Marianne Cornu et Jonathan Lacasse, gestionnaires du projet Proche en tout temps, mai 2018
Accompagner une personne vivant avec un problème de santé mentale n’est jamais facile. Qu’on parle de schizophrénie, de trouble bipolaire, de dépression majeure, de troubles anxieux ou autres, l’entourage est appelé à vivre toute une gamme d’émotions. Quand s’ajoute à cela que le proche aidant est sur le marché du travail et que la personne aidée est aînée, la situation peut vite se complexifier.
Les membres de l’entourage (ou proches aidants) de personnes aînées ayant un problème de santé mentale, qu’ils soient l’enfant de l’aidé, le conjoint ou un autre proche, sont confrontés à deux éléments clés : le trouble de santé mentale de la personne aidée et le vieillissement de celle-ci. Des changements physiologiques, cognitifs et psychologiques, à divers degrés, sont en effet inévitables en vieillissant. Ainsi, par exemple, le soutien apporté par un fils à sa mère souffrant de dépression majeure peut être plus exigeant lorsque survient une perte d’audition ou des pertes de mémoire et que la mère ressent une détresse supplémentaire parce qu’elle a du mal à accepter ces transformations.
De telles situations ont une incidence certaine sur l’aidant qui occupe un emploi. Concilier le travail et la vie personnelle est déjà un défi pour plusieurs, alors il est facile d’imaginer l’épuisement qui guette ceux qui doivent en plus composer avec un rôle d’aidant.
Si parfois le travail est vu comme un moment de répit, il n’en demeure pas moins que les aidants sont susceptibles d’être plus fatigués, inquiets et irritables. Ils peuvent avoir reçu un ou plusieurs appels ou s’être fait réveiller au cours de la nuit ; vivre des difficultés dans leur relation avec le proche aidé ; manquer de temps et se sentir coupables… Les aidants peuvent également recevoir des appels téléphoniques à répétition pendant leurs heures de travail, une réalité fréquente. L’absentéisme en période de crise de l’aidé ou pour l’accompagner à des rendez-vous médicaux peut aussi conduire à une baisse de salaire si l’aidant ne bénéficie pas d’avantages sociaux. La loi permet de s’absenter du travail 10 jours par année pour obligations familiales, sans salaire. Toutefois, cela ne s’applique pas pour des soins prodigués, par exemple, à une tante ou à un ami de la famille. Bref, selon la nature de l’emploi occupé et la tolérance de l’employeur, l’ensemble de ces facteurs peut avoir des conséquences directes sur la productivité et l’efficacité de l’aidant quand aucune mesure d’accommodement n’est mise en place. Dans certains cas, il peut même y avoir rupture du lien d’emploi.
D’après les données du dernier recensement, la Mauricie compte 24 % de personnes âgées de 65 ans et plus. Sachant que cette proportion est appelée à augmenter, il est logique de penser que le nombre de proches aidants s’accroîtra également, et cela, sans compter la prévalence de la hausse des troubles mentaux.
Sensibiliser les employeurs à la réalité vécue par ces aidants demeure un défi, la santé mentale étant encore malheureusement un sujet tabou et mal compris.