bilan carbone jour terre
Crédit photo : © Mathieu B. Morin

jour terreRéduire ses déchets, sa consommation électrique, utiliser les transports collectifs, manger moins de viande, difficile de s’y retrouver dans tous ces gestes écoresponsables. Citoyen.ne, ville ou entreprise, ce n’est pas évident de savoir vers quelle action se tourner lorsqu’on débute notre démarche environnementale. Avant de choisir la meilleure option, il faut déjà savoir dans quel domaine on pollue le plus, et rien de tel qu’un bilan carbone pour éclaircir tout ça!

Des gaz à effet de serre sur toute la chaine

On connaît certaines sources d’émissions de gaz à effet de serre comme le pot d’échappement des voitures, la consommation de gaz naturel, ou encore les cheminées d’usines. Mais savez-vous qu’ils sont en réalité présents dans tout le cycle de vie des produits que l’on utilise ? L’épicerie en bas de chez vous émet des gaz en consommant de l’électricité, mais elle a également dû faire livrer ses produits, eux-mêmes fabriqués dans des usines, puis utilisés par les client.e.s avant de partir à la poubelle. Toutes ces étapes invisibles sont aussi responsables d’une grande part de gaz à effet de serre, que l’on appelle les émissions indirectes.

Un bilan carbone, ça ressemble à quoi ?

C’est là que le bilan carbone devient utile. À quelle étape mon épicerie émet-elle le plus et donc que faut-il cibler pour réduire ses émissions? Impossible d’y répondre sans faire un bilan complet des émissions directes et indirectes de l’entreprise. 

Des organismes comme le GHG Protocol et l’ADEME ont donc mis en place une démarche pour aider les entreprises à calculer leurs émissions en les répartissant en trois catégories, ou scopes en anglais :

Le scope 1 regroupe les émissions directes de l’entreprise, comme les procédés chimiques et autres installations, ou les véhicules de l’entreprise.

Le scope 2 concerne les émissions indirectes provenant de la consommation énergétique: électricité, chauffage, climatisation, etc.

Le scope 3 réunit toutes les autres émissions indirectes de l’entreprise. On retrouve par exemple les émissions du transport de marchandises et d’employé.e.s, les émissions de la chaine de production des articles vendus par l’entreprise, leur utilisation et leur fin de vie.

Un bilan carbone simple se limite aux scopes 1 et 2. Pourtant, les émissions du scope 3 peuvent représenter une très grande part des émissions de l’entreprise.

Le scope 3, cette boite de Pandore!

Les premiers bilans carbone qui se contentaient des scopes 1 et 2 rataient de nombreuses catégories d’émissions, ce qui ne permettait pas de développer les actions de réduction les plus pertinentes. Prenons en exemple le traditionnel débat entre véhicules thermiques et véhicules électriques.

Pour un fabricant de voitures thermiques, son bilan carbone simple pointerait probablement du doigt les émissions liées à la consommation électrique des bâtiments et machines (scope 2). Les recommandations d’actions seraient alors sur l’économie d’énergie, l’isolation ou encore l’utilisation d’énergies renouvelables. Le constat serait le même pour un constructeur de véhicules électriques, les procédés de fabrication étant plus ou moins comparatifs.

C’est en prenant en compte le scope 3 que l’on commence à voir des écarts entre les deux types d’autos et à pouvoir comparer les technologies. Pour les véhicules thermiques, c’est l’utilisation, et donc les émissions liées à la consommation de carburant, qui explosent le score carbone. Et plus le véhicule est utilisé longtemps et de manière intensive, plus son bilan carbone s’alourdit.

Dans le cas du véhicule électrique c’est l’inverse! C’est la fabrication, particulièrement l’extraction de métaux rares, ainsi que la fin de vie (de ces mêmes métaux rares dans les batteries!) qui sont sources d’émissions. En revanche, plus la voiture sera utilisée, plus le bilan carbone de chaque kilomètre parcouru va baisser et plus la technologie pourra être vue comme « propre » comparativement aux véhicules traditionnels. Pour les véhicules électriques, la réduction passera donc par le recyclage des batteries et l’intensification de l’utilisation des véhicules, possible par l’autopartage par exemple.

Donc à l’éternelle question « Est-ce vraiment bon pour la planète de rouler en électrique? », seul un bilan carbone complet peut y répondre, ou une analyse de cycle de vie dans le cas de produits! Et il ne dira pas : « cette option est moins polluante que l’autre ». Il dira « cette option est préférable au bout de… et seulement si…». 

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