Agathe Gentili – décembre 2019
Noël pour la clientèle judiciarisée
La Maison Radisson, corporation à but non lucratif située au centre-ville de Trois-Rivières, assure par ses différents programmes la réinsertion sociale des adultes judiciarisés. Le temps des fêtes est une période critique pour les bénéficiaires de ces programmes et leur famille.
On ne sent pas d’effervescence particulière pour le temps des fêtes chez la clientèle de la Maison Radisson. Au contraire, le service de réinsertion par le travail semble rechercher la stabilité pour ses résidents judiciarisés. La corporation intervient auprès des personnes incarcérées en amont de leur libération, mais également auprès des personnes judiciarisées référées par les Services correctionnels du Québec et du Canada. La durée des séjours dans la Maison varie de quelques jours à quelques années, selon les besoins, et les résidents et visiteurs sont tout aussi diversifiés. L’approche communautaire permet de proposer un suivi personnalisé et régulier à cette clientèle stigmatisée. Des hommes et des femmes suivent des programmes d’accompagnement, individualisés ou en groupe, afin de se réinsérer progressivement dans la vie active.
Une communauté présente
Les fêtes c’est avant tout l’occasion de se retrouver en famille, avec des personnes parfois éloignées géographiquement, et surtout de se créer de nouveaux souvenirs qui vont durer toute l’année. Noël, ça se passe souvent dans les maisons familiales, ce qui rend l’isolement encore plus lourd pour les personnes qui n’ont pas cette possibilité. Mais la famille, ce n’est pas seulement des liens de sang, c’est aussi des amitiés et une présence accueillante, sans jugement. Si la situation de chaque personne judiciarisée est unique, sa réinsertion dans la société passe par la communauté qui l’entoure, qu’elle inclue ou non la parenté. C’est ce rôle que jouent les intervenants sociaux.
Une période sensible
Heureusement, Noël se passe en famille pour la grande majorité des bénéficiaires des programmes de la Maison Radisson, et les intervenants prennent soin de ceux qui n’ont pas de famille ou qui en sont séparés, sur décision judiciaire ou à cause de la distance. Des activités sont organisées, une fête de Noël, avec des jeux et de l’animation, et des cadeaux sont distribués aux résidents. Les locaux sont décorés également, mais sans plus. Pas de démesure. Pas d’excès.
La période des fêtes est en effet un moment difficile pour une partie de la clientèle des programmes d’accompagnement. L’isolement pèse sur le moral de ceux qui ne peuvent pas passer cette période en famille et réveille de vieilles blessures.
« Noël, ça ramène aux blessures de base : la famille », souligne Samuel Côté, directeur-adjoint de la Maison Radisson. Le risque de consommation est plus fort pour les clientèles toxicomanes et les pensées suicidaires sont plus fréquentes. Les intervenants assurent donc un suivi plus attentif des résidents durant cette période de vulnérabilité de la clientèle.
Pour ceux qui passent les fêtes en famille, ils vivent l’opportunité de mettre en pratique les apprentissages réalisés pendant les ateliers. Les relations de couple et avec les enfants sont profondément transformées après un séjour dans un établissement de détention et les conséquences d’une incarcération sont ressenties par tous les membres d’une famille.
Le rôle de la collectivité, nous toutes et tous, est de fournir un terrain d’accueil pour la réinsertion des personnes incarcérées, de leur donner une nouvelle chance, afin de contribuer ensemble à améliorer la société actuelle.
Sources :
- Samuel Coté, directeur adjoint de la Maison Radisson
- Site de la Maison Radisson
- Site de la direction générale des services correctionnels du Québec.
Article avec le Sana :
« donner du temps au temps » Don Quichotte. Patience fondamentale pour une intégration réussie.