Steven Roy Cullen – Éditorial – septembre 2021
Moins de deux ans après les dernières élections fédérales qui avait vu son parti former un gouvernement minoritaire, Justin Trudeau déclenche à nouveau le processus en vue de retrouver la majorité perdue en 2019.
Y parviendra-t-il? Rien de moins certain si on se fie aux plus récentes projections des sites 338canada.com et tooclosetocall.ca. En effet, en date du 29 août, le scénario réaliste octroie au plus 146 sièges aux Libéraux (136 : Conservateurs, 30 : NPD, 25 : Bloc et 1 : Vert) alors qu’ils ont besoin de 170 sièges pour obtenir la majorité.
Campagne ennuyeuse
Ces projections arrivent tôt et, au moment d’écrire ces lignes, il reste encore une vingtaine de jours de campagne, aussi bien dire une éternité en politique. Rien n’est encore joué. Mais, si la tendance se maintient, on risque fort bien de se retrouver avec un gouvernement minoritaire rouge ou bleu.
À ce jour, les annonces n’ont pas l’envergure nécessaire pour attirer une part importante de l’électorat vers l’une ou l’autre des formations politiques. Aucun projet rassembleur ne semble se dégager des propositions soumises et cela pourrait nuire davantage à la campagne libérale qui porte l’odieux du déclenchement des élections et le poids de six ans au pouvoir. Les Libéraux ont beau nous promettre des nouvelles mesures, ils ne peuvent incarner le changement. Reste donc à savoir si les électeurs et électrices vont vouloir la continuité ou le changement.
Pour qui voter?
Loin de moi l’idée de décourager les citoyens et citoyennes d’aller voter le 20 septembre prochain, alors, à défaut d’avoir une proposition emballante sur la table, sur quelles bases devrions-nous fonder notre choix? Ces bases pouvant varier d’une personne à l’autre, je ne peux que tenter une réponse personnelle.
D’emblée, je tiens à préciser que je n’ai jamais voté stratégiquement hormis une seule fois à regret dans une élection partielle municipale. Je préfère de loin voter en fonction de mes valeurs et des idées qui me rejoignent.
En 2021, je procéderai par élimination. D’abord, je conserverai dans ma liste uniquement les partis dont les principes fondateurs sont compatibles avec mes valeurs. Ensuite, je rejetterai les candidats et candidates dont les parcours ne se portent pas garants de leurs engagements. Enfin, je ferai mon choix final selon les enjeux priorisés par les campagnes locales.
Enjeu de l’urne
En déclenchant des élections hâtives, l’équipe de Justin Trudeau semble vouloir faire de la gestion de la pandémie et la relance post-COVID-19 l’enjeu de l’urne. Du côté de l’équipe d’Erin O’Toole et des Conservateurs, le dévoilement en début de campagne de leur plateforme intitulé le Plan de rétablissement du Canada semble indiquer une volonté similaire. Du côté des Verts, sans surprise, l’environnement et les changements climatiques sont priorisés. C’est moins clair en ce qui concerne le Bloc québécois et le NPD. Les premiers veulent ce qui est bon pour les Québécois tout en proposant en priorité des mesures pour sortir de la pandémie. Les seconds, fidèles à leurs racines, font du coût de la vie et de la réforme économique les premiers enjeux de leur plateforme.
Bien que je me préoccupe des propositions en matière de justice sociale (ex. logement, transferts en santé, etc.), l’urgence climatique sera définitivement mon enjeu de l’urne. Si les projections s’avèrent, un gouvernement libéral ou conservateur n’en fera pas sa priorité.
Contexte minoritaire réconfortant
On devrait néanmoins se réconforter du contexte minoritaire qui, rappelons-le, était déjà en place avant l’élection. En effet, un gouvernement minoritaire doit tisser des alliances avec les partis d’opposition et mettre de l’eau dans son vin. Sans plaire à tout le monde, les compromis découlant des négociations bipartisanes ou multipartisanes se rapprochent davantage de la volonté de la population que les décisions unilatérales des gouvernements majoritaires. On peut ainsi espérer voir naître des compromis qui feront avancer la justice sociale et la cause environnementale.