Maryse Beaumier et Lauranne Carpentier – 2019
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit la santé comme un état de complet bien-être physique, mental et social. Le système sociosanitaire offre plusieurs moyens pour demeurer en santé le plus longtemps possible. Cependant, ses services offrent majoritairement des interventions curatives, c’est-à-dire visant à guérir. Or, la santé n’est plus seulement l’absence de maladie. Le fait de soigner (l’action curative) n’est donc plus suffisant à la santé d’une personne ni d’une population.
Les services de santé sont depuis longtemps reconnus en tant que déterminant de l’état de santé et de bien-être de la population. Pourtant ces services de santé n’ont qu’une incidence de 25% sur la santé par rapport à 50% pour les conditions socioéconomiques (Sénat du Canada, avril 2008). En 1986, la Charte d’Ottawa soulignait que le secteur sanitaire devait abonder de plus en plus vers la promotion de la santé, au-delà du mandat exigeant les soins médicaux (OMS, 1986). Alors, comment favoriser notre santé individuelle et collective?
La santé a fortement gagné en complexité. De nouvelles visions organisationnelles émergent avec toutes les maladies chroniques dont plusieurs découlent des mauvaises habitudes de vie de chacun. Que l’on pense au tabagisme, à la consommation excessive de sucre, à la sédentarité…tous sont des facteurs de risque de la maladie chronique tels le diabète, les maladies cardiovasculaires, etc. Ces maladies engorgent souvent les services de santé.
On sait que la santé et les saines habitudes de vie sont très valorisées chez les plus favorisés et les plus éduqués de notre société. Or, les moins favorisés valorisent peu la santé. Ils peuvent être plus exposés à fumer et à mal s’alimenter par exemple. Il a été montré que les populations les plus défavorisées de nos sociétés sont celles où l’on retrouve le plus de problèmes de santé (Wilkinson et Pickett, 2010). Ces deux épidémiologues ont confirmé que l’augmentation des problèmes de santé est liée à l’accroissement des inégalités. De plus, la pollution et la dégradation des milieux naturels dans les quartiers défavorisés sont d’autres facteurs pouvant nuire à la santé. La mauvaise qualité de l’air peut causer des problèmes respiratoires et le fait que l’environnement soit pollué peut aussi diminuer les habitudes d’activités physiques extérieures (aller au parc, marcher ou autres).
Déjà en 1968, Barnard définissait une organisation comme un construit, un champ de forces personnelles mises ensemble, d’où son expression souvent reprise : le faire ensemble. Notre organisation des services de santé étant rémunérée par le bien commun, pourquoi ne pas prendre pleinement conscience qu’on fait partie soi-même de ce bien commun ?
La santé d’une population passe, non seulement par un système de santé efficace, mais aussi par une société bien éduquée aux saines habitudes de vie dès la petite enfance, réduisant ses inégalités socioéconomiques et prenant soin de l’environnement (Wilkinson, 2013). C’est aussi en faisant chacun.e notre part en adoptant de saines habitudes de vie et en prenant conscience de l’importance de prendre soin de nous-mêmes. La santé est donc une affaire de bien commun, de justice sociale et environnementale.
Consultez notre plus récent dossier sur la santé : Se refaire une santé
Barnard, C., I. (1968). The Function of the Executive. Cambridge: Harvard University Press.
OMS. (1986). Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé. Ottawa: Santé et Bien-être social Canada et Association canadienne de santé publique.
Sénat du Canada. (Avril 2008). Politiques sur la santé de la population: enjeux et options. Quatrième rapport du sous-comité sur la santé des populations du comité sénatorial permanent des affaires sociales, des sciences et de la technologie.
Wilkinson, R., (2013). « How does equality link to global sustainability? Richard Wilkinson interview ». Consulté le 18 mars 2019, en ligne : https://futureearth.org/2013/08/13/how-does-equality-link-to-global-sustainability-richard-wilkinson-interview/
Wilkinson, R. et Pickett, K., (2010). Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous. Paris : Les petits matins, trad. A., Verkaeren, 2013, 501 pages.