pier-olivier boudreault environnement bti
Le biologiste Pier-Olivier Boudreault signe cette toute première chronique en environnement. Photo en arrière-plan : Dominic Bérubé

Quand mars frappe à nos portes, nous sommes tous impatients de revoir l’été. Mais le long hiver québécois nous laisse le temps d’oublier à quel point les moustiques, les mouches noires et les « frappe-à-bord » peuvent gâcher les douces journées de la belle saison.

Le mois dernier, une nouvelle pétition de 2650 noms a été déposée au conseil municipal de Trois-Rivières contre l’épandage de Bti – le Bacillus thuringiensis var. israelensis, ce fameux insecticide biologique présenté comme étant « parfait » et inoffensif pour la biodiversité. En réalité, le Bti contient une bactérie produisant une toxine létale pour certains types d’insectes piqueurs et on l’épand dans les milieux aquatiques où vivent leurs larves.

Bien qu’on utilise cet insecticide depuis près de 40 ans, des scientifiques et des citoyens remettent en question son usage à grande échelle. Ces personnes avancent que le Bti a des effets sur d’autres animaux que les insectes piqueurs, et que de détruire autant d’insectes a des répercussions sur la chaîne alimentaire.

Un nouveau document de travail du ministère responsable de la faune au Québec, qui a fui dans les médias récemment, apporte de l’eau au moulin. Selon ce document, le ministère soutient que les études sur les impacts du Bti sont contradictoires, que le « principe de précaution » devrait s’appliquer et qu’on devrait employer des méthodes alternatives pour tuer les insectes piqueurs.

L’importance de l’indépendance

Les compagnies qui épandent du Bti depuis des années ont vraisemblablement acquis et créé beaucoup de connaissances sur ce produit. Mais se pourrait-il que l’on ne nous dise pas tout ? Pourquoi un chercheur allemand, dont les résultats allaient à l’encontre de ceux de l’industrie, a-t-il été mis en demeure par cette dernière ? Cela s’apparente à une poursuite-bâillon.

De plus, tout chercheur s’intéressant au sujet risque de recevoir une douche froide. Je pense que la majorité du milieu universitaire n’a aucune envie de défendre ses résultats devant les tribunaux. La meilleure manière de répondre à la science, c’est par la science.

Il faut savoir que le commerce du Bti est très lucratif. Le contrat entre Trois-Rivières et GDG Environnement, qui prend fin en 2024, est de l’ordre de 3,5 millions de dollars. Il a par ailleurs été documenté que le lobby de l’épandage du Bti est très actif aux niveaux tant provincial que municipal.

Les compagnies allèguent que les insecticides sont homologués par les organisations étatiques. Mais si l’essentiel de la recherche sur ces produits a été faite par l’industrie qui les fabrique, peut-on leur accorder une totale confiance ? Il est légitime de poser ces questions quand c’est le loup qui garde la bergerie et qui nous assure que les moutons sont en sécurité.

Suivre la vague

Nous sortons à peine de la plus grande conférence mondiale sur la biodiversité, la COP 15, qui a eu lieu à Montréal en décembre. Chaque action ayant une influence sur la biodiversité peut devenir la brique qu’on enlève du mur et qui cause son effondrement. Dans ces circonstances, le principe de précaution suggéré par le gouvernement me semble, pour l’instant, la meilleure voie à suivre.

Malgré ce qu’en disent les compagnies, soyons honnêtes : au Québec, le Bti est associé à un enjeu de confort et non de santé publique. D’ailleurs, de plus en plus de municipalités font le choix de ne pas épandre cet insecticide. Par exemple, dans les Laurentides et le Bas-Saint-Laurent, certaines villes ont fait ce choix et déjà mis en place des mesures alternatives de contrôle des insectes piqueurs.

À Gatineau, le débat sur ce sujet s’est enflammé au point où la mairesse doit rencontrer prochainement le ministre de l’Environnement, Benoit Charrette. Plus près de nous, Nicolet et d’autres municipalités de la MRC Nicolet-Yamaska ont abandonné l’usage du Bti.

C’est dire qu’il est possible de prendre cette décision, et qu’elle devient de plus en plus courante. Il serait peut-être temps que Trois-Rivières et Shawinigan emboîtent le pas et mettent la pédale douce sur l’épandage de Bti.

La biodiversité tout comme le portefeuille des contribuables en sortiraient gagnants.

Je m'abonne à l'infolettre

« * » indique les champs nécessaires

Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.

Je m'abonne à l'infolettre

Modifier mes préférences
+

Nous utilisons des cookies pour faciliter votre navigation et activer certaines fonctionnalités. Vous pouvez consulter des informations détaillées sur tous les cookies dans chaque catégorie de consentement ci-dessous.

Témoins fonctionnels (Obligatoires)

Ces témoins sont essentiels au bon fonctionnement de notre site Web; c’est pourquoi vous ne pouvez pas les supprimer.

Témoins statistiques

Ces témoins nous permettent de connaître l’utilisation qui est faite de notre site et les performances de celui-ci, d’en établir des statistiques d’utilisation et de déterminer les volumes de fréquentation et d’utilisation des divers éléments.

Témoins publicitaires

Ces témoins sont utilisés pour fournir aux visiteurs des publicités personnalisées basées sur les pages visitées précédemment et analyser l'efficacité de la campagne publicitaire.

Refuser
Confirmer ma sélection
Nous prenons à coeur de protéger vos données

Ce site utilise des cookies (fichiers témoins), déposés par notre site web, afin d’améliorer votre expérience de navigation. Pour plus d’information sur les finalités et pour personnaliser vos préférences par type de cookies utilisés, veuillez visiter notre page de politique de confidentialité.

Accepter tout
Gérer mes préférences