Les manifestations pour le climat seront de retour dans plusieurs villes du Québec le 27 septembre prochain. Cinq ans après l’historique Marche pour le climat du 27 septembre 2019, où 500 000 personnes, selon les responsables de l’organisation, se sont rassemblées dans les rues de Montréal, divers organismes environnementaux et citoyens se rassembleront à nouveau afin de faire entendre leurs voix.
Héritiers d’une longue lignée de mouvements sociaux, les manifestations québécoises – environnementales ou non – ne datent pas d’hier. Pleins feux sur ce phénomène social bien ancré dans notre culture.
Qu’est-ce qu’une manifestation ?
Selon Amnistie Internationale, une manifestation pacifique est « un type d’action non violente, spontanée ou non, autorisée ou non, qui permet d’exprimer des désaccords et des revendications dans l’espace public, notamment lorsque les systèmes politiques, sociaux, économiques ou culturels existants écartent ou ignorent systématiquement ces demandes. »
Les manifestations pacifiques peuvent prendre plusieurs formes : campagnes web, grèves, défilés, veillées, sit-in, actes de désobéissance civile, ou bien marches dans la rue. Le droit de manifester est un droit international garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies, adopté en 1966.
Pourquoi manifester ?
Les raisons derrière le choix de manifester sont nombreuses. Toutefois, selon un article réalisée par Gabriel Babineau, étudiant à la maîtrise en droit, la motivation principale des manifestant-es se résume à l’absence d’autres moyens pour se faire entendre. La manifestation est donc un mode d’expression qui permet d’introduire des voix, des préoccupations, des revendications ou encore des solutions dans l’espace public.
Qui dit espace public dit espace politique : la manifestation représente également un mode d’action politique situé à l’extérieur de la sphère institutionnelle. Selon un rapport d’expertise rédigé par le sociologue Marcos Ancelovici, la majorité des manifestations de l’histoire du Québec sont organisées par des gens qui cherchent à influencer l’opinion publique et à faire pression sur le gouvernement.
Quant aux manifestations environnementales, une motivation bien particulière peut entrer en ligne de compte : le désir d’exercer l’écocitoyenneté, définie par Nayla Naoufal comme une citoyenneté préoccupée par la protection de l’environnement et ses pratiques. Ce désir est évoqué par Geneviève Ferdais, manifestante interviewée en 2021 : « Je pense que toutes les générations doivent se mobiliser pour les jeunes et les générations futures. On a tous une responsabilité sociale. »
La légitimité des manifestations comme modes d’action politique est toutefois un sujet débattu, selon Babineau : on se questionne à savoir si elle contribue au bon fonctionnement de la démocratie ou si, au contraire, elle la mettrait en péril. Quelle que soit la réponse, la manifestation représente un mode d’action privilégié des mouvements sociaux québécois.
Un phénomène aux racines ancrées dans l’histoire
L’émergence des manifestations telles qu’on les connait aujourd’hui se situerait en Europe au milieu du 19e siècle, selon Ancelovici. Au Québec, la taille des manifestations augmente considérablement dans les années 2000, jusqu’à atteindre l’ampleur de la grève étudiante de 2012.
La politisation des enjeux environnementaux au Québec, quant à elle, remonte aux années 1960 et 1970 selon l’historien Stéphane Savard. On voit apparaître de nombreux groupes environnementaux, incluant la Société pour vaincre la pollution (SVP) en 1970, la même année que l’inauguration du Jour de la Terre à New York. Dès 1985, plus de 875 groupes environnementaux sont actifs au Québec.
Les conséquences de cette politisation se dessinent rapidement sur la scène politique québécoise. Entre autres, le gouvernement libéral de Robert Bourassa nomme un ministre de l’Environnement en 1970 et fait adopter deux ans plus tard la Loi sur la qualité de l’environnement.
La Marche pour le climat
À l’apogée de ce mouvement social se trouve la Marche pour le climat de septembre 2019, qui a rassemblé 500 000 personnes, c’est-à-dire plus du double des 200 000 personnes ayant manifesté lors du printemps érable en mars 2012.
Plusieurs personnages importants se sont joints à la foule, incluant élu-es et personnalités publiques. Était aussi présente Greta Thunberg, militante climatique suédoise et tête d’affiche de ce mouvement international. Au Canada, ce sont près de 140 manifestations qui ont eu lieu, à l’instar de nombreux autres pays.
La Marche pour le climat de 2019 restera gravée dans les livres d’histoire. Invité à commenter, le porte-parole de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, considère qu’on a alors atteint un point de bascule dans la mobilisation.
Les manifestations environnementales aujourd’hui
À l’aube du cinquième anniversaire de cette manifestation historique, plusieurs autres manifestations se préparent au Québec le 27 septembre prochain. À Montréal, une manifestation dont le thème est Pour la suite du monde exigera « des actions concrètes pour la transition sociale et environnementale ». Des évènements similaires ont été annoncés à Québec, Joliette et Sherbrooke. Rien n’a encore été annoncé pour la Mauricie.