Le temps des Fêtes est la meilleure période de l’année pour tout le monde, à l’exception de… la planète. Le groupe de défense climatique Zero Waste Canada, dont les bureaux sont en Colombie-Britannique, estime que le gaspillage augmente de 25 % en fin d’année et que, six mois plus tard, seulement 1 % des achats faits à l’occasion des festivités sont encore utilisés. De quoi donner mal au cœur ! Sapin, lumières, décorations, guirlandes, calendrier de l’Avent, cadeaux, emballages, festin… L’impact environnemental des Fêtes n’a pas qu’une seule cause. Cependant, qui dit plusieurs facteurs « coupables » dit aussi plusieurs solutions. Cette année, ajoutons un invité à nos festivités : l’environnement.
Le festin
Le plus gros problème des festins des Fêtes ? Les surplus. Pendant cette période, de 25 % à 45 % de la nourriture est gaspillée, selon Greenpeace. En d’autres mots, on jette les cuisses et les ailes de la dinde à la poubelle.
La première étape d’un festin écolo commence donc avant même d’aller à l’épicerie, et consiste à poser les bonnes questions : combien serons-nous ? qu’est-ce que j’ai déjà à la maison ? combien d’ingrédients dois-je acheter ? que ferai-je avec les surplus si j’ai trop de nourriture ? comment bien conserver les aliments ?
Une liste bien réfléchie, qui prend en compte les aliments qu’on possède déjà et le nombre d’invité-es, peut donner de grands résultats. Il existe même un outil en ligne gratuit pour estimer la quantité de nourriture par invité-e : le Guest-imator proposé par l’organisme Save The Food (en anglais).
La deuxième étape d’un festin responsable passe par la gestion des surplus. La clé : donner une seconde vie aux restes d’aliments, en les partageant avec ses proches, en les donnant à un organisme ou en les transformant en nouveaux mets.
À cette fin, le Guide pour un Noël écoresponsable de Recyc-Québec propose plusieurs idées : le restant de dinde peut se transformer en bouillon, en sandwichs ou en poutine de Noël ; les fruits et légumes se transforment en smoothie, en omelette-déjeuner, en accompagnement ou en soupe vide-frigo.
En cas de doute sur la conservation ou le tri des aliments, l’application québécoise Ça va où?, propulsée par Recyc-Québec, est une vraie mine d’or. Le site J’aime manger pas gaspiller suggère également un guide du frigo qui permet d’optimiser l’organisation de notre réfrigérateur pour mieux conserver les aliments.
Enfin, le choix du menu est une décision politico-environnementale en soi. À Noël comme toute l’année, Greenpeace met l’accent sur l’importance de prioriser une alimentation végé et locale.
Les cadeaux
Un organisme français, l’Agence de la transition écologique, estime qu’environ 300 millions de cadeaux sont donnés chaque année en France, dont 12 millions ne sont pas utilisés et un million vont directement à la poubelle.
L’idée est de repenser collectivement la façon dont nous donnons afin de préserver nos ressources. Un cadeau écoresponsable, c’est un cadeau qui réduit la quantité de nouveaux biens produits et qui favorise les économies locales.
À ce propos, Greenpeace propose le guide Sortez des sentiers battus : le guide des cadeaux écologiques qui rassemble une panoplie d’idées de cadeaux qui feront autant plaisir à leur récipiendaire qu’à la planète. En voici quelques-unes :
- Une activité ou une expérience : billets de spectacles, soirée surprise, certificat-cadeau, etc.
- Un cadeau personnalisé, qu’on fabrique soi-même : lettre, pâtisserie maison, mélange d’épices, plante dans un pot personnalisé, etc.
- Un cadeau de seconde main : vêtement déniché dans une friperie, trouvaille sur Facebook Marketplace, objet qu’on possède déjà, etc.
- Un cadeau utile : une chose dont la personne à qui on l’offre a réellement besoin.
Comme on le voit, un cadeau écoresponsable a plus de chances d’être approprié à la personne qui le reçoit. C’est gagnant-gagnant !
Les emballages
Selon Zero Waste Canada, 540 000 tonnes de papier d’emballage et de sacs-cadeaux sont utilisés chaque année au pays.
Pour réduire cette quantité colossale, Recyc-Québec met l’accent sur les 3R : réduire, réutiliser, recycler. Avant tout, il faut éviter les matériaux non recyclables, comme le papier d’emballage métallisé translucide, les choux et les rubans. En cas de doute sur ce qui va au recyclage, on peut consulter le site Web de Recyc-Québec.
Greenpeace propose plusieurs solutions de rechange, comme de remplacer le papier jetable par le papier des magazines et des journaux ; le ruban en plastique par de la corde ou du ruban en papier ; et les choux par de la verdure naturelle. On peut également penser au furoshiki, une méthode japonaise qui utilise des morceaux de tissus pliés de différentes façons en guise d’emballage.
Le sapin et les décorations
Sapin naturel ou sapin artificiel ? La question provoque toujours le débat.
D’une part, la production de sapins naturels peut provoquer le déplacement d’écosystèmes naturels et représente une monoculture industrielle faisant usage de pesticide, explique Greenpeace. D’autre part, les sapins artificiels sont fabriqués dans des usines outre-mer, ne sont pas recyclables et sont faits de chlorure de polyvinyle, l’un des plastiques les plus polluants pendant toute sa durée de vie.
Le réel enjeu, selon Bill Ulfeder, directeur général de The Nature Conservancy, à New York, se trouve dans l’utilisation que l’on fait des sapins. Un sapin naturel provenant d’une ferme locale et pris en charge après les Fêtes par un programme municipal lui donnant une seconde vie de même qu’un sapin artificiel réutilisé pendant 20 ans sont deux options intéressantes.
En ce qui concerne les décorations, le mot d’ordre est simple : faites-les vous-mêmes ! Pour les guirlandes, on peut penser aux tranches d’oranges déshydratées, aux étoiles de pâte salée ou encore à l’origami. Pour la table, on peut employer des serviettes en tissu et se servir de verdure naturelle comme décoration. Pour l’arbre, on peut fabriquer des étoiles avec des branches ou du carton, ou encore découper des flocons en papier. Les ressources créatives sont infinies !
Les perceptions
Changer nos perceptions fait partie de la solution. Après tout, prioriser un Noël plus écoresponsable équivaut à revenir à l’essentiel de cette fête : une célébration rassembleuse dont le but est de nous permettre de partager du temps de qualité avec nos proches.
Ce ne sont pas des mille et un cadeaux et des décorations dont on se souviendra, mais bien des personnes et de l’ambiance. En changeant nos perceptions, on se consacre entièrement à ce qui compte vraiment.
Choisissons donc de vivre un Noël plus vert pour s’assurer encore plusieurs Noëls blancs.