Un texte de Johanne Rocheleau et Jacques Rousseau, membre du comité de coordination de Terre précieuse
Qu’est-ce que la salamandre à quatre orteils et l’aster à feuilles de linaire ont en commun ?

La salamandre à quatre orteils [1] et l’aster à feuilles de linaire [2].
Au Québec, trois statuts différents peuvent être attribués à des espèces fauniques (animales) et floristiques (végétales) [3] [4] en péril :
- Les espèces menacées sont celles dont la disparition est redoutée à court ou moyen terme.
- Les espèces vulnérables sont celles dont la survie est jugée précaire, mais dont la vie n’est pas en danger pour le moment.
- Les espèces susceptibles d’être désignées sont celles qui sont en observation, car on ne sait pas encore si elles ont besoin d’une protection officielle.
Notre belle salamandre à quatre orteils est l’une des espèces susceptibles d’être désignées. Sa présence a été constatée dans l’agrandissement du parc industriel Carrefour 40-55. L’aster à feuille de linaire se retrouve sur la liste des espèces menacées. Elle est l’emblème floral de la ville de Trois-Rivières. [5]
Depuis près de cinquante ans, les scientifiques soulignent l’importance de la biodiversité et de la nécessité de protéger les espèces fauniques et floristiques. Les bénéfices sont innombrables, comme la pollinisation et la production d’oxygène. Depuis 1992, un traité international, appelé la Convention sur la diversité biologique, reconnaît l’importance de la conservation de la biodiversité pour l’ensemble de l’humanité. Au Québec, nous appliquons la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables pour protéger bon nombre d’espèces [6] :
Espèces animales
- 37 désignées comme menacées
- 28 désignées comme vulnérables
- 115 susceptibles d’être désignées comme menacées ou vulnérables
Espèces végétales
- 59 désignées comme menacées
- 18 désignées comme vulnérables [7]
- 433 considérées comme susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables [8]
On retrouve des espèces ayant un de ces trois statuts dans tous les environnements, y compris les milieux humides. Mais qu’est-ce qui les menace ?
Une combinaison de facteurs peut être la source de leur malheur ! La destruction et la fragmentation des habitats, la pollution, les changements climatiques, les espèces envahissantes et la surexploitation des ressources en font partie. [9] [10] Aujourd’hui, ils sont tous reliés à l’activité humaine. Raser la végétation et remblayer des milieux humides ne ferait qu’empirer la situation. Tout ce qui serait bétonné, asphalté et jonché d’usines priverait la faune et la flore de l’habitat qu’elles occupent actuellement.
Ce serait bien dommage, car ce sol regorge de vie ! Selon l’institut de technologie agroalimentaire du Québec, « On estime qu’un quart de la biodiversité totale de la planète réside dans les sols. Un gramme de sol peut abriter plus d’une centaine d’espèces et un trillion d’individus. De plus, un mètre cube de terre peut contenir plus d’un kilogramme d’organismes vivants. Le sol est donc un véritable réservoir de vie !» [11] Si la Ville mettait en place son projet d’agrandissement du Carrefour 40-55, cet espace de vie deviendrait un immense cimetière.
Dans sa Politique environnementale, [12] la Ville mentionne qu’elle « désire protéger l’intégrité de ses milieux naturels ». Un objectif de cette politique est d’« identifier les activités présentant un risque de détérioration des milieux naturels et mettre en place des méthodes de travail à faible impact (intégrité des milieux naturels, espèces à statut particulier, espèces exotiques envahissantes). » L’agrandissement du parc industriel Carrefour 40-55 serait donc contraire à la Politique environnementale de la Ville !
Pour toutes ces raisons, Terre précieuse s’oppose à la destruction des milieux humides du Carrefour 40-55.