Le conflit en Ukraine fait naître des questionnements sur les relations internationales du Canada. Dans ce troisième épisode de La tête dans les nuances, l’animateur Robert Aubin s’est entretenu avec Diane Éthier, spécialiste des relations internationales et des processus de démocratisation, Rémi Landry, militaire de carrière et professeur associé à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, et Pierre Guimont, diplomate d’expérience et expert des relations internationales. Ensemble, ils ont discuté de la place qu’occupe le Canada sur l’échiquier international.

Chacun pour soi dans un monde polarisé

Selon Diane Éthier, la plupart des événements internationaux découlent en grande partie d’une rivalité entre deux camps : le camp occidental d’un côté (États-Unis, pays de l’Union européenne, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) et le camp euro-asiatique de l’autre, représenté par la Chine, la Russie, quatre ex-républiques de l’URSS ainsi que le Pakistan, l’Inde et l’Iran.

D’après elle, dans le cas particulier de la guerre en Ukraine, la Russie, isolée et victime de plusieurs sanctions de la part des pays du camp occidental, ne peut pas compter sur ses alliés du camp euro-asiatique. « Dans toutes les alliances internationales, chaque pays membre pense toujours d’abord à ses propres intérêts », précise-t-elle. La politique étrangère de la Chine, par exemple, a comme principe de base la non-ingérence et le respect de la souveraineté des États. Un appui à l’invasion de l’Ukraine par la Russie « irait complètement à l’encontre de ses principes ». Par ailleurs, si la Chine aidait la Russie à contourner les sanctions économiques et politiques des pays occidentaux, elle pourrait subir des représailles américaines.

Les pays de l’OTAN et de l’Union européenne pensent aussi d’abord à leurs propres intérêts. « Ils ont adopté des sanctions, mais ça s’est arrêté là », souligne Diane Éthier. Rémi Landry déplore fermement cette situation : « En n’intervenant pas en Ukraine, on va à l’encontre de toutes les conventions internationales qu’on a mises de l’avant depuis les derniers 50 ans. Le président Biden parle même d’un génocide. »

Les problèmes structurels de la défense

Selon le colonel Landry, le Canada, dans les 30 dernières années, a continuellement restructuré et diminué les capacités des forces armées tout en laissant croire à sa capacité de pleinement coopérer avec ses alliés. Or, « il n’est plus à la hauteur [et] cela va prendre au moins 10 ans pour rattraper le temps perdu, dit-t-il. Présentement, il manque 10 000 hommes entraînés pour faire face aux besoins de la défense et puis [il y a aussi] un manque d’effectif de 5000 personnes ».

Pour Pierre Guimont, il faudrait d’abord que les Forces canadiennes et le ministère de la Défense dépensent les sommes déjà budgétées, ce qui n’est pas le cas. « Il y a des problèmes d’approvisionnement sérieux au gouvernement du Canada, dans le domaine de la défense en particulier. Si on pouvait déjà dépenser les budgets qu’on a, on serait déjà en meilleure position en termes de troupes et de ressources physiques. »

Une politique étrangère déficiente

Diane Éthier estime que la faiblesse de l’influence du Canada sur la scène internationale vient de son absence de politique étrangère. Une position que partage Pierre Guimont, qui, soulevant que la politique étrangère canadienne n’a pas été révisée depuis 2005, se questionne sur la capacité du gouvernement à adopter une politique étrangère cohérente : « Avec la polarisation de la politique canadienne, la démocratie qui bat de l’aile, la montée des populistes, est-ce qu’on sera en mesure de développer une position cohérente ? »

Rémi Landry croit que les partis politiques devraient travailler ensemble et développer une vision à long terme : « Une politique internationale, c’est quelque chose qu’on doit [élaborer] pour les 15 ou 20 prochaines années et qui doit être modifiée chaque année de façon à prendre en considération ce qui se passe sur la scène internationale », énonce-t-il.

Pour Diane Éthier, l’une des clés serait que le Canada cesse de suivre les États-Unis et qu’il s’attarde à élaborer une politique étrangère qui reflète les intérêts du Canada et non pas uniquement ceux des États-Unis.

Tous s’entendent pour dire que les citoyens devraient s’intéresser davantage à ce sujet. « Les gens ne sont pas pleinement conscients de l’affaiblissement du Canada en matière de politique étrangère et de l’affaiblissement des Forces armées canadiennes », constate Rémi Landry. Or, « ce sont des enjeux qui concernent tout le monde », de conclure Pierre Guimont.

La tête dans les nuances est une collaboration de La Gazette de la Mauricie et de NousTV. Pour visionner l’épisode ainsi que les entrevues individuelles de chacun des trois invités, rendez-vous sur la page Web de La tête dans les nuances.

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