Le 12 août dernier, au coin des rues Notre-Dame et des Forges, en plein cœur du centre-ville de Trois-Rivières, a eu lieu la soirée d’inauguration du bar La Diversité. L’endroit, qui est le premier bar 2SLGBTQ+ à Trois-Rivières, est également l’un des seuls établissements du genre dans la région de la Mauricie. Considérant que les expériences quotidiennes vécues par les personnes vivant sur le spectre de la diversité sexuelle et de genre peuvent souvent être teintées de microagressions, voire de violence, quelles mesures peuvent être prises pour que ces endroits soient réellement un espace sécuritaire pour ces personnes ?
Tandis que certains individus soulignent quelques erreurs « graves » commises par le bar, le propriétaire David Côté se dit satisfait de ce dont il y a été témoin, mais mentionne néanmoins qu’« il y aura toujours des choses à améliorer. »
L’importance de la communauté
Pour François Vanier, directeur général du Groupe régional d’intervention sociale (GRIS) Mauricie/Centre-du-Québec, organisme communautaire axé sur la diversité sexuelle et de genre, un endroit comme La Diversité peut créer « un sentiment d’appartenance, un esprit de communauté pour plusieurs ». « Il y a une culture LGBT+ qui est liée à ces endroits, donc c’est agréable d’avoir un lieu où celle-ci est mise de l’avant », poursuit-il. Or, le directeur général avance avoir été mis au courant de quelques incidents qui s’y seraient déroulées. Il parle, entre autres, de situations où des personnes transgenres et non binaires se seraient fait mégenrer par un membre du personnel. « Mégenrer en 2022, c’est une microagression qui peut faire en sorte qu’une personne trans n’ait pas le goût d’y retourner », explique M. Vanier. « Il faut quand même faire attention et s’assurer que l’équipe soit bien formée sur les diverses réalités. C’est un bar LGBTQ+, je pense qu’il faut que ce soit inclusif pour toutes les personnes qui le fréquentent », affirme-t-il. M. Vanier souligne également que le logo du bar inclut toutes les couleurs de la fierté, sauf celles du drapeau trans.
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Le propriétaire du bar ne nie pas que de tels incidents s’y soient produits. Il avance avoir demandé à l’une de ses amies de venir l’aider un soir pour dépanner et que cette dernière aurait utilisé des termes genrés pour s’adresser à la clientèle. Constatant que celle-ci avait, par le fait même, mégenré certain(e)s client(e)s, il a demandé à son personnel d’utiliser un langage neutre pour éviter qu’une autre situation semblable se reproduise. Pour ce qui est de l’inclusion des personnes trans, M. Côté explique que, bien que le logo n’inclue pas les couleurs qui leur sont associées, l’ensemble des drapeaux de la diversité sexuelle et de genre sont affichés à l’intérieur du bar.
Un endroit d’échanges et de retrouvailles
Ayant visité le bar lors de la soirée d’ouverture, Lou (nom fictif), jeune adulte non binaire, raconte avoir été très bien accueilli(e) par les membres du personnel. « J’ai l’impression que le personnel était assez diversifié. Je connaissais un(e) serveur(-euse) qui y travaillait et qui avait une identité de genre fluide. » Lou avance que cela lui a permis de se sentir plus en confiance dès son arrivée dans l’établissement. Selon iel, la clientèle semblait bel et bien être constituée de personnes de la communauté appartenant à plusieurs générations. Lou explique avoir passé une bonne partie de la soirée avec une femme lesbienne d’une soixantaine d’années ; cette rencontre lui aurait permis de constater que les réalités vécues par les personnes LGBTQ+ par le passé étaient bien différentes de celles d’aujourd’hui. Lou, qui ne fréquente pas souvent les bars, se dit très satisfait(e) de son expérience.
David Côté, qui assure que la sécurité et l’inclusivité de son bar sont prioritaires, se dit ouvert à dialoguer avec sa clientèle pour bonifier son offre. « J’ai ouvert La Diversité parce que j’aime l’univers des bars, mais surtout la communauté à laquelle moi-même je m’identifie », conclut-il.