Les Rendez-Vous des Cinémas du Monde sont une réelle célébration de l’art et de la culture qui vise à encourager le développement de l’engagement social et solidaire. Ce festival, piloté par le Comité de Solidarité/Trois-Rivières, s’adresse à tous ceux qui s’intéressent à la manière dont le cinéma peut être utilisé pour soutenir des causes sociales et politiques, ainsi qu’à ceux qui s’intéressent à l’impact que le cinéma peut avoir sur nos vies. Cette 5e édition offre aux participants la chance de découvrir des films documentaires qui mettent en lumière des sujets tels que les droits des femmes, les communautés marginalisées, la lutte contre le racisme, le colonialisme et la discrimination, l’environnement et bien d’autres encore. Les Rendez-Vous des Cinémas du Monde sont une occasion unique de célébrer l’engagement et de réfléchir sur le rôle que le cinéma peut jouer dans la lutte pour un monde plus juste et durable.
Ce cahier spécial des Citoyen.ne.s du monde et de chez nous porte ainsi la voix de jeunes cinéphiles ayant pu visionner certains des films qui seront présentés dans le cadre de la 5e édition des Rendez-Vous des Cinémas du Monde qui aura lieu du 20 au 29 mars prochain.
Comment résumer huit ans d’attente, d’espoir, de déception, de manque et de solidarité en quelques heures? C’est ce que le réalisateur québécois Luc Côté a tenté en documentant le combat interminable mené par la famille de Raif Badawi, blogueur progressiste qui fut arrêté en 2012 pour avoir critiqué l’État saoudien. Sa femme, Ensaf, militante pour les droits humains, et ses trois enfants vivent à Sherbrooke depuis 2013. Ensaf n’a jamais cessé de lutter pour la libération de son mari injustement condamné. Toutefois, en attendant sa présence, la vie continue. Les enfants vieillissent, apprennent à conduire. Chaque minute est un moment de famille perdu.
Le film nous rappelle l’opacité des frontières culturelles et idéologiques qui séparent les pays. D’un côté du globe en 2021, Ensaf appelle Raif le soir des élections fédérales pour lui annoncer le résultat de sa campagne en tant que candidate du Bloc québécois. Au même instant, de l’autre côté du monde, Raif répond au téléphone dans un pays où les femmes ne peuvent même pas voyager sans l’autorisation d’un tuteur masculin. Leurs réalités ne peuvent être plus différentes. La même rupture est ressentie lorsque le père du prisonnier affirme sur un plateau de télévision saoudien que l’organisation Human Rights Watch est l’ennemi des hommes.
En attendant Raif révèle aussi la distorsion des priorités malheureusement trop fréquente entre les citoyens canadiens et les figures politiques qui détiennent le pouvoir. Ce désaccord se manifeste notamment au sujet de la vente de véhicules militaires fabriqués au Canada à l’Arabie Saoudite, un pays dont l’historique est de brutaliser ses citoyens.
La lutte des Badawi est soutenue par les gens solidaires de la ville de Sherbrooke qui se rassemblent chaque vendredi. Leur mobilisation est essentielle pour ce qui compte le plus : ne pas oublier Raif.
Difficile de ne pas être ébranlé devant les images d’une famille si proche de nous qui pleure de joie en apprenant la possibilité d’être réunie avec leur père. Malgré les fausses nouvelles et l’absence d’amélioration, Ensaf symbolise toujours la détermination phénoménale d’une militante résiliente.