(e)s d’organismes communautaires se sont présentés devant les bureaux du député libéral à Shawinigan. Scandant les slogans « Trudeau, Guilbeault, sortez-vous la tête de l’eau ! », « Champagne docile face aux énergies fossiles ! », ils demandent à François-Philippe Champagne de se positionner contre le projet pétrolier Bay du Nord.
« Écoutez la science, écoutez les citoyens ! »
Les manifestant(e)s rappellent que monsieur Champagne, en sa qualité de ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, devrait se faire le porte-parole de la science au sein du gouvernement du Canada. Or, « la science, par le dernier rapport du GIEC, dit que nous n’avons que trois ans pour faire les changements qui s’imposent pour éviter le pire sur le plan climatique. Il n’y a plus de place pour les développements pétroliers » explique Marc Benoît, coordonnateur du Regroupement des organismes d’éducation populaire autonome de la Mauricie (ROÉPAM).
« Tout le monde parle de la guerre et de la pandémie, ce sont des tragédies. Mais l’autre tragédie c’est que le Canada et la Norvège ont décidé main dans la main, d’approuver un projet d’exploitation pétrolière d’environ 200 000 barils de pétrole par jour alors que la crise climatique bat son plein » lance-t-il. « Avec cette décision, le gouvernement fait exactement l’inverse de ce que la science prescrit. »
Rappelons que le projet pétrolier Bay du Nord, de la compagnie norvégienne Equinor, consiste en la construction et l’exploitation d’une installation flottante de production de pétrole et de gaz extracôtier, qui se situe à l’est de Terre-Neuve, dans l’océan Atlantique. Le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a récemment octroyé les autorisations fédérales pour ce projet.
Changements climatiques et inflation
Sébastien Bois, intervenant en défense des droits au Service d’aide au consommateur souligne que tous les consommateurs vont écoper de la crise climatique : « Il y a actuellement de l’inflation, mais on n’a rien vu ! Quand on n’intègre pas les facteurs écologiques dans l’équation économique, c’est tout le monde qui paie. Combien va-t-on payer pour cette dette écologique ? Ce sont les gens les plus démunis qui seront les plus touchés. »
Même son de cloche pour Marc Benoît qui précise que les changements climatiques affectent directement l’agriculture et donc la nourriture. « Puisque cela s’ajoute à la pandémie et à l’hyperinflation, on appréhende donc un appauvrissement généralisé de la population. »
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Pour ces raisons, les organismes communautaires se sentent désormais interpellés par ces questions qui ne sont plus considérées comme seulement environnementales. « Les gouvernements du Canada et de Norvège sont complices dans leur déni de la crise climatique. Malheureusement, ce déni aura des conséquences graves sur la population de nos deux pays », s’inquiète Marc Benoît.
Le ROÉPAM prépare d’ailleurs une lettre qui sera envoyée au ministre norvégien responsable de la compagnie pétrolière Equinor, majoritairement détenue par le gouvernement de la Norvège.
Après la manifestation, deux participants ont été invités à l’intérieur pour exprimer leurs préoccupations aux membres du personnel du bureau du ministre Champagne.
Parmi les autres organismes présents, mentionnons le Centre d’action bénévole Trait d’Union, le Groupement pour la défense des droits sociaux de Trois-Rivières (GDDS), le Comité de Solidarité/Trois-Rivières et le Centre d’amitié autochtone de Shawinigan.