Jennifer St-Yves-Lambert, agente de développement culturel et touristique, MRC de Maskinongé, juin 2019
Artiste multidisciplinaire, Marie-Jeanne Decoste utilise différents médiums et techniques pour exprimer son message : peinture, dessin, photographie, sculpture, installation et estampe numérique. Elle s’intéresse à la mémoire, à l’histoire et aux racines québécoises, et ses diverses sources d’inspiration touchent le paysage, la géographie, les symboles identitaires ainsi que la façon dont les humains occupent le territoire.
Marie-Jeanne est assise sur une causeuse avec son conjoint, une revue Le Sabord à la main, absorbée par sa lecture. Aperçue sur Facebook, la scène paraît tout à fait banale : un couple qui profite du confort de son salon, après une longue journée de travail. Mais ils ne sont pas installés dans la maison. Le décor est plutôt campé à l’extérieur, en plein champ, devant une grange qui a besoin d’un peu d’amour à Saint-Justin. Le titre de la photographie est évocateur et représente bien l’artiste : Mon décor, ma culture, mon agri-culture : j’y tiens !
Choisir Saint-Justin
Le choix de s’établir dans le patelin de son enfance s’est fait en 2010, pour la qualité de vie et pour la famille. Son regard d’artiste a alors redécouvert le territoire qui est devenu un nouveau monde à explorer, comme s’il s’agissait d’une deuxième rencontre avec son village. La campagne justinienne est véritablement un terreau fertile pour sa création. De fait, en art contemporain, le monde rural est peu représenté, et Marie-Jeanne a décidé d’en faire son terrain de jeu. Pour elle, la vie d’artiste à la campagne a ses avantages. Lorsqu’on est loin des centres urbains, le fait d’être moins nombreux facilite la formation d’un réseau artistique, l’art numérique et Internet permettent d’abolir les frontières et les distractions liées à l’effervescence de la ville et offrent ainsi la possibilité pour l’artiste de se centrer sur ses projets.
Vivre de son art
Même pour l’artiste professionnelle qu’elle est, vivre de son art n’est certainement pas chose facile. Marie-Jeanne consacre beaucoup de temps à la recherche de subventions, à la préparation de dossiers pour ses projets, à la rédaction de demandes. Elle doit toujours être proactive et ne compte pas ses heures. D’ailleurs, elle multiplie les petits emplois pour maintenir une belle qualité de vie. En riant un peu, elle avoue qu’il faut être multitâche et faire plusieurs contrats qui ne sont pas toujours directement liés à la production artistique. Autre constatation : les lieux de diffusion et d’échange entre artistes et citoyens manquent cruellement en région. En revanche, l’aide financière offerte par le CALQ et les partenaires de la Mauricie, dont elle a bénéficié en 2017, a donné un sérieux coup de pouce.
« Comme artiste, je dois m’inspirer de qui je suis, de ce que je connais et du territoire où j’habite pour rester vraie » – Marie-Jeanne Decoste
Des projets ancrés dans la ruralité
Quand on a la fibre artistique en soi, les obstacles tombent et la créativité prend le dessus. Membre de l’Atelier Presse Papier et étudiante à la maîtrise en art à l’UQTR, Marie-Jeanne voit l’avenir d’un œil positif. Pour elle, les artistes peuvent apporter un regard neuf dans plusieurs projets de société, et tous auraient avantage à s’asseoir ensemble pour échanger. Pourquoi ne pas mettre en place des îlots de création en milieu rural? Ces espaces, éphémères ou non, permettraient aux artistes et aux citoyens de se rencontrer pour créer et échanger. Lorsqu’on offre un lieu à l’art, c’est inévitable, les idées fusent et les projets surviennent!
Marie-Jeanne Decoste rédige présentement un mémoire de maîtrise en art à l’UQTR qui s’intitulera « La ruralité, champ d’action et de réflexion »
Elle a reçu une bourse d’excellence de 2e cycle pour ses résultats académiques
À l’été 2019, elle participera à « Sauvage comme la rue 2 » et elle se rendra à l’Université de Picardie Jules-Vernes à Amiens (France)