Photo : Gracieuseté CS3R

Un texte de Charles Fontaine et Cloé Thiffault

Il y a 15 ans, le sol d’Haïti s’effondrait sous les pieds de son peuple. Le séisme du 12 janvier 2010, avec ses près de 300 000 victimes, a marqué à jamais la mémoire collective.

En ce début d’année 2025, alors que la violence des gangs ravage Port-au-Prince, Haïti commémore cette tragédie dans un contexte tout aussi instable, nourri par des catastrophes naturelles répétées et des crises politiques chroniques. 

Ce triste anniversaire rappelle l’urgence d’une réflexion profonde : comment briser ce cycle de vulnérabilités ? Plusieurs spécialistes appellent à dépasser les solutions temporaires pour envisager, enfin, des stratégies à moyen et à long terme. « Est-ce qu’on est prêts à imaginer des projets de développement à long terme ? » demandait récemment Marjorie Villefranche, directrice de la Maison d’Haïti à Montréal, lors d’une entrevue au Téléjournal de Radio-Canada.

Cette commémoration nous rappelle que derrière les décombres, derrière les édifices et les infrastructures encore à reconstruire, c’est tout le peuple haïtien qui aspire à un souffle nouveau.

Une tragédie qui laisse des traces

Le séisme du 12 janvier 2010 a laissé des séquelles profondes bien au-delà des pertes humaines et des destructions matérielles. Pour plusieurs survivant-es, le traumatisme reste bien réel : troubles de stress post-traumatique, angoisses persistantes et sensation de vulnérabilité constante. À l’occasion des commémorations du 15e anniversaire du drame, les témoignages poignants ont déferlé dans les médias. Les scènes d’effondrements, les cris et l’impuissance face à la catastrophe continuent de hanter les mémoires et il est difficile de rester insensible au sort du peuple haïtien.

Si, avec l’arrivée des gangs, d’autres images toutes aussi violentes font aujourd’hui les manchettes dans les médias, plusieurs affirment ce nouveau drame est une conséquence inévitable de l’instabilité laissée par la catastrophe naturelle. Le séisme de 2010 n’aurait qu’exacerbé la misère et exposé au monde entier les troubles profonds dont Haïti peine à se relever. 

« Les gangs, c’est une conséquence notamment du séisme. Et pas juste du séisme : aussi de tous les événements qui se produisent depuis, parce qu’il y a eu des cyclones, des tempêtes, un nouveau séisme. Être incapable de se relever et de toujours être frappé par quelque chose d’autre, ça ouvre la voie à une criminalité », soutenait en janvier dernier Dominique Anglade sur les ondes de Radio-Canada. 

L’aide humanitaire, qui aide qui ?

Dès les premiers mois de 2010 s’est opérée une aide massive de la communauté internationale. Plus de 30 pays et de nombreuses ONG ont récolté des milliards de dollars, dont plus de deux milliards ont été donnés par le gouvernement canadien. 

Si cette mobilisation rapide de la communauté internationale a pu sembler noble, avec le recul,   on critiquera sévèrement cette assistance pour son manque de coordination et d’efficacité. Les fonds, en grande partie alloués à de grandes ONG, n’ont que peu bénéficié aux communautés locales haïtiennes.

Quant aux organisations locales, elles n’ont pas pu profiter d’un transfert de connaissances ou d’une aide durable. Dans le domaine du relogement, par exemple, un centre de recherche américain a rapporté que moins de 3 % des contrats de reconstruction ont été attribués à des entreprises haïtiennes, le reste étant capté par des compagnies étrangères. 

Le cas de la reconstruction d’Haïti ne peut faire autrement que de mettre en lumière cette logique humanitaire centrée sur des solutions imposées de l’extérieur. On échoue ainsi à bâtir sur le long terme tout en se justifiant auprès des médias et des pays et des orgamismes donateurs. Face à cette situation, plusieurs organisations haïtiennes interrogent aujourd’hui qui bénéficie de l’aide humanitaire : est-ce Haïti ou les pays donateurs eux-mêmes ?

La coopération internationale comme voie de passage 

Devant ce constat d’échec de l’aide humanitaire, le Québec n’est pas resté coi. Depuis une décennie, la société civile québécoise, et en particulier les organismes de coopération internationale regroupés au sein de la Concertation pour Haïti (CPH), ont intensifié leurs efforts pour améliorer les conditions de vie du peuple haïtien.

Ces dernières années, la CPH a formulé des recommandations précises aux ministères et organismes actifs en Haïti, prônant une aide axée sur la lutte contre les causes structurelles de la pauvreté et des inégalités, notamment par le renforcement du secteur paysan et des initiatives d’économie sociale.

La CPH met également l’accent sur la santé des femmes, soulignant l’importance de la sécurité alimentaire, de l’accès à l’eau potable, d’installations sanitaires adéquates et de la lutte contre la violence sexuelle. 

Elle soutient l’action canadienne en faveur de l’éducation des jeunes filles, des cantines scolaires, de l’amélioration des conditions sanitaires et de l’enregistrement des enfants à la naissance, en insistant sur le lien entre ces priorités et une croissance orientée vers une justice sociale durable. En cela tiennent nécessairement les solutions pour une sortie de crise en Haïti, car il faut, malgré tout, conserver l’espoir. 

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