Nous avons rencontré la pétillante Catherine Leduc au Temps d’une Pinte, juste après un Creative Mornings qui avait rassemblé des créatifs de Trois-Rivières et d’ailleurs. L’atmosphère était propice, donc, à une discussion fertile à propos de son deuxième album, Un bras de distance avec le soleil. Album au son planant, atmosphérique, qui ne rentre dans aucune boîte (à part la Grosse Boîte, sa maison de disques).
« Je ne savais pas exactement quelle serait la couleur de [l’album] avant que les premières chansons commencent à prendre forme. », nous avoue-t-elle d’entrée de jeu. Elle dit privilégier une certaine homogénéité dans la musique qu’elle aime. C’est donc un aspect qu’elle souhaitait appliquer à son album.
À deux, c’est mieux
Ce son particulier, elle l’a découvert par l’expérimentation, d’abord avec Rookie, son premier album solo. Solo, mais pas totalement : son conjoint et bras droit, Matthieu Beaumont, a réalisé avec elle ses deux projets, Rookie et Un bras de distance. Oui, oui, le même conjoint que dans le temps de Tricot Machine, qui s’ennuie peut-être un peu d’être sous les projecteurs — lui qui entame actuellement un doctorat en biologie. « Il aimerait en faire des projets, lui aussi, souligne la chanteuse, il y pense beaucoup. Je l’encourage ; j’aimerais que le prochain projet qu’on sorte, ce ne soit pas le mien, mais le sien. »
In french, please
Les paroles prennent une place importante dans Un bras de distance, des paroles poétiques, portées par une voix sans fard, authentique. Pour elle, écrire en français est une évidence, car l’honnêteté passe par sa langue maternelle. Elle déplore le fait que le milieu n’ait vu que récemment éclore des musiciens qui chantent vraiment en québécois. « J’ai beaucoup ce souci de sincérité, dit-elle. […] Les émotions ne sont pas les mêmes ; quand je te dis quelque chose en québécois, avec des expressions québécoises, ce ne sera jamais la même chose que si je faisais semblant d’utiliser une langue que je ne connais pas. C’est une position qui ne me convient pas du tout. »
Par contre, Catherine Leduc nous parle également de la difficulté d’écrire en français. « Ce n’est pas une langue qui est faite pour être facilement manipulée en musique. Je ne sais pas si c’est parce qu’on est habitués avec la musique en anglais. » Il y a parfois un malaise, dit-elle, lorsqu’elle écrit en français. Étant donné la manière directe avec laquelle les paroles nous rejoignent, certaines lignes semblent parfois détonner, lui font grincer les dents. Un vrai travail de finesse donc que de tricoter des paroles qui collent à la mélodie sans anicroche.
Le « vrai » avant le « parfait »
Il était très important pour elle d’avoir une voix « vraie », sans cabrioles vocales, un peu à la Avec pas d’casque. Elle avoue se présenter sous un jour moins parfait, mais elle sent que sa musique se rend mieux « de toi à moi » quand elle reste à moins d’un bras de distance avec le vrai.