Depuis plus de 10 ans, le Réseau des femmes élues de Lanaudière (RFÉL) accompagne les femmes qui occupent des postes décisionnels dans la région. Né d’un besoin de soutien et de solidarité, l’organisme mise sur la formation, le réseautage et l’entraide afin de favoriser une plus grande représentation féminine dans les instances municipales, scolaires, communautaires et politiques. Près de 500 femmes ont déjà bénéficié de ses activités depuis sa création.
La création de ce réseau a découlé d’un besoin du milieu. « Si on revient en 2013, ce n’était vraiment pas évident d’être une femme en politique. Il y avait assez peu de femmes en politique, et même dans les mouvements syndicaux, par exemple », relate Valérie Doyon, vice-présidente du RFÉL et conseillère municipale à Terrebonne.
Une mission d’accompagnement
Cet organisme non partisan a pour mission d’offrir un espace sécuritaire d’échange, de favoriser le réseautage et d’encourager les femmes à s’impliquer dans les différentes sphères politiques, notamment dans les conseils municipaux, les centres de services scolaires, en tant que députées ou encore dans différentes instances syndicales, culturelles, économiques ou communautaires.
Valérie Doyon explique que, parfois, le manque d’engagement féminin en politique vient du fait que les femmes n’ont pas accès à certains postes stratégiques.
Une offre adaptée aux besoins
Au fil des années, l’offre de services du RFÉL s’est peaufinée afin de répondre aux besoins des membres. Le réseau offre entre autres de la formation ainsi que du mentorat. Il organise également des activités afin de favoriser le réseautage, notamment des brunchs ou des 5 à 7. « On se rend compte que, pour que les femmes se rencontrent, ce sont plus des réunions informelles comme ça qui leur conviennent. Elles peuvent donc tisser des liens plus durables », souligne Valérie Doyon.
Membres du conseil d’administration 2024-2025. Photo : Gracieuseté Réseau des femmes élues de Lanaudière.
Briser l’isolement et les injustices
Selon la vice-présidente, « c’est un réseau vraiment précieux. À ma connaissance, il n’y a pas beaucoup d’initiatives de ce genre ailleurs au Québec. Surtout si on considère qu’au Québec près de 39 % des membres des conseilsmunicipaux sont des femmes. »
Elle poursuit en indiquant qu’il est impossible de faire disparaître les injustices systémiques, comme les doubles standards ou le harcèlement, du jour au lendemain. C’est pourquoi le RFÉL mise plutôt sur l’importance pour les femmes élues de se réunir et de tisser un réseau social solide. Basées sur une approche de reprise de pouvoir et de capacités, toutes les rencontres et activités organisées visent à mieux outiller les femmes et à favoriser l’entraide.
En route vers les élections municipales
Cette année, en prévision des élections municipales, le RFÉL met une partie de son énergie à favoriser la parité dans les conseils municipaux. « Dans Lanaudière sud, soit les grandes villes comme Terrebonne et Mascouche, la zone paritaire est plus souvent atteinte. Dans Lanaudière nord, ou dans les plus petites municipalités, c’est peut-être plus difficile. C’est vraiment différent d’une municipalité à une autre, et depuis les dernières élections municipales en 2021, il y a plus de femmes, mais il reste encore du travail à faire », lance Valérie Doyon.
Pour atteindre cet objectif de parité hommes-femmes, le RFÉL sollicite et encourage des femmes à poser leur candidature, interpelle différents conseils et, surtout, organise des réunions informelles afin de présenter les avantages de l’engagement en politique. « On voit beaucoup dans les médias les côtés négatifs pour les femmes de s’impliquer en politique […], mais il y a aussi beaucoup de bons sentiments », note Valérie Doyon. C’est pourquoi le RFÉL a invité des ex-élues à faire part de leurs expériences et de leurs réalisations.
Une charte contre l’intimidation
En 2024, l’organisme a lancé une campagne contre l’intimidation qui comporte trois volets. Dans le premier, le RFÉL a produit une bande dessinée réalisée par l’artiste Jocelyn Jalette et intitulée La première ministre a disparu… et madame Baboune aussi ! Cette œuvre vise à dénoncer des comportements d’intimidation que subissent certaines femmes élues. « Il y a des comportements qui sont parfois difficiles à décrire avec des mots, c’est en partie pour ça qu’on a décidé de se tourner vers la BD », explique Valérie Doyon.
Le deuxième volet consistait en un balado de trois épisodes sur l’intimidation en politique. Enfin, dans le troisième volet, le RFÉL a élaboré une charte contre l’intimidation. Cette charte invite les personnes élues à s’engager, entre autres, à avoir des comportements bienveillants et à intervenir si elles sont témoins d’intimidation. La charte a été adoptée par l’ensemble des Municipalités régionales de comté et par 77 % des Villes lanaudoises. « On sent que nos Villes nous soutiennent », remarque Valérie Doyon.
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