Mariannick Mercurehotel de ville 3r

Le projet de redécoupage de la carte électorale de Trois-Rivières a récemment refait surface, si bien qu’un vote à majorité simple sur la question sera vraisemblablement appelé le 15 juin prochain. Le conseiller et maire suppléant René Goyette, qui pilote le dossier, a récemment rencontré les conseillers individuellement pour leur présenter le projet. Le scénario le plus probable semble être la suppression des districts de Laviolette, de Sainte-Marguerite et de la Madeleine. En effet, la conjoncture semble propice à l’acceptation du projet : les conseillers de ces districts, Guy Daigle, Pierre A. Dupont et René Goyette, n’ont pas l’intention d’être à nouveau candidats. Les électeurs de leurs districts respectifs seraient alors intégrés dans les districts avoisinants. Si le projet de passer de 16 à 13 conseillers est adopté, celui-ci devra ensuite être entériné par Québec, la loi prévoyant un minimum de 14 conseillers pour les villes de plus de 100 000 habitants.

L’argument principal en faveur de cette réforme semble être d’ordre économique, l’opération permettant des économies pouvant aller de 75 000 $ à 150 000 $ selon les différents scénarios budgétaires. Une somme qui apparaît marginale pour certains en raison du budget annuel global de la ville qui excède les 200 millions $.

Certains s’interrogent également quant aux motifs réels d’une telle réforme, soulevant que derrière l’argument d’ordre économique, se profile la volonté de réduire les probabilités de voir se constituer une nouvelle opposition au sein du conseil.

Ce mois-ci, La Gazette de la Mauricie a rencontré deux conseillers municipaux aux points de vue opposés sur le sujet, René Goyette, conseiller du district de la Madeleine, et Pierre-Luc Fortin, conseiller du district des Estacades.


 

 

René Goyetterené goyette

Économies pour la ville

« Le projet s’insère dans un contexte de réingénierie à l’Hôtel de Ville qui permettra de dégager des économies de 3,5 millions $. Concernant le redécoupage de la carte, on parle d’économies de 142 000 $. Ce calcul ne tient pas compte d’une hausse de salaire pour les conseillers restants, puisque celle-ci n’est qu’hypothétique pour l’instant. »

Statut d’emploi et représentativité

« On ne veut pas que le poste de conseiller devienne un emploi à temps plein. On a actuellement une bonne représentativité au conseil de ville, avec des gens qui proviennent de diverses sphères d’activité, et je suis persuadé que la charge de travail après le redécoupage n’équivaudra pas à un temps plein et que les conseillers n’auront pas à quitter leur emploi principal. »

Démocratie et gouvernance

« Le ratio élu/population de Trois-Rivières est actuellement moindre que celui d’autres villes comparables comme Longueuil où il est de 1 :15800 par exemple. Il faut aussi se souvenir qu’avant les fusions, il y avait 64 élus! Est-ce que quelque chose a changé quand on est passé à 16? Non. C’est qu’avec l’équipement dont on dispose maintenant, le système informatique et les nouveaux moyens de communication par exemple, les conseillers sont beaucoup plus performants.

Et puis, il y a la symétrie des districts dont il faut tenir compte. Avec le redécoupage présenté, les citoyens de Trois-Rivières-Ouest par exemple, qui sont représentés par le même conseiller que ceux du centre-ville, ne le seront plus.

En fin de compte, toutes les décisions sont prises au conseil, que ce soit d’investir 100 000 $ dans la réanimation du centre-ville ou de redécouper la carte électorale, et on va tous voter. C’est ça la démocratie. Dans ce cas-ci, beaucoup plus que la majorité des conseillers semblent d’accord, et on va enfin pouvoir trancher la question. »


 

 

Pierre-Luc Fortinpl fortin

Économies pour la ville

« Vu les économies minimes qui seront dégagées, je suis opposé au projet. Bien sûr, il y aura trois salaires de moins à payer, mais il faut comprendre que des augmentations d’environ 5000 $ seront accordées aux 13 conseillers restants pour l’augmentation de leur charge de travail, et au final, les économies ne seront que de 75 000 $. »

Statut d’emploi et représentativité

« Pour l’instant le statut d’emploi du conseiller est considéré comme un emploi à temps partiel. Personnellement il n’est pas rare que je fasse des semaines de 20 heures, par exemple, en plus de mon autre emploi. Plus on coupe des postes, et plus la charge de travail des conseillers en poste va s’alourdir et se rapprocher du temps complet. Ce sera alors de plus en plus difficile de concilier ça avec nos carrières, et nécessairement de recruter des candidats représentatifs des électeurs trifluviens puisque les gens ne voudront pas quitter leur carrière pour un poste moins bien rémunéré et qui n’est assuré que pour quatre ans. Résultat : Il y aurait nécessairement plus de personnes à la retraite, par exemple, et moins de jeunes, eux qui doivent en plus concilier famille et travail et rechercher une certaine stabilité de revenu. »

Démocratie et gouvernance

« Si on compare le ratio élu/population de villes de tailles semblables à Trois-Rivières, on arrive autour de 1 :8100. À Trois-Rivières, on est déjà à 1 :8425, donc plus élevé qu’ailleurs. La démocratie c’est fondamental, et si on veut se serrer la ceinture, je ne crois pas que ce soit la bonne place où couper. Par exemple, j’ai décidé de m’impliquer dans le comité des « nuits polaires », un évènement financé à 100 % par la ville, contrairement aux autres évènements du genre qui vont généralement chercher des commandites. Et bien on a réussi à y sauver 150 000 $ sans remettre en question la tenue de l’évènement. C’est définitivement ce genre d’économies qu’il faut viser selon moi. »

 

 

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