
Imaginez vivre à l’année, avec votre conjoint(e), dans une mini-maison de 125 pieds carrés (12 m2), sans eau courante et non raccordée au réseau d’électricité. Impensable ? C’est pourtant ce que font Maxime Leclerc-Gingras et sa conjointe, Anne-Marie Charest. Il y a 10 ans, le couple a choisi d’emménager dans un minuscule chalet de la région, tout en réinventant complètement son mode de vie.
« Les premières années ont été difficiles, admet Maxime. Nous avons dû changer nos habitudes : chauffer exclusivement au bois, se laver « à la mitaine », mais aujourd’hui nous sommes habitués à ce mode de vie et j’aurais de la difficulté à me justifier de dépenser des milliers de dollars pour avoir une grande maison et de l’eau courante. »
Un style de vie écologique
Au Mouvement québécois des mini-maisons, on considère que la mini-maison n’est pas seulement un bâtiment, mais aussi « une manière de vivre » puisqu’elle s’inscrit généralement dans un projet minimaliste ou de simplicité volontaire souvent en lien avec les valeurs environnementales des propriétaires.
C’est le cas pour Maxime et Anne-Marie qui considèrent que ce mode de vie leur apporte une distance par rapport aux objets. « Vivre dans un si petit espace nous a forcés à épurer nos biens matériels et à réaliser que plus on possède d’objets, plus ça nous coûte cher non seulement en acquisition et en entretien, mais aussi tout le temps que ça prend pour en prendre soin, rapporte Maxime. Puisque je n’ai pas de place, forcément, chaque fois qu’on a besoin de quelque chose, il faut y penser à deux fois. Est-ce que je peux l’emprunter, est-ce que je peux le louer ? Sinon, je vais le ranger où ? »
Selon le propriétaire, sur le plan écologique, l’équation est évidente : « en consommant moins, on limite l’extraction de ressources naturelles et on génère aussi moins de déchets. En adoptant un style de vie qui nous sort de la consommation, ce sont des gestes qui deviennent faciles à faire », observe-t-il.
L’absence d’eau courante dans la maison a provoqué chez lui une véritable prise de conscience de la valeur de cette ressource. Pendant plusieurs années, le couple devait aller chercher quotidiennement de l’eau pour eux-mêmes et pour leurs animaux auprès d’une source éloignée de la maison. « Cela pouvait prendre une heure par jour, explique-t-il. On a vraiment pris conscience de la quantité d’eau dont on a besoin, de la nécessité de l’économiser et de prendre soin de sa qualité. Aujourd’hui, même si on a un accès à de l’eau plus près de la maison, on fait très attention. » Même constat pour l’énergie qui provient de panneaux solaires alimentant des batteries. Un équipement qui, même s’il est onéreux à l’achat, présente les avantages d’échapper à la facture mensuelle d’électricité tout en exerçant un meilleur contrôle sur sa consommation d’énergie.
Les petits défis
Pour Maxime Leclerc-Gingras, l’un des défis de la vie dans une mini-maison au Québec réside dans le manque d’espace pour gérer les vêtements, l’hiver. « C’est un peu pénible pour des gens qui, comme nous, travaillent dehors. Il nous manque de l’espace pour sécher les vêtements, car nous n’avons pas de sécheuse, et aussi pour les entreposer d’une saison à l’autre. Sur le web, on voit des jolies photos de mini-maisons dans lesquelles rien ne traîne, mais la réalité est tout autre. » Vivre à deux dans un espace exigu n’est pas pour tout le monde. Maxime croit cependant que sa vie de couple s’est enrichie de cette expérience. « Tu as intérêt à ne pas avoir de chicane, c’est tellement petit qu’il n’y a pas de coin pour aller bouder ! », plaisante-t-il.
Libres de s’adonner à leur passion
Libéré des préoccupations habituelles relatives à l’habitation, comme l’entretien et le ménage, le couple, propriétaire d’une pension pour chiens, peut se concentrer sur ses activités principales, soit prendre soin des animaux qui leur sont confiés et offrir des sorties de traîneau à chien durant la saison hivernale.
Sans hypothèque et sans compte d’Hydro, ce style de vie est économique, « surtout dans le sens que cela nous enlève la pression de devoir aller chercher plus de revenus , explique celui qui dit apprécier les divertissements simples comme jouer de la guitare ou observer les papillons et les oiseaux. Cela ne veut pas dire que nous sommes oisifs pour autant, précise-t-il, notre travail est exigeant, mais notre énergie est consacrée à des occupations qui nous animent et qui nous rendent heureux. Je me fais payer pour jouer avec des chiens ! Je n’ai jamais l’impression de travailler, même si ça m’occupe à temps plein. »
Maxime Leclerc-Gingras a conscience que son mode de vie est « un peu extrême », mais il estime qu’il devrait y avoir de la place pour une plus grande diversité des modes de vie. « On n’est pas obligés d’être prisonniers de nos cartes de crédit et des pressions sociales à consommer. Se créer un modèle où la vie prend le pas sur le travail et non le contraire, cela est possible », témoigne-t-il.