Charles Fontaine – Culture – juillet 2021
Adieu les cons
France. 2020. Comédie dramatique de Albert Dupontel avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié. Albert Dupontel revient, trois ans après Au revoir là-haut, avec un nouvel opus tout aussi déjanté. Il y raconte cette histoire folle d’une coiffeuse, Suze Trappet (Virginie Efira), venue à la sécurité sociale pour retrouver son fils donné en adoption lorsqu’elle était adolescente. Elle y croisera le pathétique Jean-Baptiste Cuchas (Albert Dupontel), un programmeur humilié au travail ayant décidé de mettre fin à ses jours dans le bureau voisin. Son triste projet échoue puisque le coup de carabine fait plutôt exploser les cloisons du bureau, créant ainsi une panique générale. Par ce concours de circonstances, les deux protagonistes se retrouvent liés dans une quête frénétique à la recherche du fils maintenant âgé de 28 ans. Cela les guidera jusqu’aux Archives où un certain M. Blin (Nicolas Marié), complètement aveugle, participera lui aussi aux recherches. Adieu les cons saura plaire aux cinéphiles ayant développé un goût pour le singulier, l’unique. Par son humour décalé et sa cinématographie étonnante, pensons aux filtres de couleurs, aux prises de vues en plongée, aux décors, Albert Dupontel trace à nouveau une ligne entre son cinéma et le cinéma convenu. Son film, dont il signe aussi le scénario, déboule à vive allure et garde un rythme soutenu qui ralentira à l’occasion, le temps de quelques instants poétiques, voire philosophiques. Quelques scènes carrément jouissives supportées par une distribution impeccable rendent bien compte des 7 prix César du cinéma français que le film a remportés en mars dernier.
Beans
Canada. 2020. Drame de Tracey Deer avec Kiawentioo, Paulina Alexis et Rainbow Dickerson. Récit initiatique sur fond de drame social et politique plutôt qu’un film historique, Beans, de la réalisatrice mohawk Tracey Deer, raconte pourtant bel et bien les événements de la crise d’Oka de 1990 au Québec. Or, on y suit avant tout Tekahentahkhwa, une jeune fille de 12 ans que tout le monde surnomme Beans. Comme dans tout bon coming-of-age, c’est le passage de l’innocence de l’enfance à la réalité parfois dure du monde adulte qui sert de locomotive au récit. Ainsi, si Beans espère d’abord être admise dans un collège catholique privé, elle voudra rapidement prendre exemple sur April, une adolescente révoltée et délinquante qui lui montrera à devenir la courageuse guerrière mohawk sachant faire face au racisme que son peuple subit. Fait à noter : les repères chronologiques et les références historiques sont quasiment absents du film. Pour celles et ceux qui ne se souviendraient pas des événements de la crise d’Oka, il faudra faire ses devoirs avant ou après. Raconter autrement ces épisodes disgracieux de l’histoire contemporaine du Québec et du Canada, tel semble être le pari de la réalisatrice Tracey Deer. La réalisation intimiste soutient bien cette proposition et nous fait entendre, de la voix d’actrices et d’acteurs mohawks, une version des faits vue de l’intérieur. Ces procédés narratifs et l’attention portée aux individus et à leurs relations plutôt qu’aux grands épisodes épousent avec justesse l’essence des philosophies traditionnelles autochtones tout en rappelant qu’il reste encore du chemin à faire pour vaincre le racisme. Cinéma de l’île Trois-Rivières. Tous les lundis de juillet et août. Culture Trois-Rivières et Ciné-campus présentent, en partenariat avec l’Île Saint-Quentin, du cinéma en plein air pour toute la famille ! Le cinéma de l’Île revient dans sa formule gratuite, à la belle étoile et tout en distanciation. La programmation vous réserve de belles découvertes et des classiques intemporels à voir ou à revoir. Afin de respecter les normes de la santé publique, il faudra réserver ses places en ligne sur le site de Culture Trois-Rivières (www.cultur3r.com) et respecter les zones d’écoute attitrées.