Jocelyne Harnois, février 2019
(En réaction aux propos haineux envers la famille syrienne décimée par un incendie)
Je suis une femme québécoise pure laine laïque, croyante-non-pratiquante. Je suis une mère, une épouse, une sœur, une citoyenne qui aime, qui est aimée et qui, comme la plupart d’entre nous, a souffert et souffre de certaines injustices. Comme la plupart d’entre nous, et malgré mes peurs et mes erreurs, je me pose devant tous comme personne à part entière qui, au meilleur de ma connaissance, favorise des choix pour une vie belle et meilleure pour moi-même, pour les miens et pour les humains en général.
Je suis une femme québécoise d’origine syrienne, pratiquant la religion musulmane. Je suis mère, épouse, sœur, citoyenne. J’aime, je suis aimée et, comme la plupart d’entre nous, j’ai souffert de certaines injustices. Malgré mes peurs et mes erreurs, je me pose devant tous comme personne à part entière. Au meilleur de ma connaissance, je favorise des choix pour une vie belle et meilleure pour moi-même, pour les miens et pour les humains en général.
Je suis un ou une Québécois (e) de souche. J’entretiens des idées et des propos haineux, islamophobes et racistes en moi et sur les réseaux sociaux. Je suis un père, une mère, un époux, une épouse, un frère, une sœur… Comme la plupart d’entre nous, j’ai souffert et je souffre encore d’injustices criantes. Je désire moi aussi une vie bonne et meilleure pour moi-même, pour les miens et pourquoi pas, pour les humains en général. Mais j’ai tellement peur, qu’au lieu de me poser comme une personne à part entière créatrice d’une vie belle et meilleure pour moi-même et les miens, je ne vois d’autre issue que de m’opposer désespérément et de manière haineuse à l’autre qui me terrifie et que je rends à tort responsable de mes malheurs.
Je suis un être humain! De tous bords et de toutes origines, de toutes croyances et de toutes visions politiques, je suis avant tout un être humain qui désire se poser à la face du monde comme une personne libre et digne d’être respectée.
Je suis aussi un être humain qui a un devoir de lucidité. Ma peur bien légitime d’un islam politique mortifère et terrifiant, je devrais la traduire dans l’appui de politiques gouvernementales démocratiques, laïques et justes, mais en aucun cas elle ne devrait obscurcir mon humanité envers des personnes qui, comme moi, ont pour seul but une vie bonne et meilleure.
Je suis invité à me poser au monde comme personne créatrice de vie meilleure plutôt qu’à m’opposer à l’autre qui me fait peur. Je suis invité à réfléchir de manière raisonnable et non sous la pression de la peur. Pour satisfaire mon besoin de protection, je suis invité à envisager un autre choix de réaction que l’opposition. Un bon premier pas serait de commencer par réfléchir sur notre fraternité commune.