À l’extrémité est de Trois-Rivières, dans le secteur Saint-Louis-de-France, cinq familles partagent bien plus qu’une adresse. Réunies sous le même toit d’une grande maison rouge réaménagée, elles occupent chacune un logement privé, mais se retrouvent dans un sous-sol commun et dans de nombreux espaces partagés. Piscine, cour arrière, gym, atelier, poulailler : la liste des biens mis en commun ne cesse de s’allonger. Dernier ajout : un vélo-cargo. Offert en prêt pour une durée de deux ans par l’organisme La Cyclerie, ce moyen de transport s’inscrit dans le cadre du projet de vélo-cargo partagé, mis sur pied par l’organisme pour promouvoir la mobilité durable en milieu urbain. Pour nous en parler, trois membres de cette communauté unique ont été rencontrés: Célia Crivellaro Kingbury (C. C. K.) et François Bissonnette (F. B.), nouveaux parents, ainsi qu’Audrey-Anne Beauchamp (A.-A. B.), mère de deux jeunes enfants.
Des motivations et des valeurs
Pourquoi avoir décidé de participer à ce projet ?
F. B. : On croit aux modes de transport alternatifs, on essaie d’utiliser l’auto le moins souvent possible. On est un peu loin du centre-ville, donc habiter ici signifiait ne pas avoir accès à tout à pied. C’était donc une façon pour nous de voir si cette méthode de transport permettait de répondre à nos besoins. Et ça répond à certains besoins. On ne peut pas tout faire avec le vélo-cargo, parce qu’on a un vélo pour 10 adultes, mais ça nous permet quand même de supprimer certains trajets en auto. Maintenant on peut les faire avec le vélo-cargo, et c’est pour ces quelques trajets-là que ça en vaut vraiment la peine, je pense.
Que représente le vélo-cargo pour vous, au-delà du simple mode de transport ?
C. K. : C’est un peu plus qu’un mode de transport, car ça permet de réduire notre dépendance à l’auto, d’être plus actifs physiquement et de profiter aussi de l’extérieur. Tout ça se consolide avec un seul objet.
F. B. : Et c’était déjà aussi une des idées derrière le projet de cohabitation de partager au maximum, et avoir un vélo pour la gang, ça correspond vraiment à ce qu’on cherche.
L’expérience de l’utilisation
Comment le vélo-cargo s’intègre-t-il dans votre quotidien ?
A. B. : Je l’utilise principalement pour aller chercher le plus jeune à la garderie, et parfois pour aller chercher mon plus vieux à l’école. Ça nous a beaucoup dépanné-es, parce qu’on a une seule voiture. Et les enfants aiment beaucoup ça, également.
C. K : En temps régulier, je dirais que je l’utilise une à deux fois par semaine, souvent pour aller faire des commissions ou des épiceries. Et présentement je suis en congé de maternité, mais lorsque j’étais enceinte, je l’utilisais aussi pour aller travailler, étant donné que le vélo est électrique et que je mettais mon énergie à fabriquer un bébé [rire] !
Quelle a été votre première impression en essayant le cargo-vélo ?
A.-A. B. : Euphorique ! C’est vraiment le fun, car ça va quand même assez vite [rire] !
F. B. : Personnellement, ça m’a demandé quelques essais pour bien m’y habituer, mais j’ai beaucoup aimé, car il y a une troisième roue en avant qui apporte beaucoup de stabilité, alors on peut facilement prendre rapidement de la vitesse.
Une anecdote ou un moment marquant ?
A.-A. B. : Moi, au début, à chaque fois que j’allais chercher mon garçon à la garderie, les ami-es étaient dans la cour et se demandaient ce que c’était, et, avec l’éducatrice, tout le monde le touchait et posait des questions. Et maintenant, à chaque fois que j’arrive avec le vélo-cargo, tout le monde nous regarde partir et attend jusqu’à temps de ne plus nous voir. Les ami-es sont émerveillé-es par cette grosse bête-là !
F. B. : Avec un ami, je suis déjà allé faire des commissions à deux, notamment pour acheter un bâton de hockey. Deux gars adultes sur le vélo-cargo, ça aussi ça fait sourire les gens [rire] !
Des impacts concrets
Diriez-vous que le vélo-cargo a changé votre manière de voir la mobilité ?
C.C. K. : Oui, on se rend compte qu’il y a beaucoup de possibilités. On a toujours eu la culture du vélo, mais avant je pouvais me dire que je devais prendre ma voiture parce qu’il fallait que je fasse une grosse épicerie. Maintenant, je peux prendre le vélo-cargo pour les grosses épiceries. C’est donc à la fois un complément de l’auto, mais aussi du vélo standard.
C’est donc adopté par votre communauté ?
Tous et toutes : Oui, totalement !
F. B. : On a même commencé à en discuter, les cinq familles ensemble, pour en acheter un à la fin de l’entente.

Photo : Dominic Bérubé / © La Gazette de la Mauricie et des environs