Lors d’une conférence récente, présentée dans le cadre de la deuxième édition du Rendez-vous de l’entrepreneuriat collectif, la conseillère en économie circulaire chez Environnement Mauricie, Andréa Berroyer, a mis en lumière l’urgence d’un changement de paradigme face à la crise environnementale mondiale. Elle insiste sur la nécessité de repenser le modèle économique actuel, incompatible avec les ressources limitées de la Terre. Selon elle, une transition socio-économique est incontournable, reposant sur des principes comme l’économie circulaire, les énergies renouvelables et la justice sociale.
Les limites planétaires
C’est en 2009, dans la revue Nature, que le chercheur Johan Rockström et son équipe de scientifiques définissent le cadre des limites planétaires. Ces limites représentent en quelque sorte des seuils critiques à ne pas dépasser afin de ne pas nuire à la régulation autonome de la Terre. Lors de la dernière mise à jour, ceux-ci ont identifié neuf limites planétaires. Advenant le scénario ou les neuf limites planétaires seraient franchies, la Terre pourrait basculer dans un état radicalement différent de celui qui a permis le développement de la civilisation humaine. Les conséquences seraient graves, avec des impacts profonds sur la stabilité des écosystèmes, les sociétés humaines, et les capacités de la planète à soutenir la vie. “These boundaries define the safe operating space for humanity with respect to the Earth system and are associated with the planet’s biophysical subsystems or processes.” peut-on lire au début de l’article de 2009.
À ce jour, nous aurions dépassé six des ces neuf limites interconnectées; elles concernent le climat, la perte de la biodiversité, le changement de l’usage des sols (causé par la déforestation), le débalancement du cycle biogéochimique (concernant l’azote et le phosphore), l’introduction de charges polluantes dans l’environnement ainsi que l’utilisation de l’eau douce. Andréa Berroyer explique en conférence que c’est particulièrement dû aux activités humaines et nos modes de consommation, exacerbés depuis la première révolution industrielle.
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Renverser la tendance
Pour y faire face, la conseillère en économie circulaire explique qu’il est impératif de renverser la tendance. Une prise de conscience ainsi qu’une volonté de changement menant à une volonté d’agir auprès de tous est cruciale. Pour y arriver, un changement dans le modèle économique capitaliste est nécessaire. En effet, Andréa Berroyer explique que celui-ci n’est plus compatible avec les ressources naturelles disponibles sur terre. « Nous consommons plus que ce que la terre peut produire» ajoute-t-elle durant sa conférence. D’ailleurs, d’année en année, la date de dépassement des ressources de la terre arrive de plus en plus tôt.
« On propose alors un modèle économique qui se développerait à l’intérieur des limites planétaires » relate Andréa Berroyer. Il s’agit d’un modèle économique toujours basé sur des logiques marchandes, mais qui respecte les ressources limitées de la planète et qui place le bien-être des individus et des communautés au cœur des priorités, tout en favorisant une répartition équitable des richesses et une gouvernance participative. On parle de principes comme l’économie circulaire, l’économie solidaire, l’éducation populaire, les énergies renouvelables; il existe un grand nombre de possibilités. En somme, ce qui est proposé, c’est une transition socio-économique.
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Pour enclencher la transition
Adréa Berroyer propose quatre grands piliers pour activer cette transition. Premièrement, identifier les vulnérabilités des communautés face aux enjeux environnementaux et sociaux. Deuxièmement, comprendre et s’accorder sur les fondements de cette transition pour définir une vision partagée. Troisièmement, développer une posture collective pour renforcer la résilience territoriale et finalement mettre en action des solutions concrètes afin de lutter contre les inégalités environnementales et sociales. Ces axes permettent d’adopter des stratégies collaboratives et innovantes pour construire des modèles durables et inclusifs.