Marie-Pier Lemaire, agente de développement culturel à la MRC des Chenaux, juin 2019
Peintre professionnel, Raymond Quenneville a choisi de s’établir en Mauricie pour exercer sa passion. Un projet de retraite attendu dans un lieu des plus inspirants pour l’artiste figuratif renommé pour ses paysages lumineux.
Reconnu comme l’un des quarante plus beaux villages du Québec, Champlain a totalement charmé l’artiste : « Je rêvais d’avoir pignon sur rue le long de la 138. Avec la vue du fleuve en plus, c’est tellement inspirant! » Initiateur du projet artistique Hommage au St-Laurent, il participe à la création d’une collection unique d’œuvres d’art mettant en valeur la beauté et la diversité des paysages qui bordent le majestueux fleuve : « L’objectif est de produire une collection de cent tableaux qui vont représenter le fleuve Saint-Laurent d’un bout à l’autre, de Kingston en Ontario jusqu’en Gaspésie. »
Selon M. Quenneville, il n’y a aucun inconvénient pour les artistes en arts visuels d’habiter en milieu rural : « Avec Internet et les réseaux sociaux, il n’y a plus de désavantages à être en campagne. C’est notre art qui se promène, pas les artistes. » Un des défis auquel il a dû faire face se situe plutôt au niveau de la couleur : « Les peintres d’aujourd’hui sont extrêmement lumineux! À un moment donné, j’étais presque sombre à côté d’eux. Ça m’a motivé à améliorer ma technique. Ce n’était pas évident au début; on passait d’une époque où les peintres n’étaient pas lumineux et le devenaient. La tendance actuelle, c’est les pigments. Les artistes commandent leurs pigments de très loin et paient très cher pour avoir une exclusivité. »

Raymond Quenneville est artiste peintre professionnel. Il a élu domicile à Champlain, un lieu unique pour la création.
Crédits : Dominic Bérubé
Si on se fie aux statistiques de L’Observatoire de la culture et des communications du Québec, vivre de son art représente un réel défi : « En 2010, 20 % des artistes en arts visuels québécois n’ont touché aucun revenu de création, le tiers (36 %) a tiré de la création un revenu inférieur à 5 000 $, 28 %, un revenu de 5 000 $ à 19 999 $ et 16 %, un revenu de 20 000 $ et plus. » Évidemment, le temps investi dans la création et ses à-côtés a une incidence sur les résultats : « Je peins quatre jours par semaine et je mets une journée par semaine pour le côté administratif. J’ai un numéro d’entreprise; il faut que je fasse des bilans de revenus, que je paie mes taxes TPS/TVQ, que je fasse mon rapport d’impôts en plus de mon rapport d’impôts personnel, que je fasse mes contacts de galerie, l’emballage et le shipping de tableaux, prépare les papiers pour les douanes, etc. Je fais un bon 40 heures par semaine; c’est un business, les gens l’oublient souvent. »
Raymond Quenneville est persuadé que Champlain est un village propice aux arts visuels : « Moi je pense que c’est le plus beau village entre Québec et Montréal! Je ne suis pas le seul à le penser, il y a déjà quatre autres artistes professionnels installés ici. Il manquerait encore quelques peintres pour pouvoir en faire une destination artistique, comme dans le vieux Québec ou les débuts de Baie St-Paul. Ça me plairait beaucoup! »
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